La biographie d’objet : une écriture et une méthode critique Entretien de Bérénice Gaillemin et Élise Lehoux avec Thierry Bonnot (original) (raw)

La biographie d’objet : une écriture et une méthode critique. Entretien avec Thierry Bonnot, Images Re-vues, n°15, 2018

Images Re-vues, n°15, 2018

La méthode biographique visant les objets matériels a été popularisée par un article d’Igor Kopytoff en 1986. Elle a pu être utilisée selon différentes modalités, avec plus ou moins de pertinence et parfois en cédant à ce que Pierre Bourdieu a dénoncé comme «l’illusion biographique ». À partir d’un ensemble de cas et de réflexions nées de travaux passés ou en cours, il s’agit dans cet entretien de montrer que la biographie d’objet est avant tout une méthode d’enquête critique, qui ne repose pas seulement sur un récit factice ou idéal-typique, mais qui s’efforce d’approfondir l’analyse de situations concrètes, impliquant les objets comme l’enquêteur lui-même et insistant sur les moments de bascule, les ratés, les bifurcations du parcours des objets étudiés. C’est une méthode nécessairement pluridisciplinaire, qui emprunte à l’anthropologie, à l’histoire et à l’archéologie notamment, pour tenter de penser biographiquement la singularisation et le potentiel d’agentivité des objets en remettant celui-ci en contexte. C’est au bout du compte une écriture des sciences sociales de la culture matérielle, dans toute sa complexité et riche d’un fort pouvoir heuristique. Biographical method applied to material objects is introduced by Igor Kopytoff in his paper, “The cultural biography of things,” published in 1986. Such method arguably can be used with relevance in contemporary critical thought, with caution against falling into what Pierre Bourdieu terms “biographical illusion” (1987).Drawing on myriad prior and current case studies, this interview aims to define the biography of object as a critical enquiry method, not only consisting of an artificial or “ideal typical” story, but also as applied to real situations, involving actual objects and researcher himself, with emphasis on turning points, failures, changes, and career bifurcations of the objects. As a necessarily interdisciplinary method, the biographical method engages anthropology, history and archaeology, bringing biographically singularity and agency of objects into context. As a writing method of material culture’s social sciences, the biographical method possesses a strong heuristic capacity.

L' usage de l’objet dans la pratique autobiographique de Colette Fellous

Voix Plurielles

La présente étude examinera la présence des objets dans deux textes de Collette Fellous, Avenue de France (2001) et Un Amour de frère (2011), afin d’étudier leur rôle dans la pratique autobiographique de l’auteure. Fellous inclut souvent des matériaux extralittéraires dans ses textes. Le lecteur y trouve non seulement des photos de famille, mais aussi des lettres et des documents, ainsi que des images d’objets quotidiens aussi variés que des allumettes, des jouets d’enfant ou des chaussures. Il s’agit donc d’objets rendus visibles, car présents dans le texte sous forme de reproduction photographique. En même temps, son œuvre déborde d’objets invisibles qui sont décrits par le texte, mais qui n’y figurent que sous forme scripturale. Notre étude examinera donc les deux types d’objets, visibles et invisibles, afin de cerner le lien entre la mémoire et ce que Fellous appelle les « accessoires » du passé. Mots-clés : Fellous, autobiographie, photographie, objets, mémoire

Un autre regard sur l'objet : "La question de l’authenticité, relations entre chercheur et objet d’histoire"

Nicolas Baptiste, 2015

A short french note about how authenticity maters between the searcher and his focus of studies, the objects itself. It is actually not easy to establish the true and very genuine origin of an artefact, moreover when it is coming from modern or late collections and have been bought on the market without its pedigree or provenance. The author, with his own experience, participated during his PhD to this very interesting meeting and study seminar at the Savoy University of Chambéry.

L’objet et l’écriture dans Le Planétarium

L’Œuvre et ses miniatures. Les objets autoréflexifs dans la littérature européenne, Luc Fraisse and Eric Wessler eds, Paris, Classiques Garnier, 2018

Cet article se propose d'analyser le statut de l'objet dans Le Planétarium de Nathalie Sarraute. Objet qui permet une double mise en abyme de l'œuvre, représentant l'exacte antithèse de l'écriture sarrautienne, ou au contraire se faisant image fidèle de cette dernière. Autour de lui se nouent de la sorte les interrogations fondamentales du roman, portant sur l'essence du travail de l'écrivain ainsi que sur le lien toujours problématique entre l'œuvre littéraire et le réel.

Les biographies critiques, ou comment faire avec l’auteur (sur deux ouvrages de Michel Schneider)

Tangence, 2011

On connaît le sort que l’histoire a réservé à la critique biographique : condamnée sans appel depuis Proust, elle reposerait sur l’illusion que l’oeuvre « appartient » à son auteur, que l’homme est l’oeuvre. Or, s’il y avait en effet une grande part d’aveuglement dans le travail de Sainte-Beuve, les modernes que nous sommes se sont néanmoins rendu compte, au cours des vingt ou trente dernières années, que l’on était sans doute allé un peu vite en liquidant l’auteur et en installant à sa place une pure « instance scripturaire » tout aussi mythique que l’écrivain lui-même. Tenant pour acquis, avec Alain Brunn, qu’« [é]crire la vie d’un auteur constitue une façon de prendre une décision sur l’oeuvre, de choisir d’enraciner en elle la signification de son texte » (L’auteur, 2001), l’analyste aborde dans cet article deux ouvrages de Michel Schneider, Maman (1999), sur Proust, et Baudelaire, les années profondes (1994), qui constituent ce qu’il appelle des « biographies critiques ». Il ch...

Itinéraire ethnographique d’une doctorante : dialogue autour de la (dé)construction de l’objet de recherche

Cet article rend compte des manières dont la vigilance ethnographique a permis de composer avec les obstacles qu’une doctorante – ethnographe en herbe – a rencontrés dans la construction de son objet de recherche. La réflexion proposée ici s’appuie ainsi sur sa recherche doctorale qui porte sur les processus relationnels mobilisés par des élèves de milieux défavorisés pour « s'en sortir ». La trame narrative prend la forme d’une conversation entre la doctorante et sa codirectrice et permet de retracer les différentes épreuves, hésitations et négociations qui se sont soldées en transformations successives de l’objet ethnographique. Nous montrerons ainsi qu’au fil de rencontres, la vigilance ethnographique permet de se détacher des cadres formels prescrits, théoriques et méthodologiques, et d’exploiter les contraintes du terrain en ressources au profit de la construction ancrée de l’objet.