Quand les enfants parlent l’ordre social. Enquête sur les classements et jugements enfantins [article avec J. Pagis dans Politix, 2012] (original) (raw)

Quand les enfants parlent l'ordre social. Enquête sur les classements et jugements enfantins [avec W. Lignier, dans Politix, 2012]

A quel point les enfants perçoivent-ils le monde qui les entoure comme un ordre social ? À la fin des années 1990, Bernard Zarca s’est penché empiriquement sur cette question du « sens social » des enfants, appréhendé comme une capacité individuelle à hiérarchiser divers métiers. L’enquête que nous avons menée au sein de deux écoles primaires reproduit son expérimentation par tâches autour de classements de métiers, mais dans le cadre d’un dispositif collectif, permettant d’observer la manière dont les classements s’insèrent dans les interactions entre enfants. À l’attention statistique aux produits de la pratique (comment les enfants ont classé) nous avons substitué dans le cadre de cet article une attention ethnographique aux formats de la pratique elle-même (comment les enfants classent). De façon générale, nous mettons l’accent sur le fait qu’il est discutable d’envisager le rapport des enfants à l’ordre social indépendamment : 1) d’une part, des moyens dont disposent les enfants pour l’exprimer ; 2) et d’autre part, de la situation concrète dans laquelle ce rapport s’exprime. Notre enquête suggère ainsi de distinguer les possibilités culturelles de classer, des dispositions et des intérêts à le faire effectivement, dans la mesure où face aux autres, classer signifie toujours se classer, se situer socialement.

L'ordre inégal des choses à hauteur d'enfants (lecture critique de Bernard Lahire (dir.), Enfances de classe. De l'inégalité parmi les enfants, 2019)

Revue française de science politique, 2021

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Enfances de classe : de l’inégalité parmi les enfants

Revue internationale d'éducation de Sèvres, 2019

S'il fallait trouver un autre titre à cet ouvrage, on pourrait l'intituler Premières socialisations enfantines, étude de cas française. En effet, la question qui y est traitée concerne tous les enfants et tous les systèmes éducatifs du monde. Partout sur la planète, les conditions matérielles de logement, d'alimentation, de santé, d'accès aux services, mais aussi la langue parlée dans la famille, les loisirs pratiqués, les objets culturels familiers, les relations sociales constituent de forts déterminants de la socialisation enfantine préscolaire et préélémentaire. 2 Centré sur dix-huit études de cas d'enfants scolarisés en grande section de maternelle en France, cet ouvrage témoigne de la diversité de la population scolaire, en termes de classes sociales, certes, mais aussi d'origine. Parmi les quatre enfants issus des classes populaires dont l'étude de cas est présentée dans l'ouvrage, Libertad est fille de parents rom venus de Roumanie et parlant hongrois, Asham a pour mère une infirmière formée au Sri Lanka, Ilyes un père né en Algérie, comme ses grands-parents maternels. En cela, cet ouvrage collectif parle d'élèves de l'école française, qui sont aussi, dans les classes populaires notamment, des enfants originaires de divers pays du monde.

Globalisations idéologiques et pouvoir d'une catégorie vulnérable : les enfants « de la rue »

Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ère nouvelle, 2006

Cet article essaie de dévoiler comment il est possible qu'une catégorie censée être parmi les-sinon même laplus dépourvue de tout pouvoir social, celle des enfants de la rue, peut s'approprier ouvertement un bien social (en l'occurrence, un territoire d'adulte) dont l'usage n'est, normalement, autorisé que sous surveillance. Les mécanismes d'une telle appropriation sont inférés à partir des données d'observation ethnographique, soumises à une grille interprétative s'appuyant notamment sur deux concepts : globalisation idéologique et enfant-acteur. Deux conséquences sont tirées en fin d'argumentation : (1) Un phénomène comme celui des enfants de la rue peut être «modélisé» dans un cadre