Écriture et échec dans l’œuvre de Diamela Eltit (original) (raw)
Culture et Histoire dans l'Espace Roman Écriture et échec dans l'oeuvre de Diamela Eltit CATHERINE PÉLAGE Université d'Orléans D iamela Eltit a fait son apparition sur la scène publique chilienne durant la dictature d'Augusto Pinochet. Sa démarche s'inscrivait dans les actions menées par le Groupe CADA, Colectivo de Acciones De Arte, qui réunissait, depuis 1979, différents artistes ; ceux-ci, par le biais de ce qu'ils appelaient des « actions d'art » remettaient en cause l'ordre dictatorial. Lors de ses « performances », Diamela Eltit se mettait en scène dans des maisons closes ou des quartiers défavorisés, questionnant, depuis les marges, les discours et la morale officiels. Elle a publié ses premières oeuvres sous la dictature : la violence dictatoriale et la destruction tant individuelle que collective qu'elle a générée est présente dans des romans comme Lumpérica de 1983 ou El cuarto mundo de 1988. Or, malgré l'évolution politique du Chili, l'échec des personnages et de la société reste omniprésent, que ce soit dans El Padre Mío publié en 1989 durant la transition démocratique ou dans Mano de obra, édité en 2002. Cette constante de l'échec malgré un retour à la démocratie est liée, selon la conception de Diamela Eltit, aux séquelles que la dictature a laissées dans la société chilienne. A son avis, la finalité du coup d'État militaire ne fut pas idéologique mais économique. Aussi explique-t-elle : Lo que a veces está un poco soterrado o escondido en el golpe es que fue una alianza entre la derecha económica y los militares. La finalidad del golpe de estado fue restituir los bienes. El golpe es un proyecto económico. Las muertes, la represión, la violencia, el estado de excepción fueron hechos para el capital. En ese sentido, el golpe no es ideológico. El golpe es un proyecto económico (Lazzara 2002 : 122).