Périodiques savants et bibliothèques à Paris au xviii e siècle (original) (raw)

2013, Archives Internationales d'Histoire des Sciences

Les travaux sur les bibliothèques et collections des siècles passés ont longtemps négligé la presse, qu'elle soit savante ou non, privilégiant la quête et l'étude de l'exemplaire précieux car ancien et rare-voire unique-, a priori peu compatible avec l'image traditionnelle du périodique, ou, au contraire, l'analyse de masses thématiques dérivées de la classification des libraires dans lesquelles les périodiques ne trouvaient guère leur place 1. Quant aux études françaises sur la production imprimée, des choix chronologiques et thématiques limitant le champ de recherche à une analyse sérielle et aux conditions économiques de son développement durant les XVI e et XVII e siècles ont abouti à la quasi absence de la presse en tant que telle dans les travaux des pionniers de l'histoire du livre, au milieu du XX e siècle. Les héritiers d'Henri-Jean Martin, dans les domaines de l'histoire de la production (et ce malgré la contribution de Jean Sgard à l'Histoire de l'édition française), de la lecture ou des bibliothèques, n'ont souvent pas su, ou pas voulu, réellement inscrire la presse comme objet de leur étude, sinon à la marge ou dans un contexte plus vaste, s'abritant peut-être derrière une phrase du maître renvoyant " aux histoires de la presse, ceux qui voudraient étudier, dans leur diversité, les périodiques de ce temps " 2. Or, les études directement consacrées à la presse, a fortiori à la presse savante du XVIII e siècle, ont surtout jusqu'ici consisté en des inventaires plus ou moins larges, des études sur tel ou tel journal-savant ou non-, sur leurs rédacteurs et l'implication de ceux-ci dans toutes sortes de réseaux, ou sur les contenus, le plus souvent, d'ailleurs, étudiés par les historiens des sciences en ce qui concerne uniquement leur spécialité. Quant à la diffusion, et plus encore, la réception de cette presse-pourtant constitutives de la communication, qui est le but même des publications savantes-, elles n'apparaissent souvent que de manière parcellaire à travers quelques cas biographiques particuliers. L'étude des bibliothèques du XVIII e siècle, tant publi