Heidegger \ Nietzsche (original) (raw)
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Luther et Heidegger. D'une traduction en question à une phénoménologie du langage et du temps Dans son traité De la liberté du chrétien 1 (1520), et selon une méditation prenant appui sur la langue allemande que nous voudrions rapprocher de celle que suit Heidegger dans le cours « Was heißt denken2 ? » du semestre d'été 1952 autour des mots heißen et denken, Luther donne à réfléchir sur la foi, fides, et le vocabulaire de la théologie médiévale à travers les mots allemands Glaube et glauben3 : « 11. Poursuivons : croire est ainsi fait que celui qui croit un autre le croit parce qu'il le considère comme un homme juste et véridique, ce qui est le plus grand honneur qu'un homme puisse faire à un autre, comme inversement le plus grand outrage est de le considérer comme un homme peu fiable, un menteur sans scrupules… » (De la liberté du chrétien, p. 39) « Zum elften. Weiter ist es mit dem Glauben also getan, daß wer dem andern glaubt, der glaubt ihm darum, daß er ihn für einen frommen, wahrhaftigen Mann achtet, welches die größte Ehre ist, die ein Mensch em anderen tun kann, als wiederum die größte Schmach ist, so er ihn für einen losen, lügenhaftigen, leichtfertigen Mann achtet…» Il est à noter la convergence de Luther et Heidegger-le premier confrontant depuis le latin mais aussi le grec et l'hébreu la langue savante autour de la bible et le Glauben tel qu'il est vécu avec la langue 1 1 De la liberté du chrétien. Préfaces à la Bible. La naissance de l'allemand philosophique, collection « Points bilingues » dirigée par Alain Badiou et Barbara Cassin, traduction, introduction, glossaire et dossier par Philippe Büttgen, Seuil, 1996. 2 Nous nous référerons dans ce qui suit à l'ouvrage Qu'appelle-ton penser ?, traduction de Aloys Becker et Gérard Granel, Paris, PUF, 1959. Cette édition comporte le cours « Was heißt denken ? » tenu à l'Université de Fribourg-en-Brisgau durant le semestre d'hiver 1951-52 ainsi que celui tenu sous le même titre durant le semestre d'été 1952. Nous signalons ici la traduction de ce deuxième cours par la lettre W ainsi que par l'heure qui lui correspond. Par la lettre K, nous donnerons le texte allemand de l'édition Klostermann : Gesamtausgabe, I Abteilung : Veröffentliche Schriften 1910-1976, Band 8, « Was heisst Denken ? », Vittorio Klostermann, Frankfurt am Main, 2002. 3 Dans son glossaire, Philippe Büttgen met en lumière la relation entre le mot Glaube et le verbe glauben qu'il faut avoir à l'esprit à la lecture de ce passage : « Pour illustrer le pouvoir de la foi, le § 11 de La liberté du chrétien propose ainsi, sous le terme unique de Glaube, une anthropologie de la croyance. Pour traduire : « Es ist mit dem Glauben also getan, daß… », on doit recourir au verbe plutôt qu'au nom pour respecter la généralité du propos : « Croire est ainsi fait que… » (p. 131).
Arthur Rimbaud/Franz Kafka/Martin Heidegger
Rimbaud/Kafka/Heidegger, 2020
1- La vie de Rimbaud en Abyssinie a de quoi surprendre. Qu'a-t-il fait de sa voyance? Ce qui se joue là se joue aussi chez Kafka et, avec une autre forme de vie et d'écriture, aussi chez Heidegger. 2- La communauté de pensée entre Kafka et Heidegger, pourtant inédite, est étonnante.
Nietzsche entre Gide et Valéry
2017
Cette intervention a pour objet la réception et l'interprétation de Nietzsche chez deux auteurs qui dominaient la scène littéraire française dans la première moitié du XXe siècle: André Gide (1869-1951) et Paul Valéry (1871-1945). Ces deux écrivains exceptionnelsl'un, futur Prix Nobel, l'autre nominé pas moins de douze fois pour le même Prix et élu membre de l'Académie françaiseétaient au tournant du XXe siècle déjà des porte-étendards de l'avantgarde littéraire en France grâce à leurs premières publications et à leurs activités sur la scène littéraire. Leurs goûts littéraires et leurs préférences culturelles avaient donc inévitablement une portée significative: les deux sont largement reconnus parmi les plus importants représentants de la réception de la Nietzsche, et l'abondance de la critique sur ce sujet reflète ce phénomène. La ressource bibliographique la plus compréhensive, la Weimarer Nietzsche-Bibliographie en ligne, n'énumère pas moins de 32 monographies et articles concernant Gide et Nietzsche, et 19 pour Valéry et Nietzsche (et ce décompte n'est pas exhaustif). 1 Quel est donc le bilan critique en ce qui concerne d'abord Gide et Nietzsche? André Gide "L'admiration de Gide pour Nietzsche est d'abord sans limites" écrit Bernd Oei. 2 Les premiers travaux de Gide en particulier étaient imprégnés de Nietzsche depuis le début des années 1890: les premiers essais critiques de Gide font souvent référence à Nietzsche, et bien que dans ses oeuvres de fiction la dette soit moins notable, elle affleure. Dès son premier-né, Les Cahiers d'André Walter (1891), Gide âgé de 22 ans fait appel à la biographie de Nietzsche, et personnages et thèmes d'inspiration nietzschéenne surviennent dans la plupart de ses oeuvres les plus significatives des années '90 depuis le Voyage d'Urien (1893) jusqu'au Prométhée mal enchaîné (1899). 3 Plusieurs études critiques ont souligné les thèmatiques nietzschéennes (zarathoustriennes) dans Les Nourritures terrestres (1897), même si Gide affirmait ne pas avoir lu Nietzsche avant de rédiger ce roman, 4 et quant à L'Immoraliste (1902), le titre même est suffisamment révélateur d'une influence nietzschéenne. Lucie Delarue-Mardrus, amie personnelle de Gide, a publié un court "Essai sur L'Immoraliste" dans La Revue blanche lors de la première publication du livre, 5 attirant l'attention du public sur l'influence de Nietzsche dans ce roman, et en 1907 Henri Lichtenberger a consacré le premier article universitaire a tracer les thèmes nietzschéens de cet ouvrage. 6 Gide est à l'avant-garde de la réception de Nietzsche en France à cette époque, même s'il reste explicitement ambivalent au sujet de l'apport de Nietzsche, et s'il prend toujours ses distances avec la notion de l'"influence" de Nietzsche sur son oeuvre. 7
Ce texte de François Fédier est diffusé à l'occasion du cent soixantième anniversaire de la naissance de Nietzsche (15 octobre 1844) 2 Nietzsche Ecce Homo (Cours de François Fédier, professé pendant l'année 1977-1978 Le cours tout entier pourrait s'intituler :
Schreiben Dichten Denken, 2011
Der vorliegende Text gibt Einblick in die Freundschaft Martin Heideg gers zum französischen Dichter und Widerstandskämpfer René Char, indem er die Aufmerksamkeit auf Heid eg gers aufrichtiges Interesse für Dichtung und auf Heid eg gers und Chars gemeinsame Auffassung derselben richtet. Dazu untersucht der Beitrag zunächst die Entwicklung der Beziehung zwischen den beiden Männern anhand einer Übersicht der Schriften, die sie einander widmeten. Danach wird reflektiert, in welchem Maße für den Philosophen im Zentrum seines Denkens die Dichtung stand, in der er das Wesen der Sprache auf ausgezeichnete Weise verortete. Abschließend werden einige Gedichte René Chars interpretiert, um aufzuzeigen, dass analoge Fragen und Begriffe in beiden Werken auf die philosophisch begründete Übereinstimmung von Heid eg ger und Char hinweisen. This text seeks to clarify the nature of Martin Heid eg ger's friendship with the French poet and Resistance fighter René Char by focusing on the German's genuine interest in Char's work and on their shared views on poetry. To define the relationship between the two men, it first examines the evolution of their friendship and provides a bibliography of the writings which each dedicated to the other. It then recalls the value which Heid eg ger recognised in poetry, considering it to be the only place where language (Sprache) shows itself in its essence. Finally, it comments on some of Char's poems and shows that the recurrence of the same questions (and, indeed, the same terminology) in their respective works is indicative of a philosophic consistency which they shared.
Autour de Nietzsche, Heidegger et Lou Salomé
L'Homme et la société, 2001
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Ce qui est grand commence grand, ne se maintient dans sa persistance que par un libre retour de la grandeur, et, si c'est grand, finit aussi dans la grandeur. Il en est ainsi de la philosophie des Grecs. Elle a fini dans la grandeur avec Aristote. Seul le sens commun et l'homme médiocre s'imaginent que ce qui est grand devrait durer indéfiniment, et en outre identifient cette durée avec l'éternel.
„Il est l’inaccessible, il est l’inévitable”, dit le poète en parlant de Dieu. Faute de s’incliner devant le Dieu inaccessible, Nietzsche se brisa contre le Dieu inévitable. Toutes les questions qu’il a soulevées, tous les enseignements qu’il a répandus – critique des faux idéaux, dépassement de la morale, surhumain, amor fati, vertu qui donne, etc. – se nouent autour du même centre et appellent la même réponse : Dieu. Et peu nous importe qu’il ne prononce ce nom de Dieu que pour le nier puisqu’il ne nous laisse le choix qu’entre lui et le néant… Son drame essentiel réside précisément dans cette imitation de Dieu, non plus pour s’unir, mais pour se substituer à lui, dans cette prière résorbée et qui devient blasphème (car on prend toujours au sérieux l’adversaire qu’on défie à mort)… Mais Nietzsche n’est pas Dieu et la prédication de Zarathoustra n’est pas l’Évangile… La folie couronne et scelle sa destinée : elle est son ultime et son plus loyal témoignage au chaos qu’il portait en lui, et comme il l’a chanté lui-même au seuil des ténèbres, „sa septième, sa dernière solitude”. Le secret de cette folie est condensé dans ses mots: ma pensée est trop voisine encore de la pensée. Donc, au delà ! – Et ce fut la chute, non pas dans l’unité de la lumière, mais dans la confusion de la nuit. La courbe du subjectivisme s’accomplit avec une loyauté souveraine : Zarathoustra vécut son déclin…
Je ne me soucie d'un philosophe qu'autant qu'il est capable de donner un exemple. Que par l'exemple il puisse tirer après lui des peuples tout entiers, il n'y a à cela aucun doute ; l'histoire de l'Inde, qui est presque l'histoire de la philosophie hindoue, le démontre. Mais l'exemple doit être donné par la vie apparente et non point seulement par les livres, c'est-à-dire de la façon dont enseignaient les philosophes de la Grèce, par la mine, l'attitude, le costume, la nourriture, les moeurs, plus que par la parole ou même les écrits. Combien de choses nous font encore défaut en Allemagne pour arriver à cette courageuse visibilité d'une vie philosophique ? C'est peu à peu seulement que chez nous les corps se délivrent, quand les esprits paraissent déjà délivrés depuis longtemps ; et pourtant c'est une illusion de croire qu'un esprit est libre et indépendant, cette indépendance sans limites une fois réalisée -et qui n'est au fond que la limitation volontaire du créateur -n'est pas, démontrée à nouveau par chaque regard, à chaque pas, du matin au soir. Kant s'accrocha à l'Université, se soumit au Gouvernement, conserva l'apparence d'une foi religieuse, supporta de vivre parmi des collègues et des étudiants. Il est donc naturel que son exemple engendra surtout des professeurs d'Université et une philosophie de professeurs. Schopenhauer ne s'embarrasse pas des castes sa vantes, il se sépare et aspire à être indépendant de l'Etat et de la Société. C'est là un exemple qu'il nous donne, un modèle qu'il nous propose d'imiter, si nous voulons prendre ici, comme point de départ, des circonstances extérieures. Mais beaucoup de degrés dans la libération de la vie philosophique sont encore inconnus parmi les Allemands et ne pourront pas le rester toujours.