Michel Tarpin, Vici, compita et "plèbe" à Rome : rhétoriques, société et topographie, in D. Nelis, M. Royo (éd.), Lire la ville. Fragments d'une archéologie littéraire de Rome antique, Bordeaux, Ausonius, 2014, 41-64. (original) (raw)
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Lorsque l'on s'intéresse à la topographie, à l'architecture et aux monuments d'une ville antique comme ceux de la Rome impériale, une cité palimpseste que chacun des empereurs a marquée à sa manière de son empreinte, on se doit de prendre en compte, dans la mesure du possible, les différents composants relatifs au contexte dans lequel les édifices ont été conçus et perçus par les Romains. Durant la période charnière que représente l'époque augustéenne, on observe un phénomène d'une intensité jusque-là inédite qui, exalté par l'exercice d'un pouvoir impérial mis en place par le princeps, a largement contribué à transformer la topographie de l'Vrbs. Parallèlement à l'oeuvre de reconstruction de la Ville par Auguste se développe l'utilisation massive de l'épigraphie, dans un processus que Géza Alföldy a caractérisé comme une sorte de furor epigraphicus, et qui marque la création d'une véritable culture épigraphique 2 . Cette profusion d'inscriptions monumentales qui commencèrent à se déployer dans la ville de Rome durant la période augustéenne a aussi largement contribué à la transformation du paysage visuel. L'épigraphie monumentale de la Rome augustéenne représente l'un des éléments les plus remarquables de la révolution culturelle instaurée sous l'instigation du prince et constitue en quelque sorte l'un des composants d'un discours impérial qui s'affiche dans le paysage urbain contemporain et qui se présente aussi comme un vecteur de mémoire pour la postérité 3 . Elle va du reste servir de modèle aux inscriptions commémorant les divers efforts de reconstruction, et notamment ceux qui furent menés sous l'autorité papale, à partir du début du xv e s., une période qui coïncide précisément avec les premiers relevés des inscriptions de la Ville 4 . Un bâtiment, ou un monument au sens large du terme, est en effet un signifiant, un porteur de sens dans le cadre d'un message qu'il véhicule, mais qui le dépasse aussi, puisqu'il est basé sur d'autres formes d'expression artistique. Sa forme, son type d'architecture, son décor iconographique, le lieu où il est érigé, les autres monuments ou bâtiments qui l'entourent, ou même ceux qui ont été détruits sur l'emplacement qui lui est désormais affecté, tout cela constitue un ensemble d'éléments qui entrent dans sa composition. En outre, à travers l'épigraphie monumentale,
Loin des clichés qui ont longtemps été associés à la plèbe urbaine de Rome, cet ouvrage vise à en reconstituer la composition, le rôle et l’imaginaire social, de l’époque des Gracques à celle de Domitien. Il reformule l’histoire de ce groupe dans un cadre nouveau, en recourant notamment à la sociologie et au concept de culture, afin de mettre en évidence l’existence d’un monde qui lui aurait été propre, un monde dont nous percevons des traces tangibles dans des domaines aussi divers que le rapport au métier, à l’espace urbain ou à la politique, mais qu’il convenait d’interroger sous l’angle de sa cohérence, condition essentielle pour parler de culture : existait-il une combinaison de comportements qui aurait permis à cette plèbe de se concevoir comme un ensemble à part entière ? Autrement dit, avait-elle conscience d’elle-même ? La réponse est à chercher du côté de la stabilité démographique et de l’unité socio-spatiale conférées par la mégapole à la population millionnaire d’une capitale d’empire dont les conditions de vie n’étaient sans doute pas celles de la « ville-tombeau » souvent décrite. Elle n’était pas un Lumpenproletariat, l’oreille tendue aux rumeurs de soulèvement, mais un élément stable de la société romaine, composé de strates profondément ancrées dans l’espace urbain, de couches moyennes disposant de quelques biens qui permettaient à leurs détenteurs de se reconnaître dans la cité et ses institutions. Ainsi, la plèbe avait une conscience politique et savait se faire entendre des gouvernants. Elle n’en était pas pour autant monolithique. Bien au contraire, elle était divisée en sous-groupes qui, à l’instar de la plebs media, la structuraient en autant de systèmes d’appartenance à la fois verticaux et horizontaux. Une identité complexe aux facettes multiples.
e siècle av. J.-C. -fin du I er siècle ap. J.-C.), Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, 353, Rome, 2014, 1031 p.
Je pense qu'il y a pour tout homme, comme pour tous les gens des municipes, deux patries : une patrie de nature, une patrie de citoyenneté. Ainsi, comme Caton, qui, bien que né à Tusculum, a été admis dans la cité du peuple romain, et qui, Tusculan de par son origine, Romain par sa citoyenneté, possédait une patrie géographique et une patrie de droit (-) de même, nous, nous considérons comme patrie celle où nous sommes nés aussi bien que celle qui nous a accueillis. Mais il est nécessaire que celle-là l'emporte dans notre affection par laquelle le nom de "république" est le bien commun de la cité entière. C'est pour elle que nous devons mourir; c'est à elle qu'il faut nous donner tout entiers, en elle qu'il faut déposer et pour ainsi dire sanctifier tout ce qui nous accueillis..." 1 .
Le texte de Tite-Live constitue, pour les périodes où il est conservé, la principale source littéraire sur les monuments publics -religieux et profanes -de la Rome républicaine. Dans le cadre du présent colloque, mettant en relation ce texte avec la topographie de l'Vrbs, nous proposons une triple démarche 1 . Nous chercherons tout d'abord à percevoir quels sont les choix littéraires opérés par Tite-Live lorsque celui-ci écrit sur les monuments de Rome. En d'autres termes, quel regard pose-t-il sur ces monuments et quel rôle leur fait-il jouer dans le cadre de son récit historique, inscrit dans la tradition annalistique 2 ? Ensuite, sur un plan plus historiographique, nous nous emploierons à décrire les principes et la méthode de notre auteur dans ce domaine, en visant à identifier les types de sources (pas forcément les sources précises) auxquelles sa documentation remonte. Enfin, dans une démarche plus proprement historique, nous tenterons de comprendre, dans certains cas du moins, comment Tite-Live utilise ces sources en respectant -ou non -leur style et leur formulation respectifs, démarche qui peut, dans certains cas, constituer une pierre de touche de la validité historique des faits décrits.
2009
This paper aims to show the urban origin of the Roman vici, and to explore the supposed link between vici and compita / compitalia
Histoire urbaine, 2014
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2020
Sommaire complet : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03126043v1 /// Résumé (quatrième de couverture) : La Normandie se distingue parmi l’un des plus riches territoires du nord de la France dotés de vestiges d’époque romaine. Au cœur de la forêt d’Eu, des fouilles entamées en 2006 par le Service régional d’archéologie de Normandie révèlent au rythme des investigations les secrets d’une agglomération. Depuis leur redécouverte à la fin du XVIIIe siècle, les vestiges situés au lieu-dit du Bois-l’Abbé (Eu, Seine-Maritime) n’ont cessé de passionner curieux, érudits et chercheurs. Ceux-ci y ont d’ailleurs entrepris des fouilles ponctuelles jusqu’au début du XXIe siècle, principalement sur deux monuments interprétés jusqu’alors comme ceux d’un grand lieu de culte. Les recherches très actives poursuivies depuis une quinzaine d’années documentent désormais la naissance et le développement d’une ville antique aux origines gauloises, située au nord-ouest de l’Empire romain. Cette ville, longtemps oubliée sous le couvert forestier, s’appelait... Briga. /// Citation : MANTEL, PARÉTIAS, MARLIN (dir.) 2020 : Étienne MANTEL, Jonas PARÉTIAS et Laurence MARLIN (dir.), Briga : aux confins septentrionaux de l’Empire, une ville romaine se révèle, Catalogue de l’exposition « Quand la Normandie était romaine. Briga, une ville retrouvée » organisée au Musée des Antiquités Rouen Métropole, 26 décembre 2020 – 20 juin 2021 / Chapelle du collège des Jésuites d’Eu, 24 juillet 2021 – 31 octobre 2021, Milan, Silvana Editoriale, 2020, 224 pages, 210 figures.