Ethnographier les silences de la violence (original) (raw)
Related papers
Ethnographier l’intime, les silences et les situations de violences
Parcours anthropologiques, 2016
Au travers de terrains dans les milieux de la prostitution, dans des situations de guerres et « d’encampements » (Agier, 2008), à propos de sorcellerie ou encore d’avortements clandestins, les auteurs réunis dans ce numéro interrogent les possibilités d’une ethnographie de l’intime, des silences et des situations de violences ainsi que la place des émotions dans l’élaboration des connaissances
Vers une anthropologie du silence
Vers une anthropologie du silence, 2019
Résumé La torture doit permettre à l'anthropologue de penser une anthropologie du silence. D'analyser ce que cette perspective épistémologique du silence informe à l'endroit de ses modèles et des opérations formatrices de son objet. Ce qu'elle interroge 1) de l'échange sur le terrain, 2) de la schématisation descriptive, 3) de la connaissance empirique et référentielle, 4) de l'interprétation et 5) de la modélisation. Abstract Torture must allow the anthropologist to think anthropology of silence. To analyze this epistemological perspective that informs the silence in the place of his models and forming operations of its purpose. She asks 1) the exchange field, 2) the descriptive mapping, 3) empirical knowledge referential, 4) interpretation and 5) modeling.
Violence, silence et oubli. Imaginaire contemporain de la violence
Tabuleiro De Letras, 2013
Le spectacle contemporain de la violence participe d'un imaginaire de la fin et d'une pensée de la crise. Il est le symptôme d'une profonde insécurité face au monde et à ses significations. La répétition des scènes de violence qui caractérisent notre époque est une façon de réaffirmer sans cesse l'illisibilité du monde. Pour rendre compte de ce traitement contemporain de la violence, je vais m'arrêter à une figure emblématique de la violence et de ses ressorts à notre époque: celle du tueur. Je m'arrêterai plus spécifiquement sur la figure du tueur en série. Cette figure fascine l'imagination contemporaine. On ne compte plus, depuis les années 80, les fictions littéraires et cinématographiques qui mettent en scène des psychopathes. Or, cette fétichisation découle d'une fascination pour une violence démesurée et incontrôlable. Pour étudier cette figure, j'analyserai le roman Zombi, de Joyce Carol Oates, paru en 1995. Ce texte met en scène, de façon à peine voilée, un personnage historique : Jeffrey Dahmer, tueur en série américain décédé en novembre 1994. Cet exemple me permettra d'expliciter certains aspects de notre rapport à la violence.
Cahiers de praxématique, 1994
Monsieur le Gouverneur Général, Mes chers compatriotes, C'est avec fierté que je prends aujourd'hui la parole devant vous, dans la capitale de nos territoires d'Outre-mer, donnés à la souveraineté belge par le génie de Léopold II. Je suis heureux de venir apprécier moi-même la grande oeuvre qui, depuis trois quarts de siècle et malgré des difficultés sans nombre, se poursuit sur cette terre d'Afrique. Je rends hommage à tous ceux qui en sont artisans : officiers et soldats de la Force publique et des troupes métropolitaines, fonctionnaires et magistrats, savants, techniciens et industriels ; missionnaires enfin qui, au coeur du continent noir, ont apporté les bienfaits de la civilisation chrétienne, ciment solide entre la Belgique d'Afrique et la Belgique d'Europe. Ensemble, ils ont transformé moralement et matériellement ces vastes régions de l'Afrique centrale où sévissaient la maladie, l'insécurité et souvent la misère. Hélas, il n'est pas donné à chacun d'assister au couronnement de ses efforts : j'adresse une pensée émue et reconnaissante aux pionniers des heures difficiles tombés dans l'accomplissement de leur tâche. Vous avez, Monsieur le Gouverneur Général, rappelé l'action de la dynastie dans l'oeuvre civilisatrice de la Belgique. J'y suis très sensible. Avec sa vision
Faire taire les silences du corps noir
Présence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, 2006
Faire taire les silences du corps noir Résumé : la présente analyse est une exploration de la mise en spectacle du corps noir. La surexploitation du corps noir, des soutes des négriers aux boudoirs de la prostitution, des plateformes des zoos humains à la télé-compassion des cirques humanitaires, écrit l'histoire d'un long silence. le corps-esclave, colonisé ou prostitué souffre aussi la mutilation de sa voix. la prise de parole anti-esclavagiste ou anticolonialiste signale également la rupture de ce silence. corps noir, corps-esclave, lynchage, mise en spectacle du corps, violence introduction F aire taire les silences du corps est une pédagogie qui postulerait comme impératif de mise en relation que le monologue dévastateur qui forme la trame de silence des aventures de domination soit remis en cause au profit d'une polyphonie des voix fondée sur la restauration des voix brisées, des corps privés de leur voix sur la scène du monde. la poétique forcée, qu'édouard glissant appelle aussi contre-poétique, est « mise en acte par une collectivité dont l'expression ne peut jaillir directement, ne peut provenir d'un exercice autonome du corps social » (Glissant, 1981b : 7). l'exemple de la parole du conteur, du discours oral traditionnel illustre les contraintes d'une telle poétique. le corps-esclave, pris dans les chaînes du collier de la servitude, ne peut supposer ou supporter une parole de manière libre. La poétique du discours oral, dans l'univers de la plantation, est ainsi contrainte : le corps aliéné de l'esclave, au temps du système servile, est en effet privé, comme pour l'évider entièrement, de la parole. S'exprimer est non seulement interdit, mais comme impossible à envisager. Jusque dans la fonction de reproduction, l'esclave est hors de lui-même. Il reproduit, mais c'est pour le maître. Toute jouissance est muette, c'est-à-dire déjouée, altérée, niée. dans un tel contexte, l'expression est précaution, réticence, chuchotement, trames brin à brin dans la nuit noués. (ibid. : 8).