Le dernier voyage des migrants mexicains. Ethnographie du retour des défunts (original) (raw)

Sur les traces des disparus au Mexique (Ethnologie française)

Ethnologie française, 2020

https://www-cairn-info.inshs.bib.cnrs.fr/revue-ethnologie-francaise-2020-2-page-345.htm https://doi.org/10.3917/ethn.202.0345 Résumé Le Mexique connaît depuis douze ans des violences extrêmes et massives modifiant en profondeur le traitement politique, culturel et social des disparus et des morts en masse. Devenue récemment une priorité dans l’agenda politique, la disparition, forcée ou non, reste une énigme pour les vivants hantés par l’incertitude et les fantômes. Face à l’inaction de l’État, les familles des victimes font « justice par elles-mêmes » et conjurent cette malemort par deux principales actions : « lire la terre » pour en faire émerger des fosses clandestines et « lire le cadavre » pour rendre une identité à ces morts qui dérangent. À partir d’une description ethnographique d’un dimanche de recherche de fosses clandestines menées en 2016 avec des familles du collectif « Les autres disparus » à Iguala, dans l’État du Guerrero, cet article démontre à quel point suivre les traces des disparus signifie davantage que mener de simples fouilles : les recherches de fosses clandestines concentrent l’opération de restauration d’un ordre matériel et symbolique face au puzzle macabre laissé par les violences politiques et criminelles. Elles constituent de nouveaux rituels modernes et réintroduisent du sens et du sacré là où les traces des crimes sont camouflées. Mots-clés : Mexique. Disparitions. Traces. Fosses clandestines. Cadavres. Resumen Tras las huellas de los desaparecidos en México México conoce desde hace doce años violencias extremas y masivas que modifican profundamente el tratamiento político, cultural y social de los desaparecidos y de los muertos en masa. Recientemente se ha dado preferencia a la desaparición en la agenda política, forzada o no, la cual resulta un enigma para los vivos atormentados por la incertidumbre y los fantasmas. Frente a la inacción del Estado, las familias de las victimas hacen « justicia por si´ mismas » y conjuran esta mala muerte por dos acciones principales: « leer la tierra » para hacer surgir fosas clandestinas y « leer el cadáver » para devolver una identidad a esos muertos que molestan. basándose en una descripción etnográfica de un domingo de búsqueda de fosas clandestinas en 2016 por familias del colectivo : « Los Otros Desaparecidos » en Iguala, en el Estado de Guerrero, este articulo muestra hasta qué punto seguir las huellas de los desaparecidos significa mucho más que hacer simples excavaciones : las búsquedas de fosas clandestinas concentran la operación de restauración de un orden material y simbólico frente al rompecabeza macabro dejado por las violencias políticas y criminales. Estas constituyen nuevos rituales modernos y reintroducen el sentido y lo sagrado donde las huellas de los crímenes son ocultadas. Palabras clave: México. Desapariciones. Huellas. Fosas clandestinas. Cadáveres. Abstract On the trail of Mexico’s missing persons For the past 12 years, Mexico has experienced extreme and massive violence that has profoundly changed the political, cultural and social treatment of the disappeared and mass deaths. Having recently become a priority on the political agenda, forced and voluntary disappearance remains a mystery for the living, haunted by uncertainty and ghosts of the missing. Faced with the State’s inaction, the families of the victims take “justice into their own hands” and ward off these tragic deaths in two principal ways: by “reading the earth” in order to locate clandestine graves and “reading the corpse” to identify the victims of these disturbing deaths. Based on an ethnographic description of a Sunday search for clandestine graves carried out in 2016 with families from the “Disappeared Others” collective in Iguala, Guerrero, this article shows how following the traces of the disappeared involves much more than simply excavating: inherent in the search for clandestine graves is the restoring of a material and symbolic order in the face of the macabre puzzle left by political and criminal violence. As such, it represents a new ritual, reintroducing meaning and sacredness to those areas where the traces of crime have been camouflaged. Keywords: Mexico. Disappearances. Traces. Clandestine graves. Corpses.

Les traces des absences et des retours: Les empreintes de la migration sur le pasayge religieux mexicain.

Les traces des absences et des retours: Les empreintes de la migration sur le pasayge religieux mexicain. La relation entre religion et migration a été principalement abordée à partir de la perspective des sociétés « d’ accueil ». Que ce soit en s’attachant aux religions transnacionales observables dans les grandes métropoles multiculturelles, ou bien en analysant la capacité des immigrants à adapter leur pratique religieuse dans un nouveau cadre de vie, l’accent est mis sur les lieux d’arrivée, laissant en deuxième terme l’examen des conséquences des réseaux migratoires transnationaux dans les pays d’origine. À partir des sources statistiques disponibles et du travail ethnographique réalisé dans le champ migratoire Mexique/États-Unis, cet article s’interroge sur les conséquences de l’intensification des flux migratoires dans le paysage religieux mexicain. Nous faisons l’hypothèse que l’empreinte de la migration peut être observée au moins sur trois registres : la relation entre les réseaux migratoires et l’accélération du processus de pluralisation religieuse, l’importance de la pratique religieuse dans la réorganisation de l’espace de vie des migrants – lieux d’accueil, d’arrivée et de circulation-, et finalement la transformation dans la perception de la diversité religieuse et des attitudes de tolérance ou d’intolérance religieuse. *Mots-clés : religions transnatinales- Mexique- États-Unis- catholicisme- pluralisation religieuse- conversion religieuse- intolérance religieuse- Saints patrons.

Regards croisés sur l’histoire migratoire et familiale de plusieurs générations de mexicains

Migrations Société, 2014

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Les traces des absences et des retours : les empreintes de la migration sur le paysage religieux mexicain

Autrepart, 2010

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Revenir sur ses pas. Le pèlerinage à Chalma (Mexique) et l’intégration d’un ethnologue « porteur »

La plupart des études ethnologiques du pèlerinage se focalisent sur le point de vue des dévots qui font le parcours pour aller à la rencontre d’un saint, d’un dieu, etc. Or, à Milpa Alta, c’est la Vierge sous la forme d’une statue qui est supposée faire le pèlerinage en allant à la rencontre du Seigneur de Chalma. Pour essayer de saisir la logique des comportements dans l’espace et dans le social, j’ai participé à trois reprises au pèlerinage et j’ai réalisé un film. Ces moments précis de l’enquête ont contribué à définir mon expérience ethnographique et notamment mon intégration dans le village. En effet, lors des entretiens, mes interlocuteurs parlaient du pèlerinage comme d’une activité qui n’est pas transmissible par la description verbalisée mais uniquement par la réalisation concrète du parcours pèlerin. Autrement dit, pour comprendre certaines séquences rituelles du pèlerinage, il fallait y participer personnellement. Je reviens ici sur les étapes de mon intégration qui ont permis que j’accède au déploiement de la hiérarchie sociale, au rapport entre les vivants et les morts, au mouvement structurel qui anime le village de Milpa Alta vers l’extérieur.

Vivants et morts dans les migrations mexicaines

2009

Chez les migrants, le choix de l'emplacement de la sepulture pose question dans la mesure ou il rompt avec la multi-territorialisation et la circulation en sedentarisant a jamais le defunt et en le rattachant a une partie de sa lignee. Cette irrevocabilite de la sedentarisation et de l'identite sociale post-mortem tranche donc, apparemment, avec les complexes et subtiles identifications des vivants. Cependant, ce n'est la qu'un aspect du systeme global qui regit les vivants et les morts, ou que se situent les residences des premiers et les sepultures des seconds. Cet article postule qu'il convient en effet de considerer les pratiques et rites relatifs aux defunts comme un ensemble et de penser leur articulation au sein d'un systeme fonctionnant dans un espace social domine par une mobilite generalisee : il est structure par cette mobilite autant qu'il la structure.

La circulation facilitée des migrants défunts. Réflexions à partir de la frontière mexicano-étatsunienne

Diversité urbaine

Cet article postule que les politiques nationales et supranationales facilitent la mobilité des migrants défunts alors qu’elles contraignent et limitent de plus en plus la mobilité des migrants vivants, surtout quand ils sont malades, marginaux ou originaires de pays pauvres. Cette hypothèse est défendue à partir de deux cas mexicains-étatsuniens en montrant : a) qu’une fois décédés, migrants et marginaux, placés en dehors de l’ensemble des citoyens de leur vivant, sont autorisés par les États à le réintégrer ; b) que, si les États se fondent sur les lois en vigueur pour la circulation des vivants, lorsqu’il s’agit de celle des morts, ils s’appuient sur des valeurs universelles qui rendent légitime l’appartenance des défunts à une communauté nationale plus large.

L’exil et la fuite : un aller-retour générationnel entre l’Espagne et le Mexique dans Méjico, d’Antonio Ortuño

Figures de l'errance et du labyrinthe. Le mythe revisité, 2022

Dans son roman Méjico (2015) l'écrivain mexicain Antonio Ortuño établit un pont générationnel qui relie la Guerre Civile espagnole et le Mexique de la fin du XXe siècle. Il suit la trace d’une famille vivant entre le Mexique et l’Espagne, à travers deux voyages où la vengeance apparaît comme motivation personnelle. Ces voyages se déroulent dans des contextes différents : d’abord l'exil républicain, ensuite la fuite de la violence et de la corruption du Mexique contemporain. Cet article propose une réflexion sur l’exil, entendu comme voyage de non-retour ; et sur la fuite, comprise comme un temps initiatique pour préparer le retour et affronter ses dangers. Cet aller-retour différé permet également de montrer un autre visage du déracinement, celui des descendants des exilés qui se retrouvent dans l’ancienne patrie natale et qui, à leur tour, sont loin de leur propre pays.

L’expérience du deuil chez les migrants centraméricains en transit au Mexique

Diversité urbaine

Le Mexique est un point de passage obligé pour les migrants centraméricains en situation irrégulière qui tentent d’atteindre les États-Unis. En intégrant des contributions de la psychologie sociale et de la sociologie, notre étude exploratoire se concentre sur un sous-groupe extrêmement vulnérable de cette population. Nous avons mené dix entretiens en profondeur avec des migrants qui ont vécu le deuil d’un être cher du premier cercle familial pendant leur transit au Mexique. Après avoir analysé leurs stratégies d’adaptation au deuil et l’importance des réseaux de soutien social, nous avons observé une association entre le capital social des migrants et leur capacité de résilience. Ce travail fournit des informations qui peuvent servir de base pour de plus amples recherches liées au thème de la mort en contexte de mobilité.