à la Maison du Brésil de Paris (original) (raw)

Deux thèses soutenues à Paris peuvent vous plonger dans mon sujet de recherche. La simple approximation de leurs titres peut vous conduire au problème épistémologique central. La thèse de Paul-Louis-Victor Dounon, médecin de la marine française, de 1871, s'intitule Etude sur la verruga. Maladie endémique dans les Andes péruviennes. 2 La deuxième thèse, datée de 1898, d'Ernesto Odriozola, médecin péruvien, s'intitule La maladie de Carrion ou la verruga péruvienne. 3 2) "Maladie de Carrion" n'est pas seulement un nouveau nom pour la même maladie de Dounon, bien que "verruga péruvienne" soit l'élément de continuité. 3) Pour présenter la verruga péruvienne, j'économise des mots et je m'utilise des images d'Odriozola 4. Les deux auteurs reconnaissent la spécificité de la verruga péruvienne parmi les autres types de verrues. Pour les deux, le phénomène porté à notre connaissance est exclusivement péruvien et plus exactement une maladie dont le foyer seulement peut exister dans les vallées des Andes, connues comme Quebradas 5. Les deux reconnaissent, dans la littérature historique du Pérou, la même verruga connue des indigènes et des premiers colonisateurs espagnols. 4) Cependant, la maladie d'Odriozola est une autre entité médicale. L'élément de discontinuité, à propos de la maladie de Dounon, est une phase aiguë, une fièvre forte anémiante, qui anticipe la verruga. Odriozola fait de la verruga une dernière manifestation pathologique, une phase chronique bénigne de la maladie de Carrion. 5) La phase aiguë n'existe cependant pas dans la thèse de Dounon. Cette nouvelle maladie, appelé "fiebre de la Oroya", est une épidémie apparue à la fin de l'année 1870. Nouveauté pour la médicine péruvienne mais aussi pour la médecine occidentale, cette fièvre épidémique a fait ses victimes entre les ouvriers de la construction du chemin de fer, entre Lima et Oroya, quand les travaux ont commencé l'incursion dans les vallées de la verruga. Dans sa thèse, Odriozola caractérise la fièvre aiguë comme capable de réduire les globules rouges à un quart de la quantité normale, dans l'intervalle de quelques jours. 6) Le registre médical le plus ancien à propos de la fièvre d'Oroya est l'article de Tasset, envoyé du Pérou et paru en France, en 1872, est intitulé : Le typhus, la fièvre jaune, les fièvres intermittentes pernicieuses paludéennes, et la verrue péruvienne. 6 Tasset cherche à mettre la fièvre de l'Oroya dans le cadre classificatoire de l'époque, parmi