Mondes Mediterraneens. Perceptions et transformations de l'espace / Μεσογειακοί κόσμοι. Προσλήψεις και μετασχηματισμοί του χώρου (Colloque, Athènes, oct. 2015), Peter Lang, Bruxelles [2022] (sommaire) (original) (raw)
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Penser la connectivité de l'espace méditerranéen. Université de Toulon, 28-30 juin 2023.
Qu’est-ce que la Méditerranée et combien de Méditerranées y a-t-il ? Depuis les travaux du pionnier des études méditerranéennes Fernand Braudel, les multiples visages de l’espace méditerranéen ont maintes fois été peints. Considérée par ce dernier comme une « série de péninsules » et un « complexe de mers » qui s’étend entre le désert au Sud et l’Europe au Nord et qui tient une frontière liquide avec l’Atlantique, la Méditerranée forme, dans sa diversité, une unité à la fois physique et humaine (cf. Braudel 2017 [1949], 33). Bien que le terme de ‘connectivité’ n’y apparaisse pas, il est question de la construction d’un « espace-mouvement » (ibid., 268), créé à travers des réseaux de routes, d’échanges et de transferts notamment entre les villes, les côtes et les îles méditerranéennes toujours renouvelés. Selon des modalités spatiales comparables, les historiens Peregrine Horden et Nicholas Purcell introduisent la notion de ‘connectivité’ dans le domaine des études méditerranéennes afin de promouvoir une image de la Méditerranée en tant que réseau de communications [« network of communications » (Horden/Purcell 2000, 24)]. Issu de la théorie mathématique des graphes, le concept de connectivité se trouve donc ici appliqué à la géo-histoire dans l’intention de décrire « l’environnement méditerranéen et […] la manière dont l’humanité interagit avec lui » (Horden 2016, 281) dans une perspective historique. Cette vision de réseau de communication implique donc le lieu, le temps et l’humain qui par les circulations et les migrations trace des frontières toujours nouvelles et multiples – réelles et mentales. Car, outre le système de routes concrètes, la notion de connectivité désigne aussi le mode abstrait de circulation de savoir et d’échange culturel à l’intérieur du bassin méditerranéen. De ce point de vue, il s’agit d’une figure de pensée exprimant également les concepts de transfert et de médiation culturels basés sur la circulation d’objets, de pratiques, d’héritages, de discours, d’informations, de textes et d’images entre les différentes cultures du pourtour méditerranéen. Ce qui est en jeu c’est l’écriture d’une « histoire de nœuds et de lignes droites » (ibid., 282). « Mer de communication », la Méditerranée est également « une mer de conflits » (Morin 2016, 3) qui, depuis l’aube des temps, se caractérise par des affrontements de peuples et de communautés riverains. Cela devient évident de manière accentuée au moment du grand essor des nationalismes et impérialismes européens quand la Méditerranée devient un mythe consubstantiel à la création de différentes identités nationales. Ainsi, le terme de connectivité ne revêt pas seulement l’idée de communication mais aussi celle de conflit entre les mémoires et entre les imaginaires de différentes nations (cf. Crivello 2017, 5). Espace « bicéphale » (cf. Audisio 2002 [1949], 91) par excellence, la Méditerranée, à la fois fragmentée et interconnectée, est formée par des relations ainsi que des lignes de forces qui créent une tension constante entre différents centre(s) et périphérie(s) (cf. Nordman 2013, 2). Afin d’envisager une ‘histoire croisée’ de la Méditerranée, l’objectif principal est de développer des approches théoriques et d’entreprendre des études de cas qui permettent de penser le concept de connectivité de l’espace méditerranéen dans les diverses disciplines et, ce faisant, d’instaurer un dialogue inter- et transdisciplinaire convoquant aussi bien l’histoire, l’économie, le droit, la géographie, les lettres, les arts, les sciences de communication et de média et la philosophie.
Peter Lang, 2012
S’il est devenu d’usage courant de parler d’un espace euro-méditerranéen, celui-ci mérite pourtant d’être interrogé pour montrer ce qu’il contient de réalités mais aussi de fantasmes. À l’ombre aussi bien des crises coloniales et postcoloniales que du processus de construction européenne, entre ambitions nationales et stratégies collectives, l’idée que l’on se fait de la Méditerranée, tout en conservant son ambivalence – frontière ou pont entre ses rives – a considérablement évolué depuis 1945 et l’apparition des premiers projets euro-méditerranéens. Dans ce livre, issu d’une journée d’études organisée à Paris, le 25 juin 2010, par l’association Richie, de jeunes chercheurs, historiens, politologues et géographes, confrontent ainsi leurs travaux et tracent une première histoire, sinueuse et hésitante, des projets d’intégration euro-méditerranéenne, en en montrant les aspects et les fondements politiques, diplomatiques, militaires, économiques, intellectuels et culturels.