Pourquoi le vocable « développement » reste-t-il politiquement irremplaçable ? (original) (raw)
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L'insaisissable relation entre « bonne gouvernance » et développement
Revue économique, 2008
Les auteurs restent seuls responsables des idées publiées dans le texte. Pourtant, à l'aide d'une nouvelle base de données (Profils Institutionnels 2006), nous montrons que si la 'bonne gouvernance' semble corrélée au niveau de développement, elle n'est pas corrélée à la vitesse de développement (la croissance de moyen-long terme). En identifiant les caractéristiques institutionnelles spécifiques des pays qui ont amorcé leur décollage économique, nous précisons les capacités de gouvernance stratégiques développées par ces pays : la 'bonne gouvernance' ne ressort pas comme une priorité pour le décollage économique. Elle le devient dans un second temps, ainsi que l'ouverture des systèmes de régulation économique, sociale et politique lorsque, bénéficiant d'une croissance soutenue et prolongée, un pays cherche à converger avec les pays développés. Dans les autres pays en développement (non-convergents), la priorité pourrait résider dans la construction de capacités d'anticipation stratégique et de coordination entre élites. Nous proposons donc une définition élargie de la gouvernance (la 'gouvernance pour le développement') et de nouveaux indicateurs pour la mesurer.
On montre dans ce texte pourquoi la tentative récurrente de découpler le développement de la croissance est veine. Ce qui se cache derrière cette tentative est l'impérieuse nécessité de dissocier deux couples, d'une part le couple "développement et croissance d'ordre économique", qui est relatif à cet ordre de socialisation fondé en modernité sur la monnaie et le marché, d'autre part le couple "développement et croissance de nature économique", qui est propre au registre de socialisation ayant trait à l'exploitation de la nature par l'homme, registre qui est présent dans tout genre de société. Cela passe par la construction d'une autre représentation de l'économie que celle offerte par la science économique normale, en reprenant et en poussant jusqu'à son terme la critique de Karl Polanyi concernant le fait qu'elle est fallacieuse. Cette autre représentation permet une clarification des débats actuels. La principale questio...
Le développement durable n'est-il qu'un slogan publicitaire?
Le développement durable, un slogan publicitaire?, 2018
Le terme de "développement durable" est galvaudé. Cependant, il peut retrouver une certaine pertinence. Alors que la survie de l'humanité civilisée est engagée, la question de l'écoumène, c'est-à-dire de l'habitation du monde doit être reposée.
LE BOIS INÉPUISABLE Le développement durable c'est un jeu d'enfant… ?
RÉSUMÉ : L'éducation au développement durable est aujourd'hui possible depuis l'école maternelle. La complexité du sujet est cependant difficile à affronter pour les enseignant-e-s, qui doivent abandonner l'analyse strictement disciplinaire de la réalité pour se plonger dans ses processus, mais au même temps fascinant, parce que l'enfant d'école maternelle découvre le monde dans de conditions très semblables. Peut-on être trop petit pour apprendre le développement durable ou trop grand pour l'enseigner ? On montrera que, peut-être, est suffisante l'envie de jouer. ABSTRACT: An education to sustainable development is now possible since kindergarten. The complexity of the subject is however difficult to face for teachers, who must abandon the strictly disciplinary analysis of reality to plunge into its processes, but at the same time fascinating, because a preschool child discovers the world in a very similar condition. May you be too young to learn sus...
Au nom du développement, nouvelle refabrication des territoires
Malgré quelques recompositions, le territoire de l'État-Nation tient pourtant bon. Il fait même preuve de résilience là où il paraissait le plus menacé, en Afrique subsaharienne notamment où de violentes crises et guerres civiles contemporaines l'atteignent
Développement durable ou décroissance soutenable : faux procès et vrai débat
RePEc: Research Papers in Economics, 2009
Les deux projets politiques-le développement durable et la décroissance soutenable-sont couramment présentés par leurs partisans respectifs comme des projets alternatifs qui n'ont rien en commun, si ce n'est une préoccupation de préservation de l'environnement bien imprécise. L'objet de cette communication est de présenter une analyse globale dans laquelle ces deux positions politiques sont comprises comme deux solutions particulières à la crise de la première modernité. Cette inclusion dans une même analyse s'avère indispensable pour pouvoir comparer leurs attendus et leurs implications. Elle fait voir que ces deux projets défendent certes deux solutions différentes concernant la seconde modernité à construire, mais ces deux projets ont un « espace » commun.
Où il est dit que le développement est un objet historique
Tiers-Monde, 1982
Où il est dit que le développement est un objet historique In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°90. Sociologie du développement. pp. 297-305. il est dit que le développement est un objet historique. In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°90. Sociologie du développement. pp. 297-305.
Politiques de développement et gouvernementalité
Critique économique, 2011
Pendant une longue période, depuis mes années d'étudiant jusqu'à aujourd'hui, j'ai été un témoin, et parfois un acteur, des politiques agraires du Maroc. Je rapporte cette expérience dans un livre qui, grâce à l'amitié du professeur Noureddine El Aoufi, paraîtra au Maroc en 2011. J'en évoque quelques passages au fil de cet article, mais ce n'est pas ici mon propos d'en traiter. Je voudrais, par contre, partager les réflexions sur ce que, avec le recul, m'a appris ce long itinéraire. J'ai pensé, pour un tel propos, qu'une piste d'analyse particulièrement porteuse pour les débats d'aujourd'hui était de regarder ces politiques sous l'angle des pratiques de l'Etat : comment le développement est-il entré dans les stratégies de l'Etat ? Comment et par qui ont été produits les concepts et leurs instruments d'application ? Que signifient les politiques qui en ont résulté en termes de pratiques de l'action publique, et quelles relations ont-elles eu avec la société que ces politiques se proposaient de transformer ? Je ne revendique, pour expliquer mes commentaires, que la justification subjective de mon témoignage. Mais pour les soumettre à un autre regard, je me suis aussi permis de rechercher quelques clés de lecture en associant certains de mes questionnements à une réflexion sur la gouvernementalité. Le concept de gouvernementalité (1) créé par Michel Foucault, et fort opportunément réintroduit dans la réflexion économique du Maroc par Noureddine El Aoufi, m'a en effet suggéré quelques pistes dont je souhaiterais partager les leçons. Celles-ci me montrent, notamment, que les nombreux travaux qui ont porté sur ce concept nous invitent à de nouvelles réflexions et à de nouvelles mises en perspective quand, pour la période contemporaine, on applique les leçons de ces travaux à une société en transition comme celle du Maroc. La particularité de ce pays, en effet, est de plonger ses racines et ses pratiques sociales et politiques dans un long passé historique ainsi que dans une riche identité culturelle, qui dénotent la résistance d'un héritage "traditionnel". Mais sa société s'est aussi trouvée confrontée, au lendemain de l'Indépendance, à une gouvernementalité de progrès et de modernisation qui fut conçue par des élites largement formatées par des modèles extérieurs. C'est avec ces références que celles-ci furent amenées à produire des concepts de développement et à inventer les pratiques et les instruments de leur application à la société. Ce dualisme des visions sociétales ne pouvait qu'être accompagné de discordances, et celles-ci ne pouvaient manquer de peser sur l'exercice d'une gouvernementalité "moderne" et d'en affecter la pratique.
L'équivoque du développement durable
Comme toute construction sociale, le concept de développement durable a émergé d'un contexte historique particulier, il est porté par un certain « air du temps », il s'installe au coeur de tensions, il devient une « chose » acquise dont on oublie la genèse, il sert des intérêts spécifiques mais se présente comme une valeur consensuelle. Ses promoteurs font valoir son statut heuristique (c'est un « chemin » ou un « pont » vers un nouveau monde), mais en même temps, ils confondent ce concept avec un principe universel et insistent sur son institutionnalisation : d'une proposition, on passe à une norme, à une prescription 1 : c'est désormais LE chemin, LE pont, et c'est finalement la destination. Le concept de développement durable correspond à la construction sociale d'un projet salvateur, une bouée au coeur de la crise de la sécurité qui caractérise actuellement nos sociétés, mais il semble que l'on confonde moyen, sens et finalité.