Jean Rouch : l’anthropologie autrement (original) (raw)
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L'anthropologie visuelle de Jean Rouch
2016
Visual History. Rivista internazionale di storia e critica dell’immagine, N° 2, 2016. Visual anthropology is based on the idea that the camera and the sound recording produce a non-discursive knowledge accounting for complex phenomena from reality that no textual analysis can render. In this article the works and the working methods of the French filmmaker and anthropologist Jean Rouch (1917-2004) exemplify a redefinition of anthropology in the colonial context thanks to the tool of the camera. The consequences of which go beyond the realm of the social sciences to influence the art world.
La singulière collection de Jean Rouch
Nous abordons la notion de collection comme une mise en forme singulière de la matière et du mouvement en nous référant aux travaux de Georges Simondon, Gilles Deleuze, Dziga Vertov, Aby Warburg, Jean Rouch et Lev Manovich. Les concepts d’image-temps et d’image-mouvement, proposés par Gilles Deleuze, nous conduisent à étendre la notion de collection aux images animées et à leur mise en scène. Un logiciel d’application, conçu par Benjamin Roadley, a favorisé une mise en forme analytique de quelques séquences extraites de deux films réalisés par Jean Rouch, Moi un Noir et le Dama d’Ambara. Tout en nous permettant de mettre à l’épreuve notre appréhension de la collection, une nouvelle appropriation de l’œuvre de Jean Rouch et de son empreinte sur le monde se révèlent et nous incitent à aborder le processus de modélisation, offert par les technologies numériques, comme une relation privilégiée à l’imaginaire, à la création et à leurs impacts sur l’épistémologie des connaissances en sciences humaines.
L’anthropologie comme philosophie
Methodos, 2005
La démarche philosophique de Ludwig Feuerbach est le plus souvent envisagée comme le chaînon manquant entre celle de Hegel, dont elle aurait entrepris la critique, et celle de Marx, qui aurait dû se défaire de son emprise pour accéder au noyau scientifique de sa propre réflexion 1. Or, cette situation intermédiaire de l'oeuvre et de la pensée de Feuerbach en signale davantage la richesse propre que les limites. En effet, s'il est assurément réducteur de tenir Feuerbach pour le simple disciple (critique) de Hegel ou pour le simple précurseur de Marx, c'est qu'en réalité il est possible de dire sans risquer l'anachronisme que Feuerbach a été les deux à la fois ; et en ce sens l'étude de sa pensée doit permettre de comprendre ce qu'il y a d'hégélien chez le « jeune Marx » et de matérialiste (en un sens que Marx lui-même critiquera dans la première de ses Thèses sur Feuerbach 2) chez ce « Jeune-hégélien » 3. Pour commencer à le comprendre, il est instructif de rappeler quelle a été la trajectoire intellectuelle originale de Feuerbach : celui-ci est passé de l'étude de la théologie (à Heidelberg, en 1823) à celle de la philosophie spéculative hégélienne (à Berlin, à partir de 1824), pour laquelle il se passionne jusqu'à la fin des années trente, avant de s'en détacher brusquement, en dénonçant le tournant théologique larvé de la spéculation hégélienne et en se proposant alors de retrouver les racines réelles, humaines et sensibles, de cette spéculation 4. Feuerbach a lui-même donné la formule ramassée de cette trajectoire intellectuelle : « Dieu fut ma première pensée, la raison fut ma seconde, l'homme ma troisième et dernière. Le sujet de la divinité, c'est la Raison, le sujet de la Raison, c'est l'homme. » 5. 2 Cette citation peut être lue comme l'énoncé a parte subjecti d'une sorte de « loi des trois états », au sens où Comte en formulait l'exigence à l'ouverture du Cours de philosophie positive (strictement contemporain de L'essence du christianisme 6) : le premier état, l'état théologique de la pensée de Feuerbach, représenterait ainsi le stade infantile de son développement intellectuel ; le deuxième état, rationaliste, ou encore « hégélien », serait L'anthropologie comme philosophie
De l’anthropologie de l’autre à la reconnaissance d’une autre anthropologie
Journal des anthropologues, 2007
L'anthropologie reflète la dynamique planétaire de construction de l'altérité et d'assignation de places dans l'ordre mondial identitaire ; or ce rapport d'altérité est également présent dans le champ anthropologique lui-même. Discipline fondée sur l'étude de la différence, elle a pourtant du mal à la prendre en compte en son propre sein. Car la différence n'est pas seulement un objet d'étude : elle structure le champ anthropologique dans ses orientations épistémologiques, ses modes d'institutionnalisation, dans le contenu et les supports de ses publications et autres canaux de recherche (appels d'offre, allocations de postes, créations de formations universitaires et post-universitaires, etc.). Dans ce numéro du Journal des anthropologues nous proposons de restituer cette multiplicité de points de vue telle qu'elle s'exprime dans divers contextes sociopolitiques et intellectuels. En ce sens, plutôt que de reproduire une logique d'altérisation-non plus de nos objets mais de l'anthropologie-, nous tentons le pari d'une réflexion multilocalisée sur les représentations et les pratiques de l'anthropologie, en prenant comme point d'ancrage initial l'Amérique latine. 2 Quelques moments dans l'histoire de la réflexion épistémologique de notre discipline ont été particulièrement riches et incisifs en ce qui concerne l'analyse de l'autre, les formes dans lesquelles l'anthropologie a pensé le rapport à la différence qu'elle-même produisait. Nous allons rappeler ici (trop) brièvement certains de ces apports pour présenter ensuite les contributions recueillies dans ce numéro et leur positionnement dans cette cartographie des altérités.
L'anthropologie dans l'évangile de S. Jean
L'anthropologie dans l'évangile de S. Jean Le grand Reset comporte une vaste question anthropologique qui aborde divers aspects de la vie humaine : l'identité de genre, la procréation artificielle, l'homme augmenté… L'idéologie transhumaniste, en particulier la croyance en la grande convergence bionumérique qu'il faut faire advenir, est un des points clefs de la IVe Révolution Industrielle prônée par Davos. L'humain et la machine doivent fusionner autour du data, avec l'aide de l'édition génomique et d'implants informatiques, en vue de créer « l'humain augmenté ». La barrière entre le biologique aléatoire et la technologie informatique programmable doit sauter. Les conditions techniques de ces questions modernes n'étaient pas réunies au temps de Jésus, mais les prouesses scientifiques et l'invention de quelques gadgets sont-elles de nature à minimiser la lumière de l'évangile ? Le doyen de la faculté de philosophie de l'Université du Latran, le père Larrey, dans le cadre des Global Leaders, préside des conférences à Rome, de concert avec Carlos Moreira et David Ferguson, tous deux penseurs du transhumanisme, co-auteurs du « Transhumancode » et liés comme il se doit au WEF de Davos. La hiérarchie catholique, dans sa majorité, vante la « Technology that Empowers Humanity » et se contente de prier pour que l'usage de ces techniques soit « humain et pour cela dirigé par l'élite technocratique. Parallèlement, on revendique de nombreuses innovations liturgiques parce que le peuple ne comprendrait plus le langage de la foi. Or, pour dialoguer sur les questions les plus difficiles de notre temps, il faut approfondir le message chrétien. Je propose cet approfondissement à partir de l'évangile selon saint Jean en m'appuyant sur mon étude : Jean, L'évangile en filet. L'oralité d'un texte à vivre.
Anthropologie et Sociétés, 2008
Résumé Cet article résulte d’une rencontre entre quatre « jeunes » anthropologues originaires de différentes parties du monde pour échanger au sujet de la condition actuelle -et du futur souhaitable- des anthropologies du monde. Malgré la pluralité de nos avis, une certaine convergence fondamentale émerge : celle d’une critique contre, et d’un refus des inerties qui de temps en temps s’acharnent sur le travail anthropologique un peu avec le consentement des anthropologues, sous la forme d’un élitisme désengagé, d’une confortable réification du sujet d’étude et de l’oubli des conditions historiques et socioéconomiques qui sont à la base de l’expansion mondiale et de la reproduction de la discipline. Nous soulignons donc l’urgence de prendre la mesure des préoccupations quotidiennes de nos interlocuteurs et interlocutrices, de revendiquer des espaces et une légitimité dans des champs politiques de recherche étatiques comme dans la sphère médiatique.