Le pape François, agent de progrès et de changement ? (original) (raw)
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De François à François. L'itinéraire d'une « profonde conversion intérieure ».
Crossing: The INPR Journal, 2024
Conférence donnée lors du Séminaire : International Network in Philosophy of Religion (INPR) / ICP à Perugia (Italie) 11 juin 2024. La Cantique du Soleil est comme l’accomplissement du long itinéraire spirituel du Poverello. Cet itinéraire a conduit Saint François d’Assise à une « profonde conversion intérieure » depuis son « retour à l’Evangile » à 23 ans jusqu’au jaillissement du Chant des créatures alors même qu’il est malade et presque aveugle vingt ans plus tard au terme de sa vie. La traversée des crises dans la vie de frère François est source d’inspiration pour nous. Son itinéraire spirituel est une invitation à nous laisser transformer par l’expérience d’un monde dont la figure passe (1 Co 7,21) mais qui aspire au-delà des gémissements de la création à la réconciliation et la liberté dans l’amour. Et « s’il est vrai que les « déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands » (Benoit XVI), la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure » (pape François, Laudato Si n°217).
Le pape François, garant de la doctrine liturgique de St Pie v
Nouvelle revue théologique, 2022
Le pape François, garant de la doctrine liturgique de S. Pie V Le débat provoqué par le motu proprio du pape François Traditionis custodes n'est pas dépourvu de passion,-ce qui ne saurait étonner en matière liturgique. Chose plus regrettable, il manque singulièrement d'enracinement dans la pérennité évolutive et homogène de la doctrine. Comme si les critères affectifs, sentimentaux et subjectifs devaient l'emporter sur l'objectivité des principes catholiques. Certes, les deux documents pontificaux que l'on oppose dans cette controverse portent l'un et l'autre sur une question disciplinaire : la faculté d'user du missel tridentin que le motu proprio de Benoît XVI, Summorum pontificum, avait très libéralement prodiguée en 2007 se voit drastiquement restreinte par le pape François en 2021. Il s'agit bien, dans les deux cas, de fixer les normes d'une pratique : qu'est-il licite de faire ou de ne pas faire, et à quelles conditions ? En ce domaine pratique, les inflexions peuvent être nettes et tranchées, un pontife romain ayant toujours la faculté d'abroger ce que tel de ses prédécesseurs avait décidé dans un contexte différent, en l'occurrence quatorze ans auparavant. Pourtant, parmi les innombrables commentaires produits ces derniers temps, rares sont ceux qui remarquent comment ces deux documents pontificaux, en leur article 1 er , fondent l'un comme l'autre leurs déterminations pratiques sur un énoncé liminaire proprement doctrinal. Car en régime catholique, la détermination disciplinaire du bien à accomplir, le « quoi faire », doit reposer, loin de tout arbitraire passionnel, sur l'explicitation doctrinale de ce qui est vrai, conforme à la vérité des choses, en particulier à la vérité de la foi et de son expression liturgique, le « ce qui est ». La détermination pratique du bien à accomplir, sur une même question, peut varier avec amplitude selon le temps, une décision nouvelle annulant une antérieure en raison de circonstances nouvelles. Il n'en va pas de même dans l'explicitation de la vérité doctrinale. Là, il ne saurait y avoir rupture, renversement, abrogation, mais seulement explicitation, progrès, meilleure intelligence, formulation plus précise. Deux déterminations pratiques successives peuvent diverger, mais elles ne sauraient reposer sur deux principes doctrinaux contradictoires. Deux expressions du rite romain ou une seule ? Prenons donc soin d'examiner les principes sur lesquels Benoît XVI puis François ont fondé leur déterminations pratiques. L'enquête en vaut d'autant plus la peine que, selon les apparences et à lecture précipitée, les deux papes semblent se contredire. François affirme en effet : Les livres liturgiques promulgués par les saints pontifes Paul VI et Jean-Paul II conformément aux décrets du concile Vatican II sont la seule expression de la lex orandi du rite romain 1. Benoît XVI avait quant à lui enseigné : Le missel romain promulgué par Paul VI est l'expression ordinaire de la lex orandi de l'Église catholique de rite latin. Le missel romain promulgué par saint Pie V et réédité par le bienheureux Jean XXIII doit être considéré comme expression extraordinaire de la même lex orandi de l'Église et être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces deux expressions de la lex orandi de l'Église n'induisent aucune division de la lex credendi de l'Église ; ce sont en effet deux mises en oeuvre de l'unique rite romain 2. Si, selon Benoît XVI, le missel de S. Pie V et celui de S. Paul VI sont « deux expressions de la lex orandi de l'Église », « deux mises en oeuvre de l'unique rite romain », comment François peut-il, de son côté, affirmer que le missel de Paul VI et sa révision par Jean-Paul II « sont la seule expression de la lex orandi du rite romain » ? Comment l'unique rite
Bénir, prêcher, s'engager. L’acteur ecclésiastique du printemps des peuples en France et en Italie
Dans toute l’Europe de 1848, le clergé – régulier et séculier – a largement épousé la cause révolutionnaire. Mais les raisons de cet engagement demeurent encore opaques, ou bien contradictoires. Cette intervention souhaite proposer une relecture de l’engagement ecclésiastique à l’heure des révolutions de 1848 dans une perspective transnationale et comparatiste. Nous nous proposons d’observer les acteurs révolutionnaires ecclésiastiques en action des deux côtés des Alpes. Cet engagement prenait en fait la forme de gestes aussi stéréotypés que performatifs (la bénédiction des arbres de la liberté ou de la garde nationale), mais aussi des discours et en général des prises de parole dans la place publique (souvent répétées par la presse). La prédication a été l’instrument de communication entre clercs et laïcs, aussi que l’expression d’un discours qui avait ses spécificités. En Italie, la parole sacrée prit surtout la forme de l’appel à la croisade contre les autrichiens, mais elle insistait aussi sur d’autres thèmes : la liberté dans l’ordre, la démocratie bénie par l’église catholique, la sacralisation de l’amour de la patrie, l’avènement d’une ère nouvelle où la religion aurait la place qu’elle mérite dans la société. Ces thèmes résonnèrent en France aussi, accoutumés au langage et à la tradition politique de ce pays. Mobilisés dans la place publique, les symboles politiques et religieux (arbres, drapeaux, croix) devinrent aussi les divises de groupes organisés : partis, comités, journaux. Si les révolutions de 1848 ont été, selon Lewis Namier, des «révolutions des clercs», l’engagement des “clercs” au sens propre en constitue un trait marquant. Ils ont essayé de sceller la révolution aux valeurs religieuses dont ils étaient les porte-paroles. Au-delà des spécificités nationales, le discours des clercs dessine un engagement soutenu par une logique de reconquête sociale. Ce n’est pas un hasard si le pontife romain prit partie dans les bouleversements du printemps des peuples, en image figée et idéalisée de “pape libérateur” mais aussi en tant qu’acteur entre autres.
Saint-Simon, penseur du changement social
Medium, 2008
Claude-Henri de Saint-Simon (1760-1825), penseur du changement social par Pierre MUSSO Professeur à l'Université de Rennes 2 et à Télécom Paris Tech Saint-Simon est un fondateur. Sa « philosophie inventive » a fixé les règles de la méthode pour conduire la réforme sociale. Il se déclare d'ailleurs « réformiste », au sens où sa problématique est celle du changement social, hic et nunc. Il vise « une mise en activité » générale des forces industrielles, comme il le déclare dans le Catéchisme des Industriels : « nous essaierons de faire
Paul, apôtre du Christ et prédicateur de l'évangile Nous connaissons saint Paul avant tout par ses lettres, subsidiairement par ce que les Actes nous disent de son action apostolique. De nos jours, on admet de'plus en plus combien toutes les Epîtres de saint Paul, y compris FEpître aux Romains, sont conditionnées par son apostolat 1 : elles sont un reflet de sa prédication et de son action apostolique, en même temps qu'un complément de celle-ci. Cela ne fait que souligner davantage combien la notion de l'apôtre du Christ, telle que saint Paul l'a pensée et surtout vécue, est centrale dans toute sa vie; elle est une valeur-clé qui permet de pénétrer dans l'intelligence de l'oeuvre, de la personne et du message de l'apôtre Paul.
Charles Quint sur les traces de Charlemagne : réformateur de Florence par « grâce divine »
Depuis le XIIIe siècle, la légende du Second Charlemagne était très enracinée en Italie, surtout à Florence, où une vieille tradition considérait le roi des Francs comme le bienfaiteur de la ville. Ce nouveau Charlemagne était attendu comme celui qui allait rétablir une époque de splendeur sur la terre permettant en même temps la réalisation d’une réforme de la société. En 1545, un agent impérial, adresse au duc de Florence un précis sur la généalogie de Charlemagne et de Charles Quint écrit par Pietro Mareno. Ce livre renouait avec l'image mythique de Charlemagne et établissait une ligne directe entre Charles Quint et son ancêtre présumé. Cette légende subira des modifications significatives pour être adaptée à la nouvelle situation politique de Florence, désormais sous le protectorat de l'Empire.
Prêtre catholique en Europe occidentale aujourd’hui : un « métier » en constante mutation
in : Jean-Pierre DELVILLE (ed.), Mutations des religions et identités religieuses. Paris – Louvain-la-Neuve, Mame/Desclée – Institut Religions Spiritualités Cultures Sociétés, 2012 (Théologie) 273-287., 2012
Depuis les années 60, les responsables ecclésiaux et les théologiens s’interrogent régulièrement sur l’identité, la mission et l’avenir du prêtre diocésain en Occident. La disparition progressive de la chrétienté (comme modèle social) et les mutations récentes affectant le christianisme bouleversent encore un peu plus cette identité. Le prêtre diocésain engagé sur le terrain pastoral a du constamment se réadapter, de même que les prêtres engagés dans les pastorales spécialisées comme le monde de la santé, de la jeunesse ou de l’enseignement. La diminution du nombre de prêtre a provoqué par ailleurs une concentration de son activité sur les sacrements et autres liturgies. Cela n’empêche pas la revendication forte des nouveaux prêtres d’être heureux, dans une démarche dorénavant individuelle et non plus portée par un environnement social. Le ministère du prêtre diocésain est donc en mutation profonde, occasionnant de fortes tensions à vivre au quotidien dans un « métier » pour lequel il n’a pas toujours été préparé. Objet d’étude de la sociologie comme de la théologie, ce phénomène inédit dans l’histoire de l’Église provoque une grande fragilisation du ministère presbytéral actuel.
Le nonce en France au XVIe siècle, agent de diffusion de la Réforme catholique ?
« Le nonce en France au XVIe siècle, agent de diffusion de la Réforme catholique ? » (communication au colloque « La Réforme catholique : formes de diffusion », Haïfa, 21-22 mai 2Les deux Réformes chrétiennes. Propagation et diffusion, éd. Ilana Zinguer, Myriam Yardeni, Leiden, 2004, p. 122-137., 2004
La présente communication veut revenir sur ce qui est souvent présenté comme une évidence, à savoir le rôle majeur du représentant ordinaire du pape, le nonce, dans la diffusion de la Réforme catholique en France. On peut citer les meilleurs spécialistes, tels Bernard Barbiche : "A partir du concile de Trente, le pape s'attache à faire des nonces les agents de la Réforme catholique, tâche particulièrement délicate dans un pays comme la France où l'affrontement entre catholicisme et réforme protestante est fort rude" 1 , ou Olivier Poncet : "A l'issue du concile de Trente (...), les nonces se muent de simples diplomates qu'ils étaient avant le milieu du XVIe siècle en véritables porteurs des idéaux tridentins" 2 . Mais si tous les historiens sont d'accord sur ce rôle du nonce, il n'existe pas à ma connaissance d'étude précise qui permette de répondre à quelques questions importantes :