Vérité intensive et projet universel (original) (raw)

Une conversation sur l'universel

L'universel antique se disait au singulier et ignorait le nombreux ; l'universel moderne a choisi le nombreux. Le christianisme témoigne de la rupture, mais il dépend lui-même d'une rupture antérieure : l'intervention d'Alexandre. On peut faire jouer l'une contre l'autre les deux versions de l'universel ; émerge alors l'universel d'intensité. Une affirmation en première personne et une affirmation universelle peuvent s'accomplir l'une par l'autre. Ce double accomplissement est un devoir ; il est difficile ; seul le nom juif témoigne aujourd'hui qu'il n'est pas impossible. La réflexion sur l'universel et le retour du nom juif se répondent.

Si c'est un nom: l'universel intensif

Critique, 2016

Sur la nouvelle querelle autour de l'universalisme dans la pensée française contemporaine et l'élaboration de l'idée d'universel intensif dans l'oeuvre de Jean-Claude Milner.

Universalitédifférenceetrépétition

Universalité, différence et répétition La première scène d'Une page d'amour relève de ce que l'on nomme en théorie littéraire un incipit in medias res, qui place le lecteur au coeur de l'action et des événements dont les précédents ne sont donnés que dans une étape ultérieure du récit. Un commencement de ce type évite une présentation des événements passés qui rendrait immédiatement manifeste ou la présence de l'énonciateur par son discours ou par sa connaissance des faits qui ne relèvent pas du présent du récit, elle relève de l'impératif discursif naturaliste tel que l'a définie Zola, où l'auteur, partout sensible, n'est présent nulle part ». Il possède en outre un intérêt philosophique et rhétorique : il se donne comme une réalité, mais comme une réalité sans antécédent ni conséquence ; les choses apparaissent sans avoir d'être-pour-un-autre qui font d'elles des produits d'une cause. On peut interpréter ce caractère phénoménal comme une possibilité d'oscillation du récit entre deux catégories réales : on peut soit prêter à la scène le caractère irréel d'un songe, soit la faire basculer du côté du réel. Un des critères qui acheminera la lecture du côté de l'inconsistance du rêve ou de côté persistance du réel, c'est la valeur de primultième, ou, inversement, d'itération, des événements, la première quantité amenant le récit du côté de l'imaginaire, tandis que l'autre lui confère la perexistence du réel. Un tel rapport de fréquence à la réalité des choses est présent dans la philosophie de D. Hume, qui associera rapport de causalité et fréquence («), il laisse pour compte le mouvement, qui se produit souvent une seule fois, et appartient pourtant au caractère des choses existantes, cependant M. Merleau-Ponty parle bien, dans sa méthode, de la proximité du « phénomène de réalité 1 » avec celui des « constantes perceptives 2 ». 1 Inconsistances et persistances Le récit, donné, comme nous l'avons vu in media res, est aussi la relation du temps exceptionnel de la crise, celle de la maladie de Jeanne (dont Hélène craindra un moment qu'elle puisse être mortelle, c'est-à-dire la dernière, et voir « le dernier souffle de Jeanne 3 ») et qui en fait un moment insigne dans un espace-temps donné pour une première fois. Cet événement fait basculer la diégèse un instant vers le temps incertain du rêve. De la même manière, la manière dont se montre le docteur Deberle, alors qu'Hélène cherche désespérément un médecin pendant la nuit, et qui sera conduite dans chez ce docteur au premier coup de sonnette, et verra dans ce hasard providentiel la preuve que « le ciel ne l'abandonnait pas 4 », coup de chance qui aurait pu, sans trop de coût pour le récit, venir après plusieurs essais (Zola aurait pu dire « Elle sonna à plusieurs portes, sans succès, puis , alors qu'elle sonnait à une maison proche de la sienne, elle vit la porte s'ouvrir et apparaître la silhouette d'un domestique ») et qui a pour fonction d'inscrire la rencontre dans l'imaginaire, l'archétype du sauveur pouvant décrire celui qui possède la compétence nécessaire pour venir au secours, comme celui d'arriver de façon quasi-providentielle au moment opportun. Une autre scène relève de l'onirisme et du produit de l'imagination : c'est l'érotisme latent des deux adultes qui sont trop empressés de sauver Jeanne pour se rendre compte de leur propre nudité (« Le médecin avait caché son cou nu. Hélène était restée enveloppée dans la châle qu'elle avait je jeté sur ses épaules. Mais Jeanne, en se débattant, tira un coin du châle, déboutonna le haut du veston. Ils ne s'en aperçurent point. Ni l'un ni l'autre ne se voyaient. 5 »). Le charge sexuelle de la scène est mis de côté à la fois par la vitesse de la narration qui ne reviendra pas sur le dénuement des deux protagonistes avant la fin de la nuit, par l'utilisation du lexique de la nudité sans utiliser aucun terme érotique explicite, comme par le regard et l'attention des deux actants qui sont focalisés sur le sauvetage de la malade. Le récit est le chassé croisé de deux

Le Revenu de Base Inconditionnel et Universel

2016

Dans une société où l'argent est devenu le principal moyen de survie, où l'emploi se fait plus rare pour les jeunes et où l'errance des sans-abris peuple nos rues, une question se pose : comment assurer un revenu minimum à ceux qui en ont le plus besoin ? C'est dans cette quête de justice sociale et d'égalité que je me suis tournée vers le concept du revenu de base inconditionnel. Bien que cette idée ait des racines anciennes, son adoption sérieuse est relativement récente. Pourtant, elle offre une lueur d'espoir dans la réforme de notre système actuel. Mais attention, le revenu de base inconditionnel ne se contente pas d'être une simple proposition. Il est devenu un terrain de lutte politique où chaque parti l'instrumentalise à sa façon, offrant ainsi une variété d'interprétations et de modalités. Le principe est simple : verser chaque mois une somme d'argent à chaque citoyen, sans condition, quelle que soit sa situation. Cette proposition, souvent associée à des idéologies politiques variées, suscite des débats passionnés, mais les expérimentations menées dans plusieurs pays offrent des perspectives prometteuses. Dans un monde en pleine mutation, où la technologie transforme nos vies à une vitesse vertigineuse, le revenu de base inconditionnel se présente comme une alternative potentiellement révolutionnaire. En redistribuant le temps de travail, il ouvre la voie à de nouvelles formes d'emploi et encourage le libre choix de mode de vie. Plus qu'une simple mesure économique, c'est un pilier pour renforcer la cohésion sociale et réaffirmer des valeurs essentielles telles que la solidarité, la justice et la liberté.

Le savoir et la violence de l'universel

Lignes, 1995

Je ne veux, pour cette table ronde, qu'évoquer deux aspects de notre situation par rapport à la violence. D'abord, que savons-nous de la violence ? Que savonsnous de plus aujourd'hui sur elle, en savons-nous plus ou la connaissons-nous autrement, ou encore en connaissons-nous une nouvelle ? Ce savoir est-il rendu possible par un simple développement (un progrès ?) des savoirs, ou par l'émergence de configurations nouvelles de violence ? Ensuite, et de manière très rapide et elliptique, comment pouvons-nous situer ou penser la condition de violence selon d'autres termes que ceux de l'originel ou de l'originaire? Il faut pour cela analyser ce trouble de la représentation par lequel la subjectivité et la vérité s'associent spontanément, et montrer que la dissociation, qui va jusqu'à l'incompatible, entre particularité et universalité produit une violence sans salut, ou sans solution définitive, mais pas pour autant inéluctable, puisque toujours « résultat>> et jamais « origine >>. De profonds déplacements tiennent parfois à une légère modification dans l'accommodation du regard, et le même objet vu sous deux« angles >>différents peut passer quasiment de l'inexistence à une thématisation proliférante. Ainsi de la violence dont on sait bien, dans la mesure où elle met en jeu la réaction d'une subjectivité qui l'évalue à partir d'un certain seuil, combien elle requiert l'examen d'une« sensibilité » à caractère transcendantal. Au point qu'il y a d'emblée une difficulté à parler d'elle au singulier. Julien Gracq le remarque à sa manière en notant sa propension variable à devenir objet du discours littéraire: «Un des traits de Stendhal qui, dans l'écriture,

Vérité. Réalité. Universalité

Philosophiques, 2020

Article paru en septembre 2020, dans la revue canadienne : Philosophiques (vol.47, N°2, Automne), dans le cadre d'une disputatio organisée autour du livre de Michel Bitbol : Maintenant la finitude

Permanence et universalité du projet coopératif

« Nos enfants croiront avoir de l'imagination, ils n'auront que des réminiscences » Saint-Simon, cité par Henri Desroche, Pour un traité d'économie sociale, Ciem, Paris. 1983 La grande richesse des expériences dont se réclame la coopération comme la variété de ses sources doctrinales rendent malaisée toute approche d'un phénomène devenu universel. La plasticité de la formule associative, qui a pu s'accommoder de contextes sociopolitiques divers votre contradictoires, et la constance des idéaux qui animent ses acteurs font qu'on trouve dans le monde contemporain un nombre immense d'entreprises coopératives déployant leurs activités dans les domaines les plus divers et exerçant une influence parfois déterminante sur l'environnement social et économique.

Visages de la vérité : universalité et hospitalité

Conférence prononcée au séminaire de Francis Wolff, « les lundis de la philosophie », ENS/Ulm, Paris, le 20 mars 2017. Le but de cette conférence est de relativiser la définition ordinaire et traditionnelle de la vérité comme correspondance à une res, à une chose extérieure et en soi. Il s’agira de démontrer comment la norme du vrai n’est pas nécessairement soumission à un réel antécédent et indépendant mais peut également se concevoir comme réalisation d’un universel non donné. Nous comprendrons, ce faisant, comment la visée de l’universel n’est pas condamnée à n’être que la poursuite d’un idéal jamais atteint et dépasserons ainsi la figure de la conscience malheureuse, traditionnel symbole de la finitude humaine. Pour ce faire, nous partirons d’une expérience de pensée, qui consistera à créer un monde qui serait la configuration idéale en laquelle s’appliquerait la définition traditionnelle de la vérité. Ce qui nous permettra de faire surgir tous les paradoxes de cette définition. Cette étape nous conduira ensuite à étudier l’hypothèse vérité = universalité, en prenant soin de dépasser les différents écueils possiblement liés à la notion d’universel (comment y accéder ? Est-ce une totalité ordonnée ou un domaine illimité ? Comment rompre le lien trop courant entre universalité et nécessité ?, etc.). Nous pourrons alors penser au-delà de la finitude, en liant la vérité à l’infini, l’erreur au fini, et montrerons ainsi comment l’universel est le lieu même de l’hospitalité. Mot clés : vérité, réalité, universalité, idéal, fini/ infini.

Programme de recherches interdisciplinaires Vérité et fiction

2010

Jean-Paul Colleyn, directeur d’etudes Verite et fiction Le pri « Verite et fiction » a cloture ses travaux. Au cours de l’annee, Jean-Paul Colleyn a traite de la tentation fictionnelle dans le cinema documentaire, tout en mettant en garde contre les malentendus causes par le caractere polysemique du terme fiction. Si l’on entend par fiction tout œuvre fabriquee, alors tout film est film de fiction, mais si l’on distingue la feintise ludique, comme vraie fiction, des representations attachees ...

Volonté générale et volonté de tous

Philosophie, 2006

L'abyme de la politique, ou : de l'intégration des différences. Volonté générale et volonté de tous dans le Contrat Social.