Programme des 9es Journées d'études de la HALQA "Marges, Marginalités, Minorités, Minorations dans les mondes musulmans contemporains" (original) (raw)

Journées d'études organisées par la HALQA (association des jeunes chercheurs et chercheuses en sciences sociales spécialistes des mondes musulmans modernes et contemporains) 9 juin - 10 juin 2022 Site Descartes, Ecole Normale Supérieure de Lyon (Lyon) « Voices breaking the silence » : pour une (ré)écriture queer de la révolution syrienne Comme pour tout événement historique, la narration de la révolution syrienne (2011) a été principalement construite à partir de l’expérience des groupes majoritaires. L’étude proposée s’intéressera à l’élaboration, dans le cadre de l’activisme en ligne et de la production littéraire, d'une contre-narration visant à mettre en évidence le rôle joué par les minorités sexuelles dans ladite révolution. Tout d’abord, nous nous intéresserons au domaine de l’activisme LGTBQIA+ en ligne, en nous concentrant sur l’apparition, au sein de la plateforme SyriaUntold, d’une rubrique entièrement dédiée aux sujets sexuellement « non-normatifs ». En encourageant les groupes sexuels minorisés à prendre la parole, cette rubrique permet l’élaboration de narrations plus inclusives. Mais la tentative de raconter l’expérience minoritaire traverse également le domaine littéraire, comme nous essaierons de le montrer à travers l’analyse du roman Le dernier syrien de ‘Umar Yūsuf Sulaymān (2020). En s’éloignant des paradigmes traditionnels de représentation de l'homoérotisme et/ou de l'homosexualité masculine, l’oeuvre déplace les limites du dicible à l’intérieur de l’espace littéraire (Eribon, 2015) et met en scène une révolution qui s’avère être totale : à la fois politique, sociale et sexuelle. En combinant l’analyse textuelle avec le cadre théorique des études de genre, nous nous intéresserons aux différentes initiatives participant à une (ré)écriture queer de la révolution syrienne. Dans les articles et le roman considérés, l’adoption d’une « universalizing view » (Sedgwick, 1990 ; Hadeed, 2013) permet de dépasser l’opposition majoritaire/minoritaire et de comprendre la sexualité comme étant profondément floue et malléable. Mais l’application du concept de queer ne se limite pas à la sphère sexuelle : en s’opposant au binarisme simpliste du discours dominant, ce concept s’avère être particulièrement utile pour saisir la complexité du processus révolutionnaire même d’un point de vue sociopolitique.