Dépôts ou caches dans les constructions du Levant Sud au Bronze ancien ? (original) (raw)
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Bronzes et fers de Dax, Landes : La cachette d'un antiquaire-restaurateur au IV s. après J.-C
Gallia, 1996
En 1982, un ensemble d'objets en bronze et en fer fut découvert à Dax (Landes), malheureusement sans contexte précis. Composé de figurines divines de laraire (un grand groupe de Mercure avec socle, caducée, coq et bouc rapportés, un rare Esculape imberbe aux yeux d'argent et au bras anciennement réparé, sans son socle, une figurine de sanglier avec son socle et un socle en forme de rocher, sans emploi), de trois lampes aux caractères inhabituels, incomplètes ou à réparer, d'objets incomplets dont une rare douille de balance à fléau de bois, de poids de changeurs ovales ou carrés, disparates et d'outils en fer (herminette, marteau, barres, plaques, objets indéterminés), ce dépôt n'est pas le mobilier d'un laraire ni le trésor d'un temple. Ces 30 kg de métal, dont 9, 7 kg de bronze, ne représentent pas non plus le dépôt d'un fondeur mais la cachette d'un « antiquaire-restaurateur » rassemblant des oeuvres italiques et gallo-romaines des trois ou quatre premiers siècles de notre ère, qui avait, à l'extrême fin du IIP ou dans le courant du IVe s., réparé et complété des « antiquités » avant d 'être contraint de les confier à la terre.
Les habitats au Bronze Ancien au Levant sud
Bulletin du CRFJ n° 16, pp. 20-44, 2005
La maison est une base stratégique pour l'étude d'une civilisation donnée. En étudiant les habitats, il est possible de retrouver des indications sur le mode de vie de ses occupants, leur organisation sociale, leurs conceptions du monde, leurs besoins, leurs ressources, leurs coutumes mais aussi sur les techniques disponibles 1 . Dans cette étude, nous proposons une présentation chronologique des différents types d'habitations que l'on peut trouver tout au long du Bronze Ancien, au Levant sud.
C’est la découverte de deux sépultures du Bronze ancien au sud de Toulouse (Canségala, Le Vernet, Haute-Garonne) qui est à l’origine de cet article. Depuis la fouille (2005), quelques collègues nous ont transmis d’autres découvertes qu’il a semblé utile d’intégrer et de remettre en contexte. En effet, les sépultures individuelles de cette période restent très rares en Languedoc et les sépultures en jarres étaient inconnues jusqu’ici. La première sépulture de Canségala a été réalisée pour un adulte, probablement une femme. La sépulture en jarre, qui concerne un nourrisson, était implantée à une distance d’environ 8 m. Il avait été inséré par le siège, au sein d’un contenant dont la facture ne diffère pas de celle des productions domestiques. Quelques éléments de nature détritique (tessons, faune) issus d’une structure proche permettent de préciser le contexte de leur implantation. Leur découverte documente en effet une probable association funéraire au sein d’une aire domestique. Quant à la sépulture en jarre, elle permet l’évocation de plusieurs influences. Les seules comparaisons proches concernent des sites du Massif central (Auvergne) (Loison, 2003). Ces vases-sépultures de nourrissons peuvent être intégrés soit dans des aires domestiques soit dans des aires funéraires. Concernant les sépultures individuelles, elles demeurent rares dans le Sud de la France. En effet, la tradition chalcolithique des sépultures plurielles en coffres lithiques ou cavités y demeure vivace jusqu’au Bronze moyen. Les quelques sépultures individuelles (en silos ou en fosses spécifiques) ne semblent pas intégrées dans des cimetières, mais épouser un maillage diffus, peut-être lié à des cellules d’habitations, comme cela est attesté en Auvergne. Concernant la chronologie, les sépultures en fosses domestiques paraissent, pour l’instant, plutôt liées à la phase émergente du Bronze ancien, mais on connaît également à cette période des fosses spécifiques, clairement architecturées dans la vallée du Rhône. Les rares vases-sépultures recensés paraissent par contre tous se rapporter à un Bronze ancien plutôt évolué. Cette attribution semble être la même à plus large échelle, sur des sites où cette pratique est bien connue, comme pour le prestigieux gisement d’El Argar (phase 2, 1900 à 1600 cal. BC), (Siret et Siret, 1887 ; Cauwe dir., 2003), dans le Sud-Est de l’Espagne ou pour les sites sous abri de la vallée de l’Adige, dans les Alpes italiennes (Perini, 1971 et 1975 ; Nicolis, 1996 et 2004). Un des documents intégrés dans l’article, qui concerne un dépôt funéraire sous abri dans les Préalpes provençales (Les Baguarettes à Ménerbes, Vaucluse), permet de proposer une convergence avec les ensembles italiens, qui sont peut-être chronologiquement les plus précoces parmi les comparaisons proposées. Ceci ne suffit pas pour proposer une origine alpine du phénomène, ce domaine ne pouvant constituer qu’un relais régional par rapport à des influences encore plus éloignées. Ce qui complique la recherche d’une éventuelle genèse est que des sépultures de jeunes enfants en jarres sont également connues localement à la fin du Néolithique… Mais une origine locale n’est pas non plus convaincante, car un important hiatus documentaire demeure pour le Campaniforme et le Bronze ancien I. À cette étape, nous pouvons juste constater que l’utilisation d’un vase comme « matrice » d’inhumation pour les jeunes enfants a pu être sporadique à la fin du Néolithique avant d’être réellement ritualisée à travers de nouvelles influences lors du développement du plein Bronze ancien. The origin of this article lies in the discovery of two Early Bronze Age graves to the south of Toulouse (Canségala, Le Vernet, Haute-Garonne). Since the excavation (2005), some colleagues have informed us of other discoveries, which it seemed interesting to integrate and set in context. Individual graves of this period remain very rare in Languedoc and burials in jars were previously unknown. The first grave at Canségala was that of an adult, probably a woman. The burial in a jar, which concerns an infant, was placed at a distance of about 8 metres. The infant had been inserted buttocks first into a container that is no different from the domestic productions. Some elements of litter (potsherds, animal bones) from a nearby structure allow the context of their implantation to be defined. Their discovery provides material concerning a possible funerary association within a domestic area. The burial in a jar allows various influences to be evoked.The only close comparisons concern some sites in the Massif Central (Auvergne) (Loison, 2003). Such infant burials in jars can be integrated in either domestic or funerary areas. As for individual graves, they remain very rare in the South of France. The Chalcolithic tradition of multiple burials in stone cists or cavities was present until the Middle Bronze Age. The few individual graves (in silos or specific pits) do not seem to be integrated in cemeteries, but seem to be vaguely organized, maybe connected to dwelling cells, as attested in Auvergne. Concerning the chronology, graves in domestic pits seem, for the moment, to be related to the emergent phase of the Early Bronze Age, but clearly “architectured” specific pits are also known for this period in the Rhone valley. The few known burials in jars all seem connected to a more advanced phase of the Early Bronze Age. This attribution seems to be the same on a wider scale on sites where this practice is well known, such as the prestigious site of El Argar (phase 2, 1900 to 1600 cal. BC), (Siret and Siret, 1887; Cauwe dir., 2003) in south-eastern Spain or for the rockshelter sites of the Adige valley, in the Italian Alps (Perini, 1971 and 1975; Nicolis, 1996 and 2004). One of the documents integrated in the article which concerns a funerary rockshelter site in the Provence Prealps (Les Baguarettes, Ménerbes, Vaucluse) allows a convergence to be proposed with the Italian series, which may chronologically be the earliest among the proposed comparisons. This is not sufficient to propose an Alpine origin for the phenomenon, as that domain could merely constitute a regional relay for influences from much farther afield. What complicates the search for a possible genesis is the fact that burials of young children in jars are also known locally at the end of the Neolithic… However a local origin is not convincing either, because there still remains an important documentary hiatus for the Bell-Beaker culture and the Early Bronze Age. At this stage, we can merely observe that the use of a jar as a “burial container” for young children could have been sporadic at the end of the Neolithic before being truly ritualized through new influences during the development of the full Early Bronze Age.
2020
La création d’une Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) sur la commune de Lambres-lez-Douai par DOUAIS AGGLO, a motivé la réalisation de diagnostic. Le projet, nommé Ermitage 2, s’étend sur une superficie de 63,5 ha. Les diagnostics réalisés par Direction de l’Archéologie de DOUAISIS AGGLO ont donné lieu à neuf secteurs de fouille. L’opération 14-155 vient clore les neuf secteurs de fouilles prescrits par les services de l’État et fait suite au diagnostic de la Tranche 1. La prescription de fouille s’étend sur 5 086 m² et comprend l’exploration de deux monuments circulaires (1006 et 1007) repérés lors du diagnostic. Mis à part ces deux ensembles, les autres vestiges concernent des drains et des structures récentes. En tout 5 monuments circulaires ont été identifiés sur la ZAC. Un sixième est identifié sur la ZAC contiguë des Béliers à Brebières (62). Le monument 1006 Le monument 1006 est situé au sud de l’emprise de fouille. Il est constitué d’un enclos annulaire simple d’un diamètre externe d’environ 26 m. Son comblement a fourni quelques rejets charbonneux. La largeur du fossé varie entre 1,60 et 2,80 m. Le profil révèle un creusement à parois sub-verticales et fond plat. Les différentes coupes illustrent une séquence sédimentaire conservée entre 1,15 et 1,50 m de profondeur. De très nombreuses reprises sont identifiées, certaines sont sporadiques, d’autres se poursuivent dans plusieurs sondages. Elles traduisent vraisemblablement la volonté d’entretenir le fossé. Outre les phases de sédimentation que l’on retrouve pour les autres monuments, la présence sur le fond du creusement initial (tout du moins du plus ancien creusement observé) d’un fin niveau humifère pourrait être lié à la mise en place d’une litière végétale (aménagement anthropique ou dépôt organique naturel). On signalera également la présence, toujours sur le fond du fossé, d’un aménagement très localisé en craie compactée et nivelée. Au centre de la structure, l’apparition des lœss carbonatés lors du décapage suggère l’existence d’une butte. Il n’est malheureusement pas possible de déterminer s’il s’agit d’une levée naturelle ou d’un tertre central aménagé lors de la mise en place de l’espace funéraire. La limite inférieure de l’horizon illuvial rend compte de la présence d’un talus accolé au fossé sur plus de la moitié de la structure. Au centre de l’aire interne a été découvert une sépulture abritant un vase retourné contenant des os brûlés humains appartenant probablement à un individu masculin de taille adulte. L’urne à décor plastique et la gestuelle funéraire, caractéristique du Groupe des Urnes retournées, permettent d’attribuer l’ensemble à la transition entre le Bronze moyen I et le Bronze moyen II. Le monument 1007 Le monument 1007, au nord, est un fossé d’enclos annulaire simple, fermé et associé à deux fosses. Le fossé possède un diamètre externe de 13 m s’ouvrant sous un fin niveau de colluvion. Sa largeur oscille entre 0,50 et 1,10 m. Le profil révèle des parois obliques et un fond plat dans les sondages méridionaux tandis que les sondages occidentaux présentent un profil plus arrondi. La faible profondeur du fossé, entre 0,10 et 0,56 m est liée à l’érosion du secteur. La reconnaissance des différents horizons pédologiques permet de restituer l’existence d’un second fossé concentrique (20 m de diam.) entièrement arasé ainsi que la présence d’un talus entre ces deux fossés. L’existence d’un tertre central n’a pas été mise en évidence. L’aire interne a livré deux fosses. La première en position centrale a livré 6 tessons de céramique attribués à la Protohistoire ancienne. Une seconde fosse à proximité du fossé a livré les restes incinérés d’un enfant âgé de 3 à 10 ans. Une datation effectuée sur charbon de bois date la structure entre le Bronze ancien II et le Bronze moyen.
Dépôts et cachettes : permanence et valeur dans la préhistoire paléolithique
in : M. Groenen (dir.), La préhistoire au quotidien. Mélanges offerts à Pierre Bonenfant, 1996
S’il est un point qui ne semble guère devoir être remis en question pour les préhistoriens, c’est bien celui de l’indifférence des Paléolithiques vis-à-vis de la notion de valeur et leur non-attachement à l’espace. L’homme paléolithique a été dès le départ considéré comme un sauvage vivant dans des conditions précaires, perpétuellement en mouvement pour s’assurer une nourriture assurant au mieux sa survie. Nul attachement au sol ne les fixe à un endroit, les hommes du Paléolithique sont des êtres inéluctablement errants... Il n’est peut-être pas inintéressant de s’interroger sur le présupposé qui sous-tend cette évidence du nomadisme errant des populations paléolithiques...