Début des Lumières ou simple plagiat? La très voltairienne préface de l’histoire de Şanizade Mehmed Ataullah Efendi (original) (raw)
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Érudition historique et philologique de l’âge classique aux Lumières
Livret-annuaire, 2023
Cette année universitaire, la première depuis 2020 où les conférences aient pu être données presque normalement 1 , a été tout entière consacrée à Fénelon, plus précisément à l'inlassable campagne antijanséniste à laquelle il consacra, durant les quinze dernières années de sa vie, l'essentiel de son activité. On s'est efforcé de mener une étude proprement historique, évitant le Charybde d'un réductionnisme mesquin, où tout est ramené aux intrigues et aux complots de la petite histoire ecclésiastique, comme le Scylla d'une approche purement internaliste, décontextualisée et désincarnée : ce que Bruno Neveu appelait « une nomenclature pour théologiens, attentive aux seuls systèmes, inexacte par trop d'abstraction ». Une attention particulière a donc été, comme toujours, portée au rôle tenu dans ces controverses par les arguments qui relèvent de l'érudition historique et philologique : discussions textuelles et références à l'histoire ecclésiastique. On persiste à penser, aussi bien, que se placer au croisement de l'histoire des doctrines théologiques et de l'histoire des pratiques savantes est le meilleur voire le seul moyen d'éviter la paraphrase. Certains contemporains se plaignaient déjà que M. de Cambrai « chargeât le public de tant de volumes, pleins de répétitions désagréables », et il faut bien dire que le reproche n'est pas sans quelque fondement. Si l'on a une autre ambition que de rajouter à ce massif une gangue redondante et stérile, il faut étudier ce que Fénelon et ses adversaires faisaient vraiment. Bruno Neveu illustrait l'approche historique de ces controverses en citant une lettre de décembre 1692 à Louis-Paul Du Vaucel, où le P. Quesnel, après avoir « apprécié les forces en présence en vrai général d'armée », concluait : « Il est aisé de voir que toutes les matières se tiennent ». On a donc commencé par insister sur le lien entre la défaite de Fénelon dans la querelle quiétiste et l'ardeur qu'il mit, aussitôt après, à relancer la controverse janséniste. On le voit d'emblée dans la polémique autour de l'édition mauriste de saint Augustin en 1699-1700. M. de Cambrai savait fort bien que les mauristes, notamment Mabillon, rédacteur de la préface générale, avaient été nettement « meldistes » dans l'affaire des Maximes des saints, et qu'ils avaient même travaillé contre lui à Rome. Ce fut sous l'influence de cette expérience qu'il examina le Saint Augustin et suivit de très près-sa correspondance en fait foi-, la polémique à laquelle l'édition donna lieu, en adoptant sans réserve toutes les accusations lancées contre elle par les pamphlétaires jésuites. Peut-être rédigea-t-il dès lors son De generali praefatione Patrum benedictinorum in novissimam sancti Augustini operum editionem epistola ad ***, demeuré inédit, dont on a donné un
L'Art de la préface au siècle des Lumières
This volume brings a complementary view on the allograph introductions to diverse texts from the French eighteenth century. The papers show how the introductors become more and more erudite, and transform progressively into scholarly editors, often members of academia. The introductory text becomes more and more autonomous, able to live its own publishing life in certain cases, detached from the material for which it was initially conceived.
Depuis une trentaine d'années, l'Arabie revient au coeur du débat scientifique. Ce regain d'intérêt provient tout d'abord de l'importance des découvertes archéologiques qui se multiplient depuis que des fouilles y sont entreprises. Il trouve également son origine dans les thèses radicales de certains chercheurs, britanniques et américains pour la plupart, qui prétendent que l'islam s'est fonné non pas en Arabie au début du Vif s. comme le soutient la Tradition, mais beaucoup plus tard, du côté du Bas-Euphrate ou oe la Palestine méridionale. Le Coran ne serait donc pas le recueil des discours inspirés de Muhammad, rassemblés aussitôt après sa mort, mais un ensemble composite, compilé deux siècles plus tard, en Mésopotamie méridionale.
« Les préfaces de "La Henriade", ou comment fabriquer une épopée au siècle des Lumières »
Daniel Maira et Jean-Marie Roulin (dir.), « "La Henriade" de Voltaire : poésie, histoire, mémoire », Paris, Honoré Champion, 2019
Marquée par les débats sur les Anciens et les Modernes relancés en France entre 1714 et 1716, la genèse de "La Henriade" témoigne du devenir de la poésie à l’aube des Lumières, explorant la possibilité d’une épopée moderne adaptée au nouvel esprit qui souffle sur l’Europe. Engagée politiquement et philosophiquement, la conception du poème épique, telle que l’élabore le XVIIIe siècle, offre un espace énonciatif où la poésie et l’Histoire peuvent se rencontrer. Dotée d’une dimension ‘philosophique’, l’épopée non seulement « fait place aux représentations qu’une époque se construit de son passé, mais elle intègre également des questions et des savoirs qui sont au centre de ses préoccupations » (J.-M. Roulin) ; autrement dit, elle ‘fabrique’ un passé comme leçon sur le présent. Au poème épique, en outre, revient la tâche de célébrer les valeurs collectives d’une nation, ce qui donne un crédit prodigieux à sa leçon morale et politique. Cette conception de l’épopée offre donc un creuset où s’articulent l’esthétique, les sciences de l’homme et le politique, et ouvre de multiples enjeux tant sur le plan de la réflexion poétologique que sur celui de l’écriture de l’Histoire. Dans le sillage des recherches effectuées par Philippe Roger et Jean-Marie Roulin sur l’épopée des Lumières , cet article se propose d’étudier, à travers l’analyse des préfaces de "La Henriade" (les préfaces de Linant, celle de Marmontel et l’avant-propos de Frédéric II, roi de Prusse), l’ampleur de ces enjeux, en essayant de dégager le sens historique, politique ou philosophique des choix poétiques effectués par Voltaire.
Les Lumières aux prises avec l'histoire : les impasses du « Discours préliminaire » de D’Alembert
Anuario del departamento de Letras Modernas de la Facultad de Filosofía y Letras de la Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM), 2023
Vers 1750, les philosophes ont commencé à se considérer comme les représentants d’un nouveau pouvoir spirituel destiné à affranchir définitivement la raison du “joug ecclésiastique” et à guider “l’humanité” vers une nouvelle ère de progrès. L’accomplissement de cette mission aurait cependant été dépourvu de tout fondement sans l’élaboration d’une réflexion historique capable de légitimer le rôle que les hommes de lettres avaient commencé à s’arroger. Ainsi, cet article se propose d’explorer pourquoi les Lumières ont été contraintes de se saisir d’une question dont la formulation remonte à la chrétienté médiévale et dont les penseurs du XVIIIè siècle ont hérité à la manière d’une dette incontournable : quel est le sens de l’histoire comprise comme un tout ? Il s’agit d’aborder cette “hypothèque historique” à travers l’étude de l’un des textes fondamentaux qui a tenté de répondre à cette question par des moyens inédits : le Discours préliminaire de Jean Le Rond d’Alembert, publié en 1751 à la tête du premier volume de l’Encyclopédie. La philosophie de l’histoire que D’Alembert esquisse dans cet écrit met en évidence à la fois les certitudes et les stratégies des Lumières et les tensions qui naissent de leur tentative de fonder une nouvelle conception du processus historique. Mots-clés: Philosophie moderne; philosophie française; Jean Le Rond d’Alembert; Encyclopédistes; Lumières
Romantisme n°141, Asiles et fous, 2008
Par quels chemins en est-on arrivé à éditer des divagations d’aliénés dans un livre de littérature ? La première moitié du XXe siècle a vu s’effectuer la légitimation culturelle d’un type de textes très spécifique : les écrits pathologiques d’aliénés « délirants ». Perçus, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, comme du matériel clinique de première importance quant à l’établissement d’un diagnostic, ces textes, collectés, retranscrits, cités et commentés par les psychiatres dans diverses publications spécialisées ont peu à peu rencontré un autre public, étranger à la sphère médicale, qui leur a conféré le statut d’oeuvres littéraires – les fous du XIXe siècle venant ainsi hanter l’imaginaire du XXe. J’apporte ici quelques éléments nécessaires à la compréhension de ce glissement catégoriel majeur qui permet de saisir à la fois l’évolution des mentalités dans leur appréhension de la folie, et celle de la littérature au moment où elle tente de redéfinir ses propres frontières.
«Imperator Turchorum. Bayezid Ier et la transformation impériale de l’émirat ottoman»
Conférence dans le cadre de la table ronde "Empires en marges. Expérimentations impériales dans l’Europe du Moyen Âge" Les rendez-vous de l'Histoire, Blois jeudi 8 octobre, 14h - 15h30 Préfecture, Salle de réception avec Pascal BURESI, directeur de recherches au CNRS, Dominique IOGNAPRAT, directeur de recherches au CNRS et à l’EHESS, Fanny MADELINE, pensionnaire de la Fondation Thiers au CNRS, Dan Ioan MURESAN, maître de conférences à l’université de Rouen, Hélène SIRANTOINE, chargée de cours à l’université de Sydney. La table ronde traite des usages de l'empire dans les espaces britannique, ibérique/maghrébin et orthodoxe/ottoman au Moyen Âge, entre imitation des modèles consacrés - empires romain, carolingien, byzantin - et adaptation à des contextes spécifiques.