Vérité révélée, vérité cachée. Méfiance, authenticité et vulnérabilité dans les pentecôtismes en Suède (original) (raw)

Vivre le surnaturel de manière naturelle: rituels pentecôtistes et pulsions spirituelles en Suède

L'Homme. Revue française d'anthropologie, 2023

Distribution électronique Cairn.info pour Éditions de l'EHESS. Distribution électronique Cairn.info pour Éditions de l'EHESS. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-l-homme-2023-3-page-133.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

Vérités surprenantes ou Pourquoi il est difficile de croire au Credo

Les croyances caractéristiques du christianisme ne sont manifestement pas faciles à adopter. Pourquoi ? Le concept de surprise épistémique, tel qu'utilisé par Roger Pouivet permet d'amorcer une réflexion théologique éclairante. Dieu nous surprend, mais cette n'est pas sans raisons et peut même avoir pour effet de croire au articles de la foi chrétienne.

Foi et perfidie à la croisade albigeoise selon les troubadours

Confiance, bonne foi, fidélité : la notion de Fides dans la vie des sociétés médiévales (VIe-XVe s.), Actes du colloque de l'ICES (La Roche-sur-Yon), 16-17 octobre 2012, dir. Wojciech Falkowski et Yves Sassier, Paris, Classiques Garnier, 2018, p. 239-256. , 2018

La fides (fe ou fei en langue d'oc) est une notion centrale dans la trentaine de sirventes dénigrant la croisade albigeoise. Engagées, ces chansons récriminent contre les adversaires de leurs auteurs et commanditaires. Pour réussir dans cette propagande, leurs attaques ad hominen se fondent largement sur les contrevaleurs de la foi, de la confiance et de la parole donné que fomente la falsa croisada : perfidie, trahison, mensonge, hypocrisie… Elles développent enfin le thème de la décadence, qu'elles associent souvent au bouleversement des normes du droit féodal que provoque l'invasion venue du nord.

"Nous les gagnerons un à un !" Pentecôtisme et conversation prosélyte en Suède contemporaine

Prosélytismes. Les nouvelles avant-gardes religieuses, 2016

À travers le cas du pentecôtisme suédois, j’interroge les modalités du dialogue entre christianisme et sécularité. La Suède est reconnue comme « l’un des pays les plus sécularisés » de la planète. Même si cette perspective comparatiste qui procède par nivellement des différences n’en dit que peu de la singularité de chaque modèle de sécularisation, il est intéressant d’étudier le travail d’évangélisation sur un territoire où le religieux semble avoir perdu la bataille politique et historique qui vise à le contenir dans la sphère privée, pour mieux le domestiquer, au sens littéral du terme, et exclure ses supposés penchants « irrationnels » des processus de décisions collectives, qui selon la logique séculière ne devraient être fondés que sur la « rationalité » sous peine d’être corrompus. Il en résulte aujourd’hui un religieux discret pour ainsi dire, qui a donné lieu à l’émergence d’un « pentecôtisme docile », dont les efforts d’évangélisation sont presque invisibles. Ils n’ont en tout cas rien de commun avec la dimension spectaculaire des « croisades » que l’on peut observer ailleurs. Comment le « prosélytisme » des pentecôtistes suédois en est-il venu à offrir le visage qu’il donne à voir aujourd’hui ? Doit-on y voir l’influence du séculier si prégnant dans ces contrées ? Et si oui, quelles leçons le pentecôtisme a-t-il tiré de sa conversation avec le génie séculier ? Que nous enseigne ce cas sur l’analyse du « prosélytisme » au plan théorique ? En partant d’un récit de conversion d’un pentecôtiste suédois, et en le situant dans son contexte et son ancrage historique, je propose ici une analyse des transformations qu’ont connues les techniques prosélytes en Suède dans les trois dernières décennies. Conjointement, je tente d’interroger ce qui est à l’œuvre dans l’action « prosélyte » au plan anthropologique. Je propose ainsi une réflexion sur la catégorie de « prosélytisme » elle-même, qui ne fait sens que dans le dialogue entre le "séculier" et le "religieux", dans le cadre de pensée séculariste aujourd’hui hégémonique en Europe du Nord.

Les musiciens du Christ. L'esthétique du pentecôtisme suédois

Science & Vidéo 4, 2013

Les mécanismes de liaison des humains à leurs dieux ont beaucoup en commun avec ceux de la relation qu'ils entretiennent à la musique. Ainsi les êtres humains se laissent-ils agir par « un objet » auquel ils accordent une capacité d'agir autonome (agency) tout en étant eux-mêmes producteurs de la présence fugitive de ce dernier. La musique composée et interprétée par les hommes agit sur eux de manière analogue à la manière dont Dieu peut agir dans le monde ; à savoir, par le biais d'un dispositif d'actions, de savoir-faire et d'objets à travers lesquels ces « choses » immatérielles, ou ces non-humains, sont accrochés au réel . Mis en présence à travers un tissu de médiations hétérogènes par les hommes, la musique[2] et l'être divin possèdent tous deux un pouvoir[3] sur les agents producteurs de leur présence au monde : par une savante opération de récursivité, ils sont en mesure de les porter dans l'action, les inspirer, leur transmettre une émotion, les subjuguer ; tout cela indépendamment de leurs créateurs patentés. Dans leur immatérialité et leur invisibilité, ils offrent la possibilité d'être pensés comme « objets » agis et agissant indépendamment de l'action de ceux qui les agissent en premier lieu. Analogues par la théorie, ils sont aussi mis en lien dans la pratique chez les pentecôtistes et dans le rite chrétien en général. Est-il, en effet, une messe qui se déroule sans musique ou sans chant de par le monde[4] ? Les croyants ne disent-ils pas ressentir la présence de Dieu au plus fort quand la musique est à son point d'orgue ?