Itinérance, santé mentale, justice (original) (raw)

Itinérance - Rapport PSI

2019

Rapport de recherche sur les personnes en situation d'itinérance au Saguenay-Lac Saint-Jean (Québec)

Itinérances et dissimulation

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2020

Partir, c'est mourir un peu, C'est mourir à ce qu'on aime : On laisse un peu de soi-même En toute heure et dans tout lieu. Edmond Haraucourt, Rondel de l'adieu, 1890. 1. À propos des traces laissées par les voyageurs. Les mots d'Edmond Haraucourt, cités en exergue, décrivent avec simplicité une réalité complexe : l'expérience de l'arrachement à un lieu familier pour se mettre en route. Laisser un peu de soi-même, mourir à ce qu'on aime : des conditions qui nous rappellent que le départ et le déplacement constituent un temps privilégié où notre perception est plus pénétrante et nos sens mobilisés par des sollicitations hors de l'ordinaire. On dirait que ce « laisser un peu de soi-même […] en toute heure et dans tout lieu », fait appel justement à la théorie de la perception anciennement formulée par Démocrite, reprise par la tradition pythagoricienne et, en partie, par Épicure. Il s'agit d'un imaginaire qui prévoit un monde constitué par des atomes imperceptibles émanant des choses et formant des « simulacres » : les images des objets que nous voyons. Quand nous les regardons, les objets projettent un flux de visibilité qui va à l'encontre d'un flux de vision, émis par l'oeil. La rencontre des deux émissions d'atomes imperceptibles produit l'image, appelée « simulacre ». Ainsi pour Edmond Haraucourt : l'arrachement produit par un départ bouleverse nos points de repères. Le processus habituel de notre perception du monde en est modifié si bien que, si nous conjuguons très hasardeusement la théorie épicurienne de la perception et le couplet du poète, nous pourrions affirmer que les « simulacres » mentaux, que nous nous construisons au cours de l'itinérance exigent un tel effort d'adéquation aux réalités nouvelles, qu'une sorte d'épuisement perceptif consumerait, en cours de route, les émanations de nos sens. La disparition de ce petit reste, déchet de notre personnalité qui n'est plus la même, une fois quittée la résidence principale, nous rendrait différents, nous offrirait l'opportunité de dissimuler notre vraie nature sous des apparences fictives, adaptées à la nouvelle situation. Alain Medan semble faire allusion à cet écart quand il écrit : Et lorsque nous nous évadons (…) ne cherchons-nous pas, aussi triviale soit-elle, une vérité ? Un sens qu'entre nos mur nous n'avons su retenir : qui, ici, nous échappe ? (…) Pourquoi ceux qui s'« éveillèrent » (s'ouvrirent à Quelque Chose cette fois bien considérable, qui jusqu'alors leur échappait) se déplacèrentils 1 ? Que ce soit une quête de sens, comme nous le suggèrent ces quelques lignes, ou une perte des sens, le voyage ne laisse pas indemne. Pour saisir ce phénomène dans toute sa richesse, il serait nécessaire de convoquer l'ensemble des disciplines qui étudient la sphère anthropologique de l'itinérance, comme la psychologie du voyage 2-ainsi que la psychopathologie du voyage 3-, l'anthropologie du voyage 4 , la sociologie du voyage 5 , et ainsi de suite.

Le Rôle De La Prison Dans La Production De L'Itinérance

1998

Les représentations de l'itinérance se sont grandement transformées au cours de l'histoire. Au tournant du siècle, l'itinérant était perçu comme un consommateur excessif d'alcool. La centration sur ce problème n'était certainement pas étrangère au fait qu'à cette époque, l'alcool était perçu comme un problème social important. Bien que cette représentation d'un groupe relativement homogène dans lequel s'inscrivait l'itinérant se soit maintenue pendant de très longues années, dans les années '80, de nouveaux portraits d'itinérants émergent. Ces derniers tendent à présenter l'itinérance comme une source potentielle de dangers multiples. Nous verrons, dans cette partie, quels sont les éléments qui ont permis de construire la catégorie «itinérance» comme une catégorie à risque et dangereuse à la croisée d'une diversité de problèmes sociaux, et qui ont fait d'elle une des cibles privilégiées de la gestion sociale. 1.1 L'itinérance 1.1.1 Une catégorie obscure et sans limite : l'itinérance L'itinérance est un phénomène difficile à saisir. Sur ce point d'ailleurs, les nombreuses appellations pour rendre compte du phénomène, souvent utilisées comme des équivalents dans la littérature, en témoignent : itinérant, sans abri, vagabond, errant, sans domicile fixe, robineux, clochard, hobo, jeunes de la rue, homeless, houseless, vagrant, transient. Ce flou n'est toutefois pas récent puisque, comme Geremek le soulignait dans son étude sur les sociétés traditionnelles de l'Europe préindustrielle, «...la terminologie reste flottante, la diversité même des termes et des notions employées atteste que des incertitudes subsistent et que les situations sociales qu'ils doivent désigner sont loin d'être figées» (Geremek, 1980 : 109). Ce qui caractérise l'itinérance à travers l'histoire, c'est cette absence de consensus concernant sa définition. Bien que les différentes terminologies utilisées par les auteurs tendent à désigner certains faits saillants de la catégorie, en mettant l'accent sur certains aspects de la problématique, il demeure néanmoins impossible de dessiner clairement les

Voyage et Errance

L'exercice auquel je vais me risquer est périlleux ; je vais tenter de me rapprocher sous plusieurs angles de Nicolas Bouvier, dont je ne suis pas un spécialiste mais un lecteur, d'une certaine façon un élève, et un compatriote aussi. Je voudrais rendre compte d'une expérience de lecteur, de philosophe (le voyage et l'errance comme thème), de compatrioteet de jeune auteur qui salue un inspirateur.

LES MINEURS ET LA JUSTICE

La responsabilité pénale du mineur délinquant fait l'objet d'aménagements spécifiques. En effet ,le mineur ,être en construction, ne doit pas être traité comme un majeur. Trois grands principes gouvernent la responsabilité pénale des mineurs:

Dahlia Namian - La santé mentale (re)visitée, aux frontières du lien social et politique : itinérance et fin de vie

Résumé Le champ des pratiques et des savoirs entourant le mental pathologique a, depuis les quatre dernières décennies, connu différentes recompositions. Aujourd’hui, le souci « démocratique » inédit envers toute forme d’atteintes à la subjectivité, allant de la détresse psychique à la souffrance sociale, montre que la santé mentale est devenue l’une des dimensions transversales constitutives du « nouvel esprit des institutions », irréductibles à celles de la psychiatrie et de la psychopathologie. Or à côté de cet univers social ordinaire et public subsiste un « autre » univers de la santé mentale, souvent dramatique et peu visité, aux frontières mêmes du lien social et politique. C’est cet « autre » univers de la santé mentale qui est interpellé dans cet article, par le biais de résultats d’une enquête de terrain menée sur deux scènes a priori hétérogènes, limites et atypiques : l’itinérance et la fin de vie. Abstract The field of practice and knowledge surrounding mental health and illness has seen a number of reconfigurations over the last four decades. Today, the new “democratic” concern about any form of attack on subjectivity, ranging from psychological distress to social suffering, shows that mental health has become one of the transverse dimensions of the “new institutional spirit” and that these dimensions cannot be reduced to those of psychiatry or psychopathology. Yet, alongside this ordinary, public, social world exists “another” world of mental health, often dramatic and little seen, at the very boundaries of the social and political fabric. It is this “other” world of mental health that is explored in this paper, through the results of a field survey conducted in two areas that would appear to be heterogeneous, borderline and atypical : homelessness and the end of life.