Bilan historiographique d’un héritage bâti : Le cas de l’architecture et l’urbanisme au Maroc (1880-1960) (original) (raw)

Éditorial : l’architecture, objet d’histoire(s)

’atelier de la recherche. Annales d’histoire de l’architecture # 2020 et 2021 #, 2023

Marie Beauvalet et Éléonore Marantz, « Éditorial : l’architecture, objet d’histoire(s) », Éléonore Marantz (dir.), L’atelier de la recherche. Annales d’histoire de l’architecture # 2020 et 2021 #, travaux des jeunes chercheurs en histoire de l’architecture (années universitaires 2019-2020 et 2020-2021), Paris, site de l’HiCSA, 2023.

Hybridités architecturales en Tunisie et au Maroc au temps des Protectorats : orientalisme, régionalisme et méditerranéisme, in Destaing Emilie, Trazzi Anna (éd.), Consciences patrimoniales, Bologne, 2009.

est historienne de l'art, chercheure post-doctorante à l'Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain à Tunis où elle dirige le programme intitulé : « Contribution par l'archive, au renouveau de l'histoire coloniale. Evolution des villes maghrébines sous domination française et italienne. Urbanisme, architecture, patrimoine ». Elle est l'auteur de plusieurs articles sur la politique patrimoniale et la fabrication de la ville nouvelle de Fès durant la période coloniale.

Journée d'étude: L’usage des références patrimoniales dans l’architecture publique algérienne de l’ère post-indépendance

2023

Les écrits des dernières décades sur la production architecturale en Algérie, après l’indépendance en 1962, ont laissé transparaître un niveau d’insatisfaction global sur ses niveaux de références culturelles et stylistiques. A cet égard, la prolifération systématique de quelques modèles d’architecture qui demeurent étrangers aux caractères particuliers de notre patrimoine historique, avait impulsé une confusion et une hétérogénéité dans la dialectique : ancien / nouveau. La rupture de la continuité historique se manifestait souvent par des logiques d’implantation et des typologies architecturales, accentuant ainsi le fossé entre l’existant et le nouveau projet. En Algérie ; la crise de l’architecture ressentie jusqu’à nos jours, fut déterminée tantôt par une adoption passéiste des stéréotypes stylistiques nationaux, tantôt engendrée par une réflexion trop abstraite déterminée par une importation de modèles occidentaux –alibi à la modernité- plutôt que reflet d’une histoire, d’une culture et des besoins des utilisateurs. Aujourd’hui, à l’aube du troisième millénaire, l’architecture des nouveaux projets d’architecture en Algérie demeure à cheval entre deux positions : celle de la fidélité aux anciennes formes de l’histoire, et celle de la volonté d’emboîter le pas aux nouvelles technologies du bâtiment et du numérique. Le soulèvement d’un certain nombre de questions dans le cadre de cette journée d’étude sur l’architecture des bâtiments, leurs configurations urbaines ou leurs références stylistiques, tendra à apporter à travers notre bilan critique, quelques éléments de débat sur les possibilités de construire aujourd’hui, en étant attentifs aux patrimoines historiques comme aux façons de vivre. Cette conviction nous oblige à discerner dorénavant, dans l’analyse du patrimoine histori¬que national les références patrimoniales, devant intégrer l’architecture algérienne du troisième millénaire ; qui s’affiche à consonance de “globalisation”.

« Bâtir avec le temps : pour une histoire critique de l’architecture »

Revue Electronique Des Sciences Humaines Et Sociales, 2012

Marvin Trachtenberg désigne son dernier ouvrage comme une 'tentative d'archéologie culturelle' (T. BIT, p. 385). Dès l'ouverture du premier chapitre il montre l'écheveau dans lequel est pris son entreprise : « Ce livre traite de l'architecture d'un passé éloigné, mais il concerne également le présent. C'est à travers le présent qu'on voit le passé, cependant qu'inversement la pratique architecturale du passé sert à éclairer la culture architecturale contemporaine ainsi que les questions de temporalité qui lui sont vitales : le sens étant généré par l'interaction de l'identité et de la différence […]» (T. BIT, p. 1). Le lecteur prévenu par une longue préface saura que ces phrases ne correspondent en rien à quelque formalité d'entrée en matière, mais qu'elles esquissent le plan de ce livre. Building-in-Time, From Giotto to Alberti and Modern Oblivion, propose (chose devenue rare) un récit historique associé explicitement à un discours critique et théorique. La narration concerne la pratique architecturale dans les grands centres urbains de l'Italie centrale-en particulier Florence-« depuis l'époque de Giotto jusqu'à l'entrée en scène d'Alberti » (T.BIT, préface, p. XXI), c'est-à-dire de la fin du treizième au quinzième siècle. La réflexion théorique s'articule à partir d'une analyse de la dimension temporelle de l'édification. Elle part de cette simple constatation qu'à l'époque le temps nécessaire à la construction des grand édifices civils et religieux excédait le plus souvent la durée de vie des protagonistes de leur réalisation. Ce constat porte à conséquence puisqu'il remet en question l'ensemble des notions qui nous servent à appréhender l'architecture en tant que projet : c'est-à-dire comme objet d'une intention. L'analyse qui sous-tend cet ouvrage est que la conception d'une rupture franche entre le gothique et la Renaissance, si commode soit-elle du point de vue de la narration de l'histoire, nous cache en fait une dimension essentielle de son développement. Elle détourne l'attention de l'élément de continuité que constitue la pratique constructive de l'époque 'médiévale-renaissante'. La méconnaissance de la nature, de la résilience et de la persistance de cette pratique, si profondément différente de celle nous connaissons aujourd'hui, occulte la complexité des modalités selon lesquelles la modernité a trouvé à s'installer : la façon dont elle s'est d'abord insinuée dans le champ des idées pour donner lieu à l'élaboration d'une théorie de l'architecture (Leon Battista Alberti, De re aedificatoria)-une idéologie du projet, formulée à l'encontre de la praxis contemporaine-avant que d'engager la pratique de l'architecture dans la voie tortueuse d'une transformation fondamentale mais extrêmement longue à s'accomplir. Son propos est donc non seulement de retracer les contours de cet art de l'édification, d'élucider ses fondements conceptuels et ses implications esthétiques, mais aussi (et par là-même) de requalifier le passage du moyen-âge à la modernité, une articulation décisive dans notre compréhension de l'histoire de l'architecture. Voir et comprendre les éléments de continuité, équivaut à se donner les moyens pointer avec plus de précision ce qui change véritablement au cours du Quattrocento ; en tout cas à se départir d'une conception qui, sur base d'une appréciation de la 'rationalité' de la Renaissance, évacue ce qui précède comme son contraire : tâtonnements inconscients, inconsistants, … Ce préjudice est inscrit dans la tradition historiographique depuis ses origines allemandes. Afin de saisir l'esprit (Zeitgeist) et de définir l'élan artistique (Kunstwollen) d'une époque, on cherche à la démarquer des autres et on privilégie ce qui permet de la considérer comme une unité. Ce procédé génère une vision de l'histoire organisée en époques successives, caractérisées par leur position et leur rôle final dans ce grand mouvement qui mènerait 'inexorablement' au temps présent. Par sa tendance à ne prendre en compte que ce qui participe à la progression, cette approche est contaminée par l'historicisme (la logique trompeuse dénoncée par Karl R. Popper, The Poverty of Historicism, 1967). Trachtenberg remarque que ce penchant est favorisé par la structure linéaire du récit. Celle-ci se prête à l'exposé des rapports horizontaux entre les événements, au compte-rendu du mouvement diachronique-d'un évènement à l'autre-mais elle est peu propice à la recension des turbulences qui agitent le cours de l'histoire. Historien de l'architecture, spécialiste du Trecento et cependant suffisamment généraliste pour avoir écrit la plus grande partie d'un aperçu général de l'architecture « de la préhistoire jusqu'au postmodernisme » (T & H,

La construction du fait patrimonial : exemple de l’héritage portugais au Maroc

La construction du fait patrimonial : exemple de l'héritage portugais au Maroc Nous allons aborder dans ce texte le cadre des mutations patrimoniales de l'héritage bâti par les Portugais tout au long de la côte atlantique du Maroc, la particularité de cet héritage architectural étant que ses références culturelles sont absolument hétérocentrées, tout à fait étrangères aux lieux, et ce, pas seulement en raison de leur vétusté mais surtout pour les références liées à la culture, à la tradition, à la religion ainsi que pour les références typologiques, ces dernières étant extrêmement significatives à cause de leurs origines militaires.

Le Façadisme à l'épreuve de la conservation du patrimoine récent au Maroc Exemple des villes de Rabat et de Casablanca

2021

Le façadisme, cette pratique architecturale qui s'est établie en Europe durant les années 1970-1980, a fait son entrée au Maroc début des années 2000, comme un procédé de rétention de façades historiques, des parois extérieures des bâtiments anciens, ou comme la création de répliques de ces façades avec des édifications nouvelles ayant un caractère contemporain à leurs intérieurs. La façade, l'une des composantes majeures d'un édifice, joue un rôle d'interface avec le monde extérieur en véhiculant plusieurs types de messages, qu'ils soient implicites, explicites ou symboliques, offrant ainsi un continuum linéaire de la rue. L'attachement populaire à cet héritage urbain rend le patrimoine difficile à démolir et résiste tant bien que mal à ce désir de réexploiter son foncier rare. Le fondement théorique comporte un essai de préservation de l'image historique en sauvegardant systématiquement les façades de bâtiments anciens d'une valeur patrimoniale situ...

L'héritage architectural colonial Possession et patrimonialisation contestées Cas de l'Algérie

AMJAU African and Mediterranean Journal of Architecture and Urbanism, 2020

L'héritage colonial ne cesse de se développer en une branche du domaine de conservation et de mise en valeur tant au plan scientifique qu'en pratique de sauvegarde. Cependant, son statut présente une problématique aigue du fait de son appartenance controversée. La diversité de son appellation; «patrimoine partagé », « patrimoine d'Outre-mer », « patrimoine du XIX-XX ème siècles » contournant le terme colonial (ICOMOS 2007, 41) 1 en vue d'obtenir des aides financières, surtout des pays ex-colonisateurs, n'a pas empêché la continuation des débats académiques et politiques houleux sur la nature de sa possession et son statut. L'article présente d'abord la problématique de sa patrimonialisation qui fait face à la mémoire anticoloniale et à sa possession contestée, et analyse les champs de confrontation à la lumière de sa présence sémantique et de sa valeur d'usage. Au plan pratique. Il vise à établir une approche binaire basée sur la sémiotique et l'utilité, et cela en vue de l'encadrement de la pensée académique d'une part, et des opérations de sauvegarde d'autre part.

Le rapport ordinaire à l’héritage bâti de l’époque de la colonisation française en Algérie : L’exemple de l’hôtel de ville de Kherrata (Bejaia)

L'Année du Maghreb, 2018

La question de la reconnaissance patrimoniale ne dépend pas seulement des institutions et de la législation, mais aussi de la société. Le présent article traite de la question du rapport de la population locale à un héritage de la période coloniale française, à savoir l’hôtel de ville d’une petite agglomération algérienne située au nord-est du pays : Kherrata (Bejaia). Il entend, de ce fait, alimenter la réflexion scientifique sur la question de la patrimonialisation de ce cadre bâti. Quel rapport entretient la population avec l’hôtel de ville d’architecture coloniale ? Quel est son rapport aux autres bâtiments de l’époque coloniale ? Comment avec le temps se construisent les représentations sociales du bâti colonial ? À ces questions, le présent travail apporte des éléments de réponse et cherche à ouvrir la réflexion sur le rapport ordinaire des populations au bâti colonial. La méthodologie choisie combine la connaissance architecturale et urbaine de la ville avec un questionnaire destiné à comprendre les représentations que se fait la population de ce bâti comme objet patrimonial.