1940 - 1944 : « On meurt de soif » mais les eaux sont mortes. La portée symbolique de l’eau chez les écrivains français sous l’Occupation (original) (raw)

L'eau comme élément symbolique dans "La Chartreuse de Parme" de Stendhal, dans "Les Années" de Virginia Woolf et dans "Le Guépard" de Tomasi di Lampedusa

2017

En La Cartuja de Parma de Stendhal, Los Años de Virginia Woolf y en El Guepardo de Tomasi di Lampedusa, el agua está presente como elemento simbólico y se carga de sentidos profundos. En La Cartuja de Parma el agua remite a la nostalgia de la patria idealizada, Italia. En particular el recuerdo de la vista del lago de Como, antes de que el escritor abandonara Italia en 1821, aparece recurrentemente en el texto. Este lago es « sublime » a los ojos de Fabricio, para quien « nada tan bello se puede ver en el mundo ». Como muestra Gaston Bachelard, el agua puede asumir un doble sentido, maternal y de ensueño. La obra de Stendhal es la perfecta ilustración de ello. En Los Años, los personajes, mirando el agua, parecen revivir las mismas experiencias interiores que la escritora había vivido y descrito en su diario íntimo. Del agua emergen las imágenes del pasado de Rosa. Se trata de un pasado enterrado aún doloroso. De esa manera el agua fascina a los personajes que se paran a contemplar,...

Ecrire l'eau: une expérience poétique féminine

Dans l’imaginaire collectif concevant le monde de manière dichotomique, l’élément aquatique est souvent associé à la femme ; archétype maternel, symbole de la vie, fécondité, purification, il est aussi un élément maléfique et menaçant. Paysage de l’âme, associée aux « complexes de culture », et surtout en rapport avec la féminité, l’eau semble néanmoins endosser d’autres sens dans certaines productions littéraires féminines depuis les années 1970, grâce à la deuxième vague du féminisme. Des considérations gynocritiques et poststructuralistes utilisent des termes comme « écriture liquide » (H. Cixous, B. Dojčinović), « mécanique des fluides » (L. Irigaray), un processus d’écriture « avec du lait » (L. Cremonese, D. Žilić) censé mieux liquéfier le « phallogocentrisme ». Dans cette perspective, l’écriture féminine serait l’expression du corps, de l’inconscient, de la nature. Cette liquidité ne s’arrête pas au niveau des thèmes et motifs, elle imprègne aussi tout le processus de l’écriture. Le présent travail se propose d’étudier, en s’appuyant sur des positions gynocritiques plus ou moins récentes (et écocritiques, dans une moindre mesure), différents sens des éléments aquatiques dans des anthologies de la poésie féminine moderne française et francophone, ainsi que chez des femmes poètes serbes, pour examiner s’ils y sont (ré)élaborés sous un regard particulier que l’on pourrait considérer comme proprement féminin. Mots-clés : eau, poésie féminine, liquide, fluidité, tradition, nouveauté, H. Cixous, L. Irigaray.

« Symbolisme des eaux. Pour une approche contemporaine », dans Histoires d’eaux. La Revue du Ciné-club universitaire (hors-série), Genève, Activités culturelles de l’Université de Genève /Festival Histoire et Cité 2019, p. 2-7.

Jadis, à la fin des années quarante, Mircea Eliade, l'un des fameux historiens des religions du 20 e siècle, intitulait un vaste chapitre de son Traité d'histoire des religions «Les eaux et le symbolisme aquatique» (Eliade 1964). «Dans une formule sommaire, écrivait-il, on pourrait dire que les eaux symbolisent la totalité des virtualités; elles sont fons et origo, la matrice de toutes les possibilités d'existence (…) Elles ont été au commencement, elles reviennent à la fin de tout cycle historique ou cosmique; elles existeront toujours -bien que jamais seules, parce que les eaux sont toujours germinatives, renfermant dans leur unité non fragmentée les virtualités de toutes les formes.» Fidèle à sa méthode (comparatiste) et à son programme -dresser la cartographie de ce qu'il nommait les manifestations du «sacré» ou «hiérophanies», Eliade

L’eau symbole de conquête et de pouvoir dans les représentations de l’histoire normande

Notre contribution propose de revenir sur l’importance iconographique du motif de l’eau dans les représentations de l’histoire normande. Les vikings menés par Rollon parviennent à mener à bien leur conquête en remontant la rivière de Seine. C’est à la fin de ce périple que sera conclut le traité de Saint-Clair sur Epte en 911. L’iconographie met en avant les grandes qualités de navigateur des hommes venus du Nord dans ses représentations des invasions scandinaves. Alors que la toute jeune dynastie normande s’installait en Normandie et notamment à Rouen, faisant de cette ville sa première capitale, la Seine allait devenir un motif d’importance dans les représentations. Parfois fantasmées par les enlumineurs, nous pouvons toutefois trouver des représentations très réalistes de cette ville et de son paysage fluvial. En effet, dans son œuvre, le Maître de l’Echevinage de Rouen montre toute l’importance que représente le fleuve pour la lignée normande et les habitants de la ville de manière particulièrement réaliste. Puis, c’est lors de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Bâtard que l’eau fait sa réapparition dans l’iconographie, elle symbolise le défit que représente à l’époque la traversée de la Manche par les hommes mais aussi la conquête en elle-même. La bataille d’Hasting de 1066 qui symbolise cette conquête est souvent représentée dans un paysage maritime bien que le lieu du combat soit éloigné de tout point d’eau. Cette traversée de la Manche fait une réapparition de manière funeste lors du récit du naufrage de la Blanche Nef durant lequel le roi Henri Ier Beauclerc perdra son fils ainsi que la fleur de la jeunesse aristocratique anglo-normande, mettant ainsi l’accent de diriger un état partagé par la mer. C’est donc le fort rapprochement entre l’eau et la conquête, mis en avant dans les manuscrits enluminés de la fin du Moyen Age relatant l’histoire normande, que nous proposons d’étudier ici.

Régionalisme, Occupation et autotraduction. Autour de la poésie d’ Oc et de ses enjeux (1940-1944)

Plurilinguisme et autotraduction. Langue perdue, langue « sauvée » . Anna Lushenkova Foscolo et Malgorzata Smorag-Goldberg dir., 2019

In tune with its regionalist ideology, the Vichy Regime of Marshall Petain (1940-1944) showed – at the beginning at least – a keen interest in the Occitan literature (langue d’ Oc). This is evidenced by several publications, including translations and selftranslations, in the so-called “free zone” in Southern France, especially Les Cahiers du Sud (“Le Génie d’ Oc et l’ homme méditerranéen”, Marseilles, 1942) and Pyrénées (“Jeune poésie d’ Oc”, Toulouse 1944). This paper will question the attention aroused by Occitan poetry (self)translated in French during the German Occupation and also more specifically address the interpretations given at the time by the contemporaries of this Occitan “revival”.

L’écriture autrement: les nuages, la mer, les larmes, l’exhalation...

caractère d'éphémère. Cela a une logique avec le paradoxe auquel nous nous confrontons lorsque nous contemplons les nuages : ils paraissent doux quand en réalité ils sont assez lourds. De la même façon, même si certains nuages peuvent être dans le ciel beaucoup de temps, ils changent à chaque instant. Nous ne voyons pas le même nuage chaque fois que nous le regardons. D'autre part, pour aborder l'écriture de la mer, il me semble qu'il est nécessaire de nous poser à la limite entre la terre et la mer. Cette limite pourrait être le sable (dans le cas d'Ana Mendietta), la plage (chez Marguerite Duras), le point le plus occidental d'Europe (Marco Godinho) ou l'horizon, là où le ciel et la mer se confondent (Enrique Ramirez). Lorsque nous franchissons la limite et que nous plongeons dans la contemplation de l'écriture de la mer, nous nous rendons compte qu'elle est une écriture qui s'écoule. Écrire avec les vagues est une autre façon de dire, comme Hélène Cixous l'a bien fait, que la mer est une « écriture féminine ». Quant aux écritures du corps, et plus précisément à l'écriture des larmes, nous allons porter notre attention sur une de ses caractéristiques, à savoir, leur caractère excessif. Les larmes donc vont au-delà de la vision et de la parole. Les yeux qui versent de larmes ne sont pas capables de voir clairement, aussi bien que la parole se nous échappe lorsque nous pleurons.. Nous allons donc nous concentrer sur les artistes qui travaillent avec cette écriture des larmes à partir de l'excès, par exemple Ban Jan Ader, Ale de la Puente, Rose-Lynn Fischer et Jonathan Monk. Concernant l'écriture de l'haleine, nous pouvons faire une division de la façon dont les artistes travaillent. L'une est une haleine personnelle qui ne se partage pas. Nous avons comme exemple les soupirs, le souffle ou la buée. En outre, nous avons l'haleine que nous partageons avec des bisous ou la buée que nous tous exhalons. Pour cette partie (encore en travail), nous avons des artistes tels que Gabriel Orozco, Oscar Muñoz, Marina Abramovic ou Wincenty Dunikowski. En ce qui concerne ma pratique artistique, je travaille principalement avec la photographie, les actions et le seuil entre les images et les mots. Encore inachevée (et en raison des circonstances actuelles), je suis en train de réfléchir sur la façon dont je vais présenter mon résultat artistique. 3 * Un des éléments qu'il faut remettre en question lorsque nous parlons d'une écriture autrement, c'est la relation entre la phoné et l'écriture comme inscription. L'alphabet est peut-être l'image parfaite de la représentation graphique de sons. Or cela n'est qu'un mirage, car en réalité cette relation est plus complexe que ce qu'on peut penser au premier abord.

Le journal d’écrivain, un énoncé de la survivance

Interférences littéraires / Literaire Interferenties, 2013

"L’invariant qui caractérise la pratique diariste est la datation chronologique. Le journal s’inscrit toujours ainsi dans la contingence du sujet scripteur et s’avère, plus que tout autre genre, hanté par la mortalité. La conscience de la finitude amène dès lors les écrivains à proposer des solutions à l’angoisse qu’elle génère, dans un dispositif sous-tendu par une forme de ritualité. Ce numéro évoque les procédés scripturaux mis en oeuvre pour traduire l’écoulement imperturbable du temps dont l’horizon est la mort, et pour relever le défi de lui opposer un énoncé de survivance. Chronological dating is an invariant that characterizes diary writing. The diary is always marked by the contingency of the writing subject and is, more than any other genre, haunted by mortality. Aware of his finitude, the writer is prompted to offer solutions to the anxiety it generates, through a system based on a mode of rituality. This present issue of Interférences littéraires / Literaire interferenties focuses on writing processes used in literature to evoke the imperturbable flow of time, the horizon of which is death, and to take up the challenge to confront it with a survival statement."

La mer noire : espace de vie et de mort dans la fiction géorgienne de l’époque soviétique

Mzaro Dokhtourishvili, Alexis Nuselovici, Bela Tsipuria, Zaal Andronikashvili (eds.), შედარებითი ლიტერატურის კრებული 2 YEARBOOK OF COMPARATIVE LITERATURE La mer Noire comme espace littéraire et culturel The Black Sea as a Literary and Cultural Space, p. 101-123., 2019

In our approach to the Black Sea we will put the different points of view into perspective in order to observe its plural image and avoid restricting our view to the stereotyped image. We propose the study the literary texts by two Georgian writers from the Soviet period. In the works by Guram Rcheulishvili (1934-1960), the sea appropriates the main plot: it becomes the space par excellence where the action takes place, the space of life and death of the characters (paradoxically, of the author who also tragically dies in the Black Sea at the age of twenty-six). In the works by Leo Quiacheli (1884-1963), the sea coordinates events: it embodies this dissapearing world in front of the new murderous one (that of Bolsheviks). Under these conditions, the questions arise: (1) Which sea is it? Does its referent belong to the real and national reality, i.e. the Black Sea? (2) Does this space (the Black Sea) contain an identity and political marker? Can we talk about the fact that space transposed into literature influences the representation of the factual (referential) space (Westphal)?

Réflections préliminaires à une étude du thème de l’eau et de l’extase dans la littérature et le cinéma franco-vietnamiens

Carnets, 2011

Le thématique de l'eau dans la littérature et le cinéma franco-vietnamiens semble désigner un lien profond et intime entre le corps et le "lieu" vietnamiens (il ne s'agit évidemment pas des poncifs occidentaux de terre et de sol). Condensée par Nguyên Du dans la scène célèbre du Truyên Kiêu, ce texte fondamental à la culture du Viêt-nam, l'image du corps féminin dans son extase aquatique dépasse toute captation simplement voyeuriste ou vulgairement lubrique pour nous tracer la voie "sans traces" du chemin fluvial qui remonte vers l'âme profonde (comme on dit "pays profond") du dât nuòc. Il s'agit donc d'un topos à lire dans sa spécificité culturelle, au delà de toute idéalisation de "sang et sol", vers une expression on ne peut plus lyrique d'identité localisée, une affirmation du chez soi collectif et donc d'une résistance limpide mais inlassable à toute imposition de l'extérieur.