"J'ai été séduit par l' extrême ouverture de la culture portugaise", une conversation avec Yves Léonard (original) (raw)
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e-Phaïstos, 2021
Il existe un mythe Léonard. Forgé dès sa mort, il réunit l’artiste habile à l’ingénieur à l’imagination débordante. On lui prête sans doute trop : tantôt érudit, tantôt homme sans lettres, tantôt visionnaire, tantôt plagiaire. L’ambiguïté même de sa figure, réelle ou construite, révèle un malentendu récurrent entre culture savante, culture technique et savoir-faire artisanal durant l’époque moderne. L’article examine quelques cas célèbres de ces grandes incompréhensions du XVIIe siècle, considérées en tant que modèles d’une science de l’invention encore à ses balbutiements et qui ne prendra sa forme actuelle qu’à l’ère industrielle. Léonard partage sans doute avec Galilée ce rare mais désagréable privilège d’avoir suscité des appréciations extrêmement contradictoires (Stengers 2003). Le jugement porté sur cet « homme universel » (le mot est de Paul Valéry) n’est pas simplement affaire d’images d’Épinal, il a son écho historiographique. Le mythe, encore très populaire de nos jours, du « miracle » Léonard, génie fulgurant qui sait tout et imagine tout avant les autres, n’a cependant plus cours parmi les spécialistes. S’il y a une « énigme Léonard », elle se résout dans l’étude du milieu des ingénieurs italiens et des artisans florentins de la Renaissance auprès desquels il s’est formé. C’est en tout cas le point de vue presque unanimement partagé par les historiens actuels (Vecce 2001, Brioist 2019).
Les ''portugays(es)'' du 7e art : du muet au plus que parlant
Moderna Spräk, 2020
Nous nous proposons d'effectuer un balayage diachronique de la représentation de l'homosexualité, tant féminine que masculine, dans le cinéma portugais. Étant donné la situation périphérique du Portugal et de son 7e art, son cinéma sera, durant tout le XXe siècle, pauvre en nombre de productions. Alors que le cinéma des années 1920 ouvrait une brèche en ce qui concerne la figuration de personnages homosexuels, la dictature de l'État Nouveau sera radicale en la matière, censurant toute représentation des sexualités non normatives à l'écran. Il faudra donc attendre la Révolution des Œillets et l'effervescence culturelle de la Noite lisboète pour que pointe une cinématographie queer, rapidement prise de cours par les tensions politiques et l'apparition du SIDA. Dès lors, la représentativité des queers sera tributaire des changements d'ordre politique et sociaux, avec des avancées notables à partir des années 2000. We propose to carry out a chronological overview of homosexuality's representation, both female and male, in Portuguese cinema. Given the peripheral situation of Portugal, its cinema will be, throughout the 20th century, poor in number of productions. While the cinema of the 1920s opened a breach in the representation of homosexual characters, the dictatorship of the Estado Novo will be radical in this matter, censoring any representation of non-normative sexualities on screen. It was not until the end of Estado Novo and the cultural effervescence of the Noite, the Portuguese Movida, that a queer cinematography emerged, quickly taken aback by political tensions and the emergence of AIDS. Consequently, the representativeness of queers will be dependent on political and social changes, with notable advances from the 2000s.
"Illuminazioni", n. 52, p. 113-141, 2020
The retrospective Leonardo da Vinci 1452-1519 recently held at the Louvre 500 years after Leonardo's death, was conceived as a "total" event aimed at everyone. This ambition was matched by a very complex discourse and a very intense mediation action. For this occasion the administrators have produced an expographic text in the form of an in-octave booklet. More than merely completing the texts posted on the walls of the museum, the booklet was meant to replace them. This support freed the movements of the public and brought the reader-visitor closer to the text, thus making the mediation of the text between the visitor and the artwork even more decisive. It provided a solution to the problems related to the large number of visitors. And it also responded to the double ambition of the exhibition: to lead the visitor on a philologically well-grounded path, and to exalt, to the point of sacralization, the reconstruction of Leonardo's entire career. My paper offers a linguistic study of the expographic booklet and considers it as a key component of the complex museum discourse from the point of view of cultural mediation, relying on the recent development of linguistic and semiotic studies on museum texts and the specific cultural mediation of art exhibitions. The analysis involves enunciative, lexical and pragmatic phenomena. The aim is to show how this verbal, portable paper support exalts the function of the expographic text putting it at the center of an exhibition project. It also shows how the mediation action was particularly crucial due to the symbolic scope of the event and the material difficulties of the visit.
Entretien sur Histoire de la nation portugaise
Nonfiction, 2022
Contre une vision surannée du « roman national », l'historien Yves Léonard propose une mise en perspective critique de la construction progressive de l'identité nationale portugaise. Il revient ici sur son dernier ouvrage, Histoire de la nation portugaise publié en mai 2022 chez Tallandier. Entretien avec Damien Augias
Léon l'Africain, le retour : conversation entre Mounir Ayache et Joan Grandjean
Una linea storta tesa, 2023
in “Una linea storta tesa”, cat. exp. (Rome, Villa Medici, 9.6 - 6.8.23), Rome, Académie de France à Rome, Villa Médicis, 2023, pp. 32-41. Né en 1991, l’artiste franco-marocain Mounir Ayache invite à renouveler notre regard sur les réalités politiques et sociales du monde arabe par ses créations technologiques. En reprenant les codes de la science-fiction auxquels il mêle histoires familiales et réappropriation imaginaire des expériences et identités arabes, il s’inscrit dans le courant non-officiel de l’Arab Futurism, influencé par l’afro-futurisme des années 1990, qui s’inspire de la fiction pour proposer des récits alternatifs. Mounir Ayache singe les représentations de l’Autre et de l’Étranger dans les fictions occidentales et se sert des nouvelles technologies pour réaliser et transmettre ses idées, brouillant ainsi les frontières entre art contemporain et entertainment. Son projet de résidence s’articule autour du personnage d’Hassan al-Wazzan (1494-1555) devenu Jean-Léon de Médicis sous le pape Léon X, dit « Léon l’Africain », personnage principal du roman portant son nom écrit par Amin Maalouf en 1986. Il rédige en 1525, à la demande du pape, « La Cosmographia de l’Affrica », qui servira de référence pour décrire l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord, et nourrira l’imaginaire européen pour qui cette région est inconnue. En se fondant sur le manuscrit de 1525, son travail d’écriture consiste à créer un récit de science-fiction qui se déroule en 2500, et où le personnage principal inspiré d’Hassan al-Wazzan raconte les échanges entre l’Europe/et l’Afrique, convoquant des problématiques géopolitiques et écologiques fictionnelles en lien avec la ville de Rome. Ce récit donne lieu à la production d’une installation composée de dioramas, tirages photographique et sculptures en dialogue avec un dispositif de réalité augmentée.