La poétique de la traduction chez Mohammad Qazi (original) (raw)
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D’une langue à l’autre : vers une poétique de la traduction dans l’oeuvre de Cioran
Nous nous proposons de démontrer l’idée que pour Cioran la traduction représente un véritable procédé de création littéraire ; il s’attache à l’activité de traduction afin d’y puiser les matériaux constitutifs de ses livres à venir et d’acquérir une vision plus correcte non seulement de la signification des mots employés, mais aussi de son propre moi en tant que moi créateur. Dans un premier temps nous allons présenter quelques réflexions sur le rapport entre la traduction et la création littéraire, ensuite nous préciserons les conditions dans lesquelles s’est opérée la rupture de Cioran avec sa langue maternelle, ainsi que les conséquences d’une telle décision. La troisième partie de notre étude concerne l’analyse de la pratique de traduction telle qu’elle est faite par Cioran, pratique qui constituera ensuite la base d’une véritable poétique (dans le sens de théorie, lois, normes) de la traduction (aspect traité dans la quatrième partie). Le dernier volet de notre approche aura comme but une discussion sur le rapport que la traduction (employée aussi dans le sens de création) engendre entre son auteur et l’autre.
L’enjeu de la traduction chez Vassilis Alexakis
TTR : traduction, terminologie, rédaction, 2012
Ap. J.-C., avant-dernier roman de l’écrivain grec francophone Vassilis Alexakis, est un livre exemplaire sur la problématique de l’autotraduction. À la différence des écrivains francophones issus de la colonisation auxquels le français a été imposé, rien ne prédisposait Alexakis à écrire dans cette langue. Quelles sont les raisons qui l’ont poussé à utiliser une langue autre que sa langue maternelle pour faire carrière? Pourquoi écrit-il dans deux langues? Aborder l’oeuvre d’Alexakis sous l’angle de ce que l’on appelle l’autotraduction ne constitue pas en soi une nouveauté. Mais il semble que l’on assiste en ce moment à un retour vers le grec, puisque Ap. J.-C. a lui aussi fait l’objet d’une écriture en grec et d’une autotraduction vers le français. Quels sont les choix opérationnels effectués par l’auteur pour camper un contexte aussi éloigné que le mont Athos, autrement dit la Sainte Montagne, dans Ap. J. -C., dans le but d’atteindre des imaginaires si différents? Après un survol ...
« Traduire en poète », éd. Geneviève Henrot et Simona Pollicino, Artois PU, 2017
Faut-il vraiment, pour traduire la poésie, être soi-même poète ? Cette injonction étant aussi ancienne que rarement argumentée, on cherchera ici à la resituer dans son contexte critique et historique. Compilant les positions de divers poètes et traducteurs, je montrerai d’abord que cette fausse évidence s’est imposée de l’Antiquité à nos jours. J’examinerai ensuite l’une de mes propres traductions (de Seamus Heaney) pour comprendre ce qui est censé distinguer un traducteur poète d’un non-poète. À la lumière d’un second ensemble de citations, je renverserai enfin l’argument : travaillant sur l’œuvre d’un autre, le poète traducteur ne risque-t-il pas de lui imposer sa propre poétique ?