Les « patrimoines ruraux » au Maroc : Un nouveau produit des mobilités contemporaines ? (original) (raw)
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Bulletin d'information de l'Académie Hassan II des Sciences et Techniques, 2017
Dans le cadre de ses activités scientifiques autour du modèle de développement du Maroc, le Collège Etudes Stratégiques et Développement Economique a organisé le 2 novembre 2017 un séminaire consacré aux savoirs et patrimoines locaux, et leur rôle dans le développement des arrière-pays du Maroc, ainsi que les conditions de ce développement. Ont animé ce séminaire les professeurs et chercheurs Noureddine El Aoufi (Académie Hassan II et UM5R), en tant que modérateur, Mohamed Berriane (Académie Hassan II et UM5R), Geneviève Michon (IRD), Grigori Lazarev, (consultant indépendant, ex directeur auprès de la FAO), Mohamed Aït Kadi, (Académie Hassan II et CGDA) et Mohamed Naciri (UM5R). L’on sait, en effet, que si elle a été longtemps connotée négativement, la notion de « terroir », associée à la mise en place des indications géographiques et au développement du tourisme rural, a été redéfinie au cours des trois dernières décennies au point d’apparaître comme un gage de qualité pour des produits agricoles et des paysages ruraux originaux. Initialement inscrite dans une logique marchande, la mise en avant du terroir est aujourd’hui rattachée à l’idéologie du développement durable en intégrant des préoccupations sociales et environnementales. Dans cette nouvelle optique, la notion de terroir, devenue inséparable de celle de « patrimoine », évoque une construction, sur le temps long, issue des interactions entre les sociétés et leurs natures, mais aussi un espace d’innovation permanente. Après l’Europe méditerranéenne, un nombre croissant de pays du Sud ont adopté l’idée que la valorisation des ressources locales des terroirs et des patrimoines ruraux pouvait, ou devait, constituer l’un des grands chantiers de leurs politiques de développement pour les zones à faible compétitivité au regard des critères de l’agriculture industrielle. Dans les pays des rives Sud et Est de la Méditerranée, le processus de valorisation de ces terroirs-patrimoines a émergé vers le début des années 2000. L’exportation de cette « mode du terroir » a suscité des recherches collectives au sein du Laboratoire Mixte International MediTer durant sa première phase (2011-2015) en amenant les chercheurs à se demander si, au Sud, le « terroir » peut constituer un nouveau modèle de développement économique, social et territorial, et proposer aux villes et aux campagnes, aux communautés locales et aux institutions étatiques, une nouvelle façon de « vivre ensemble ». A partir de l’expérience marocaine, et les résultats que présente l’ouvrage Terroirs du Sud, vers un nouveau modèle ? Une expérience marocaine (Dir. M. Berriane et G. Michon, édition IRD et FLSH de Rabat), le séminaire a rappelé les grandes lignes de ces résultats, avant d’inviter les autres chercheurs à réagir sur ces résultats et à les discuter. Les points proposés à la réflexion étaient au nombre de 4 : • Les modalités et les enjeux du transfert au Sud de concepts et de dispositifs forgés au Nord ; • La pertinence de ces concepts et de ces dispositifs pour appréhender et valoriser la diversité des rapports des sociétés à la fois à l’espace, aux ressources et au pouvoir ; • La redéfinition, à travers les dynamiques de terroir, aussi bien de l’identité que de la gouvernance (locale et nationale) des ressources ou des modalités de la gestion collective des territoires ; • L’impact social et territorial de la mise en marché d’éléments autrefois soustraits de l’ordre marchand.
Le patrimoine culturel récent au Maroc: bref état des lieux et recommandations
Il est vrai qu'en tant que spécialiste du patrimoine, je suis particulièrement sensible à la sauvegarde et à la transmission des témoins matériels et immatériels de la culture, quel que soit leur époque de production, leur origine, leur statut ou la communauté qui leur a donné naissance. En même temps, nous avons tendance à ne considérer comme patrimoine que les témoins qui proviennent de périodes « anciennes » de l'histoire ou, pour le versant immatériel, ceux perçus comme étant issus d'une tradition enracinée. Il est rarement fait état de ce qui a été produit au cours des générations les plus proches de nous, celles de nos grands-parents et de nos parents.
Savoirs et patrimoines locaux. Des atouts pour le développement des arrière-pays au Maroc ? Une contribution au débat sur la question du développement au Maroc, 2020
Dans le cadre de son programme scientifique qui s’articule autour de la question du développement au Maroc, le Collège Etudes Stratégiques et Développement Economique de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques vient de publier un ouvrage collectif consacré aux conditions du développement de ce qui est communément appelé les arrière-pays ainsi que le rôle des savoirs et patrimoines locaux, dans ce développement. L’on sait, en effet, que dans les pays des rives Sud et Est de la Méditerranée, en général, et au Maroc, en particulier, les politiques de développement, notamment agricole, ont induit de profonds changements allant dans le sens d’un creusement des dualités entre les plaines irriguées, siège d’une agriculture capitaliste intensive et exportatrice, et les « arrière-pays » (zones dites « marginales »), où l’on trouvait une masse de petites exploitations, pratiquant une agriculture familiale de subsistance, en voie d'atomisation et de paupérisation. Au Maroc, les zones rurales considérées comme « marginales » couvrent plus des 3/4 du pays (hors espaces sahariens) : il s’agit des montagnes atlasiques, des zones présahariennes et sahariennes et de leurs oasis, ainsi que des plaines et des plateaux semi-arides. Elles concentrent 70% des exploitations agricoles et 80% de la population agricole. Ce sont aussi les zones les plus riches en biodiversité et celles qui abritent la majorité des « sites remarquables » du pays, qu’il s’agisse de nature sauvage, de paysages agraires ou d’architecture. A partir de ce constat, l’ouvrage aborde la question du développement de ces zones à travers plusieurs interrogations tels que celles des changements globaux, la vulnérabilité et l’adaptation de ces sociétés rurales, ou encore celles des terroirs et des patrimoines ruraux qui font l’objet d’une mobilisation internationale récente, aussi bien de la part des chercheurs que des décideurs et des agents du développement. Cette notion de « terroir », encore perçue négativement il y a une quarantaine d’années, a été, en effet, redéfinie au point d’apparaître aujourd’hui comme un gage de qualité et de devenir un argument de vente pour des produits agricoles. Cette évolution s’est opérée à travers une lente mais efficace prolifération patrimoniale autour des produits de terroir. Initialement inscrite dans une logique marchande de différenciation des produits alimentaires, sur la base d’une reconnaissance de leurs spécificités non imitables, la mise en avant du terroir s’est vite rattachée à l’idéologie du développement durable dans ses composantes sociales et environnementales. Dans cet effort de contextualisation, les auteurs se sont arrêtés aussi sur les politiques publiques suivies au Maroc pour faire de ces zones, restées jusqu’ici en marge des efforts de modernisation du pays, des « ateliers du développement durable ». Ceci à travers le Pilier II du Plan Maroc Vert et le développement solidaire de la petite agriculture, la promulgation de la loi sur les signes d’origine et de qualité, le développement du tourisme rural et la problématique du développement des montagnes
Inventer le patrimoine moderne dans les villes du Sud
Autrepart, 2005
Le patrimoine moderne dans les villes du Sud: une articulation en cours entre mémoires locales, modernités urbaines et mondialisation. Alain Sinou : Enjeux culturels et politiques de la mise en patrimoine des espaces coloniaux. Anne Ouallet, Fasil Giorghis : Mémoires urbaines et potentialités patrimoniales à Addis-Abeba. Catherine Fournet-Guérin : Héritage reconnu, patrimoine menacé: la maison traditionnelle à Tananarive. Carine Sabbagh : Damas, la reconnaissance patrimoniale en question. Galila El Kadi, Dalila Elkerdany : Valorisation patrimoniale en cours de la ville moderne du Caire. Sawsan Noweir : Devenir patrimonial contre développement urbain: l'exemple de Port-Saïd. Sylvaine Bulle: Entre monde et patrie: l'entreprise patrimoniale palestinienne, 1995-2002. Nguyên Tùng, Nelly Krowolski : Hôi An, de l'éveil à la résurrection du patrimoine .. Gilbert Hamonic : L'invention du patrimoine urbain à Singapour Entre « fantômes ancestraux » et « ville mondiale » .
Le patrimoine urbain de Saida : quelle place dans l'intégration urbaine ?
2001
L'exploitation du patrimoine — ici pris au sens large — comme ressource economique est un fait courant dans les pays riverains de la Mediterranee. Partout, des vestiges archeologiques, des bâtiments emblematiques et les centres anciens des villes servent de cadre a la creation d'une plus-value economique et culturelle. Eglises et mosquees, « vieux quartiers » des agglomerations, souks, châteaux, quais des ports et des marinas, paysages et cadres « authentiques » sont autant d'objets « patrimoniaux » qui ont permis a des pans entiers de la population d'etre inseres dans les circuits economiques liees a la tertiarisation de l'economie mondiale. Les activites concernees sont aussi bien formelles qu'informelles, a l'echelle locale, nationale ou globale, produisant biens ou services, generant des fortunes considerables pour certains ou tout simplement permettant a d'autres d'emerger au-dessus du seuil de la pauvrete. La patrimonialisation a mis en marc...
Espaces ruraux et modes de vie contemporains
1996
Summary This paper examines the question of rural lifestyles and identities. It summarizes different approaches that rural sociology has used to formulate it. From certain deep tendencies of modernity, the paper shows that is no longer possible to analyse rural problems by assuming any kind of correspondence between places and social groups.
Les villes nouvelles au Maroc : Evolution d'un concept à travers trois générations
Résumé L'urbanisation au Maroc est aussi ancienne que son histoire, cependant la période du protectorat va marquer l'image des villes marocaines en instaurant à côté des anciennes médinas des villes dites européennes ou nouvelles, des villes qui suscitent jusqu'à aujourd'hui une controverse ; elles sont soit considérées comme précurseur d'une architecture moderne, soit comme le résultat d'une politique ségrégationniste «dite d'apartheid ». Depuis les années soixante la scène urbaine marocaine va connaître une transition spectaculaire, les grandes villes se voient submergées par une affluence migratoire qui dépasse de loin leurs capacités de résorption, conscients des problèmes sociaux voir politiques que suscitent la prolifération des lieux d'exclusions et de marginalité, les autorités vont chercher des solutions à travers des projets urbains comme celui de Hay Ryad à Rabat, Sala Aljadida, et ensuite par l'introduction du concept de ville nouvelle dans l'espace urbain à travers deux projet Tamesna et Tamansourt, dont la conduite et la mise en oeuvre est entachée de multitudes de disfonctionnements, qui ont influé négativement sur leur attractivité voir leur imposition dans leur espace d'intégration.