Roberts, David (2011). La graphie tonale du préfixe de modalité du lointain en kabiyè. Communication donnée au LLACAN-CNRS, Villejuif, France, le 10 juin 2011. (original) (raw)
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Le débat sur la représentation du ton dans les langues africaines a longtemps été dominé par le principe de la biunivocité. Cependant, le fait de marquer le ton phonémique intégral au moyen d'accents pose de nombreuses difficultés. D'abord, le débat quant au niveau d'opacité nécessaire pour aboutir à une représentation optimale reste encore irrésolu. En outre, une surcharge d'accents est susceptible de déclencher le masquage latéral. Enfin, il est loin d'être évident que le rendement fonctionnel du ton dans bon nombre de ces langues est suffisamment élevé pour justifier une représentation intégrale. C'est pourquoi, dans d'autres langues, on a rejeté les accents avec pour résultat une profusion d'homographes qui entraînent des méprises et des incompréhensions lors de la lecture. Or, nous suggérons qu'il existe une « troisième voie » qui ne s’aligne ni sur l’un des extrêmes du débat, ni sur l’autre. Il s’agit d'une approche sémiographique qui met en relief la grammaire. Nous entamerons une analyse fréquentielle et une analyse des méprises de l'orthographe standard du kabiyè (gur, Togo). Nous prendrons également en compte le rôle de vision parafovéale dans le processus de la lecture. La résultante, la graphie grammaticale sera testée contre une graphie tonale dans une expérience quantitative incorporant des tâches de dictée, de rédaction et de lecture orale. Le fait que les scripteurs écrivent plus vite et avec plus d'exactitude en graphie grammaticale qu'en graphie tonale suggère que leur conscience innée de la structure morphologique du kabiyè dépasse celle de sa phonologie. Ils maîtrisent mieux l'ajout sporadique des caractères complexes dans le tissu de l'orthographe standard que l'ajout intégral des accents simples sur sa partie supérieure. En outre, la performance en graphie grammaticale sur une construction donnée est étroitement liée à sa fréquence d'exposition en contextes naturels, mais cette familiarité ne confère aucun avantage en graphie tonale. Puisse de telles découvertes ouvrir la porte à une plus grande créativité dans l'élaborationdes orthographes émergeantes des langues africaines par rapport à ce qui est permis dans le cadre strict de l'analyse phonématique avec son insistance rigide sur la biunivocité.
Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, 115/2, 2020 [2021], p. 63-69
Cet ouvrage, imposant par ses dimensions, vise à rendre compte de la phonologie hittite dans une perspective plus synchronique que diachronique. Il se distingue nettement, en cela, d'ouvrages antérieurs sur la question comme ceux de H. C. Melchert (1984 et 1994) et de S. Kimball (1999). Il s'agit de « rompre avec la conception historicisante de la description phonologique » (p. 3). Tout en lui reconnaissant malgré tout quelques mérites, l'auteur récuse avec véhémence cette « conception » lorsqu'elle est utilisée d'une manière systématique, dans une phrase macaronique qui imite à merveille, par son style, la circularité dénoncée : « Mettre en relation la situation censément inconnue d'une langue avec celle de l'état antérieur censément connu dont elle procède, alors que la reconstruction de l'indo-européen est hypothétique tout en étant, pour partie, controversée, et qu'en toute logique, la comparaison dont elle est le produit inclut aussi le hittite, revient à ouvrir un champ illimité à toutes les circularités et tautologies auxquelles s'exposent les boucles de raisonnement fermées » (p. 2). Cette phrase, comme bien d'autres de l'introduction de ce gros volume, donne d'emblée le ton. Le livre est composé de la manière suivante : après une introduction (p. 1-15) présentant sa méthode, neuf chapitres se succèdent : « La langue et les textes » (p. 16-58) ; « L'écriture » (p. 59-93) ; « La lecture » (p. 94-117) ; « Les segments et leurs représentations » (p. 118-279) ; « Phonotactique » (p. 280-297) ; « La syllabe » (p. 298-361) ; « L'accentuation » (p. 362-402) ; « Relations inter-segmentales » (p. 403-539) ; « Les clitiques » (p. 540-633). Suivent une importante bibliographie (p. 635-703) ; un index thématique (p. 704-707) ; enfin, un index des formes hittites (p. 708-733). Le regard critique d'un spécialiste de linguistique générale comme l'est Sylvain Patri jette à maintes reprises une lumière nouvelle sur des faits traités selon d'autres méthodes par les spécialistes de linguistique historique et de grammaire comparée ; et le dialogue ainsi instauré entre généralistes et comparatistes ne peut, a priori, qu'être bénéfique aux progrès de la science. Un exemple peut en être le traitement par l'auteur de l'atonie des formes
Le Français Moderne, n°76-2, 2008, pp. 228-230 1 Laurent GOSSELIN, Temporalité et modalité, Bruxelles, Duculot, Champs linguistiques, 2005, 254 pages, ISBN 2 -8011 -1366 -2.
Cartographie du lointain: lecture croisée entre la carte et le texte
Ceci est la version préliminaire de l'article publié dans Rachel Bouvet et Basma El Omari, dir. pub., L'espace en toutes lettres, Québec, éditions Nota Bene, 2003, p. 277-298. Lire… un verbe qui se conjugue à toutes les personnes, à tous les temps et qui s'applique à divers objets. Je peux lire un roman, comme je peux lire une carte ; je peux aussi bien lire un roman contenant des cartes. Bien sûr, il ne s'agit pas de la même activité, l'une fait appel à des compétences linguistiques et littéraires, l'autre à des facultés d'observation visuelle, à des connaissances géographiques. Il est pourtant difficile de départager ce qui provient du texte ou de la carte quand on s'interroge sur la construction de l'espace romanesque qui s'effectue lors de la lecture. Si l'acte de lecture des textes et l'acte de lecture des cartes ont chacun fait l'objet de nombreuses études, on ne s'est pas encore suffisamment interrogé sur le rôle des cartes géographiques insérées dans les récits. Quels rapports unissent les cartes et les textes ? Dans quelle mesure l'acte de lecture met-il en oeuvre une véritable « cartographie du lointain », étant donné qu'il s'agit de se projeter dans un espace éloigné, de se l'imaginer dans la plupart des cas, de s'en faire une représentation mentale ? Quel est le rôle de la rêverie, du désir de l'ailleurs ?