Sémantisme et potentiel argumentatif des dérivés dénominaux en anti (original) (raw)

L'étude présentée ici se situe dans le prolongement d'un projet de recherche soutenu par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (projet FNRS 12-61673.00 : « Dérivations morphologiques et typage des entités sémantiques »). Je remercie très chaleureusement mes deux relecteurs : leurs remarques très pertinentes m'ont permis d'affiner plusieurs aspects de mon analyse. Cette étude sera axée sur l'analyse du sémantisme des dérivés dénominaux en anti-; les antiA de type anticancéreux et antigrippal ne seront pas abordés. Par ailleurs, nous nous intéresserons uniquement aux bases substantivales simples, les antiN formés sur un substantif déverbal (anti-expulsion, anti-chasse) ne seront en principe pas pris en compte. Les rares articles consacrés à la préfixation en anti-(Rey, 1968, Corbin 1987, Fradin 1997a 1997b 1) s'accordent à dégager deux valeurs sémantiques distinctes, illustrées par les deux occurrences suivantes : [1] Il y a, dans Manhattan, plus de deux mille instituts de dermatologie, de salons anti-rides, de praticiens du cuir chevelu, masseurs, ondulateurs et chirurgiens plastiques, spécialistes de l'excision du double menton, […]. [f, MORAND] [2] Scandaleux Mercutio, conteur de balivernes, antihéros que n'anime nul esprit de sacrifice non plus qu'aucune dévotion à quelque cause juste ou injuste, mais qui se risque par jeu ! [f, LEIRIS]. En [1], anti-prend une valeur adversative et le antiN se glose par « qui est contre la notion désignée par N » ; en [2], anti-traduit une valeur antonymique et le dérivé se paraphrase par « qui est le contraire de N ». Par commodité, les chiffres indexés à la suite du morphème anti-seront utilisés pour référer aux valeurs respectivement adversative et antonymique, telles qu'elles apparaissent dans antirides (anti 1-) et dans antiroman (anti 2-). Mis à part Rey (1968), qui consacre un paragraphe à la description sémique des anti 2 N, il Sémantisme et potentiel argumentatif des dérivés dénominaux en anti-Discours, 2 | 2008