Requiem for a requiem (original) (raw)

Memorial shoah

Rome, la Grand Mère et la Shoah. Le 16 octobre 1943 de Umberto Saba, Giacomo Debenedetti et Elsa Morante, in L’Italie et la Shoah. Représentations, usages politiques et mémoire, “Revue d’Histoire de la Shoah”, 206, mars 2017, pp. 179-197, 2017

En Italie, après 1945, la relation de la littérature et de la Shoah a emprun-té deux itinéraires principaux. Le premier, sorte de cheminement nomade, suit la route tracée par Si c'est un homme. Il s'agit d'une route tortueuse, aujourd'hui encombrée, et qui a fini par obscurcir le second : la chronique de la rafle du ghetto de Rome et ses expressions littéraires. Alors que Primo Levi a suivi son chemin dans la solitude, c'est plutôt sous une forme chorale que s'est accompli le destin des Juifs de Rome. La choralité tient à la nature des choses, aux centaines de personnes arrachées à leurs foyers comme à la pluralité des voix entraînées dans un mouvement constant d'interaction. On connaît la place que la rafle des Juifs de Rome occupe dans l'histoire de la déportation raciale italienne. Les recherches ont bien éclairé l'aspect spectral de la ville pendant l'occupation nazie. Cependant, étudier le rôle que le 16 octobre 1943 a joué dans la littérature italienne, comme s'il pouvait repré-senter à lui seul un modèle, signifie parcourir à rebours une conversation à trois : Saba-Debenedetti, Saba-Morante, Debenedetti-Morante. C'est Saba qui occupe le sommet de ce triangle, lui qui directement ou non conditionnera le parcours des deux autres écrivains. Cela se reflète dans leurs travaux, dans leur correspondance, dans les nombreuses études que Debenedetti a dé-diées à Saba et dans le seul mais prégnant essai que Debenedetti a composé sur Elsa Morante. Cette dernière, à son tour, a tracé un portrait fondamental de Saba, « poète de toute une vie ».