"Le corps 'républicain' du prince romain" (dans A. Gangloff et G. Gorre, éd., Le corps des souverains dans les mondes hellénistiques et romains, Rennes, PUR, 2022, p. 369-392). (original) (raw)
Cette étude se propose de prolonger la réflexion récemment menée par J. Meister sur la potentielle application de la théorie des deux corps du roi à la Rome antique. Si cette dernière trouve vite ses limites une fois appliquée à la réalité romaine, elle n’en demeure pas moins un outil intéressant pour interroger et comprendre l’essence du Principat. S’il n’y eut jamais une confusion pleine et entière entre le corpus rei publicae et le corpus principis (contrairement à ce que pourrait laisser croire une lecture un peu rapide d’Ovide, Tr., 4, 4, 13-16), ce fut d’abord et avant tout pour préserver une réalité, au moins de manière formelle, celle de la res publica dont on rappellera ici qu’elle ne saurait être confondue avec une forme institutionnelle. Or cette réalité s’exprimait plus précisément lors de l’avènement du nouveau prince et interdisait toute application de la théorie des deux corps du roi à Rome. This study proposes to extend the reflection recently carried out by J. Meister on the potential application of the theory of the two bodies of the king to ancient Rome. If the latter quickly finds its limits once applied to the Roman reality, it nevertheless remains an interesting tool for questioning and understanding the essence of the Principate. If there was never a full and complete confusion between the corpus rei publicae and the corpus principis (contrary to what a rather quick reading of Ovid, Tr., 4, 4, 13-16, might lead one to believe), it was first and foremost in order to preserve a reality, at least in a formal way, that of the res publica, which, it will be recalled here, should not be confused with an institutional form. Now this reality was expressed more precisely at the time of the advent of the new prince and prohibited any application of the theory of the two bodies of the king in Rome.