Ferveur lisboète (original) (raw)
Traduire les Lusiades, en vers, gageure. Près de 9 000 vers, 10 chants, 1 102 octaves d'hendécasyllabes, rimes embrassées et plates alternées, épopée et tragédie, une veine lyrique, un souffle de poésie latine, du Moyen Âge sanguinaire, une géographie confuse, une mythologie touffue. Mais cela surtout, qui me donne chaque fois que je rouvre le livre de l'ardeur au travail, cette observation simplissime : Camoens écrit avec peu de mots. Brave, fort, rude, la terre, la guerre, la mer, toujours quelques mots qui se répètent, voire des vers entiers, et des ralentis sublimes, tout un vers pour dire que Gama ouvre la bouche pour parler, que le vent souffle : si je refuse de polir le texte, ma traduction rudoiera le lecteur, mais j'approcherai au mieux l'âpreté du texte. Je ne raconterai ici, de cette traduction encore en cours, qu'un moment privilégié : les quatre semaines passées à Lisbonne, pendant l'été 2002, à ne faire que cela-traduire, et retrouver la langue ...