Du robot-guerrier au guerrier-robot, de l’humain au post-humain (original) (raw)

2014, Les carnets du temps, n° 108, p. 22-23.

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Abstract

Loin du mythe sacrificiel, le phénomène guerrier a toujours tendu à l’extraction du combattant de la zone de risque. L’ère des conflits postmodernes dans laquelle nous sommes entrés depuis le début des années 1990 ne fait pas exception. Dans ce cadre, l’arrivée de robots sur le champ de bataille soulève de nombreux questionnements quant à leur influence sur la morale de la guerre et par voie de conséquence sur l’éthos du combattant.

Le « guerrier philosophe »

Annales Historiques De La Revolution Francaise, 2001

Au Salon de 1804, le peintre et dessinateur André Dutertre, de l'Institut d'Égypte, exposa deux oeuvres : Le général Kléber devant les pyramides et Le général Desaix devant la montagne de Siout. Mettre ainsi en avant l'image de Kléber au moment même où le général Bonaparte devenait l'empereur Napoléon pourrait être jugé comme un signe d'hostilité au nouveau régime. Son association à Desaix atténue une telle interprétation : plus que deux héros républicains, ce sont alors deux héros dont la mort a uni le destin un même jour, de part et d'autre de la Méditerranée, que glorifie l'ancien dessinateur de la Commission des sciences et arts ; derrière eux, plane immanquablement l'ombre du héros d'Égypte et d'Italie parvenu au pouvoir suprême. La présence de Desaix au Salon rend le choix du peintre plus ambigu ou plus candide. Elle forme aussi un discret hommage au tout-puissant maître des arts de Napoléon, Vivant Denon, dont le célèbre Voyage dans la basse et haute Égypte, pendant les campagnes du général Bonaparte constitue une chronique assez libre de l'expédition du général à la poursuite de Murâd Bey dans la profonde et mythique province du Saïd, l'antique Thébaïde 1. Là se livra vraiment l'art pharaonique, jusqu'alors limité aux imposantes masses des pyramides et à quelques monuments isolés, tels les « Aiguilles de Cléopâtre » à Alexandrie ou l'obélisque d'Héliopolis. Les deux généraux tués le 14 juin 1800 ont un autre point commun : ils ont été élus le même jour à l'Institut d'Égypte, sept mois auparavant. Mais si le rôle de Kléber dans l'histoire scientifique de l'expédition a été souligné, celui de Desaix apparaît mal, hormis l'appui qu'il donna aux savants et artistes durant son commandement en haute Égypte. Pour tenter de préciser sa place en la matière, nous esquisserons l'activité intellectuelle de Desaix, moins d'ailleurs à l'Institut du Caire que sur le terrain, notamment à travers ses rapports avec les membres de la Commission des sciences et arts. Nous nous arrêterons sur la manière dont ceux-ci, de Denon à Fourier en passant par quelques figures moins consacrées, ont contribué à façonner une image héroïque originale parmi ses frères d'armes, celle d'un « guerrier philosophe ».

Le Cyborg spirituel; Vers un posthumanisme transpersonnel

"Ce dont il est question ici, c’est du transhumain. Le terme transhumain caractérise la pratique transitionnelle de la transformation de l’humain que les transhumanistes embrassent par le biais d’une myriade de protocoles et d’expériences conceptuelles, technologiques, pharmacologiques, et biologiques. Si le côté obscur du 'post' signifie une sorte de critique réflexive ou d’anxiété parasitaire, le 'trans' offre, au contraire, un bouquet exubérant de connotations plus agréables : transition, transformation, transvaluation, transcendance." Attention, la présente traduction est sujette à modification.

Frontières de l’humain et technologies de genre monstrueux

GLAD!, 2019

The Marbled Swarm est le dernier roman en date de l'américain Dennis Cooper, connu notamment pour le cycle de Georges Miles, pentalogie romanesque publiée de 1989 à 2000. Le roman The Sluts (2005), entièrement écrit à partir de fausses critiques web de garçons escortes, ainsi que le blog qu'il tient depuis 2010 1 en plus de plusieurs pièces de théâtre, montées dès 2004 par la metteure en scène française Gisèle Vienne, ont notamment ouvert l'oeuvre de l'écrivain à d'autres formes d'écriture. The Marbled Swarm-Le fol marbre 2 en français-constitue toutefois une exception dans la production de l'écrivain, reconnu pour son style associé au New Narrative américain et à la Blank Fiction (Patoine 2015 : 54), caractérisé par une écriture sans fioritures, crue, orale, directe et nerveuse. Bien qu'on y rencontre plusieurs éléments qui font la particularité de l'univers de Cooper-un regard amoral ; une homosexualité thématisée comme prédatrice ou masochiste et qui s'accompagne souvent de désirs incestueux et pédophiles ; des personnages qui ont soit envie de mourir, soit envie de tuer; une narration métadiscursive ; des descriptions pornographiques ; une esthétique gore-, le roman marque un changement dans son oeuvre sur le plan linguistique et stylistique. Le fol marbre adopte en effet un style baroque parodiant le ton raffiné des romans gothiques et une écriture surfaite de tournures pompeuses et de paraphrases métaphoriques, qui mélange les registres soutenus et le slang. 2 On pourrait qualifier le narrateur sans nom du Fol marbre avec les mots de Clarice Starling, dans Le Silence des agneaux de Jonathan Demme, lorsqu'elle répond à l'agent qui lui demande si Hannibal Lecter est « some kind of vampire » : « They don't have a name for what he is », dit-elle. Pas de nom commun pour qualifier celui dont le nom propre est devenu l'expression même de ses crimes abominables ; le monstrueux Frontières de l'humain et technologies de genre monstrueux

La méthamorphose du guerrier

An analysis about the transformations in the role of the soldier and in the culture of war from a sociological-historical perspective

Les enjeux identitaires de l’humain dans le débat philosophique sur la robotique humanoïde et l’amélioration humaine

DOAJ (DOAJ: Directory of Open Access Journals), 2014

Les représentations identitaires de l'humain (identité humaine, distinction naturel/artificiel) font-elles encore sens dans le contexte du développement de la robotique humanoïde (par l'humanisation du robot) et de l'amélioration humaine (par la robotisation de l'humain)? Le problème est que des philosophes critiques, comme Lin et Allhoff qui ont fondé la revue NanoEthics, remettent en question ces représentations identitaires de l'humain, comme si le discours de l'évaluation éthique fondée sur ces représentations était caduc quant aux deux questions qu'ils posent dans Ethics of Human Enhancement: 25 Questions and Answers en 2009: « Does the notion of human dignity suffer with human enhancements? » et « Is the natural-artificial distinction morally significant in this debate? » Le but du présent article sera de montrer, à partir de différents textes publiés, qui constituent notre cadre d'analyse des arguments moraux, la portée et l'insuffisance des arguments critiques que Lin et Allhoff utilisent pour répondre à ces deux questions. Mais, en appliquant à ces auteurs ce cadre de référence, nous pourrons aussi montrer en quoi la question de l'identité humaine ou la distinction naturel/artificiel fait encore sens dans l'évaluation éthique. Do human identity representations (human identity, natural/artificial distinction) still make sense in the context of the development of humanoid robotics (humanizing the robot) and human enhancement (automation of the human)? The problem is that critical philosophers, like Lin and Allhoff who founded the journal NanoEthics, challenge these representations of human identity, as if the d i s c u s s i o n o f t h e e t h i c a l e v a l u a t i o n o f t h e s e representations was exhausted with regards to the two issues that they raise in 2009 in Ethics of Human Enhancement: 25 Questions and Answers, i.e.: "Does the notion of human dignity suffer with human enhancements?" and "Is the natural-artificial distinction morally significant in this debate?" The purpose of this article is to show-in light of various texts that constitute our framework for analyzing moral arguments-the limits of the scope and insufficiency of the critical arguments that Lin and Allhoff use to answer these two questions. But in applying our framework to these authors, we will also show how the question of human identity or the natural/artificial distinction still makes sense in the ethical evaluation.

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Le post-humain : la fin de l’humain ou la fin de l’exception humaine ?

Le post-humain : la fin de l'humain ou la fin de l'exception humaine ? May the horse live in me est une performance du collectif Art orienté Objet réalisée en 2011. Cette performance a consisté, pour Benoît Mangin et Marion Laval-Jeantet qui constituent ce collectif, à mener un travail qui ressortit tout autant à la création artistique qu'à la biologie et l'éthologie. Le propos immédiat de cette oeuvre est de tenter d'approcher au plus près possible le cheval aussi bien d'un point de vue biologique qu'éthologique. Pour cela, le collectif a mené tout un travail de préparation autour, d'abord, du comportement du cheval. Puis, Marion Laval-Jeantet a petit à petit accoutumé son sang à recevoir des immunoglobulines de cheval. Il va de soi que l'opération est extrêmement risquée car le sang humain et le sang équestre ne sont pas immuno-compatibles et l'injection prévue de sang de cheval dans ses veines aurait pu être mortelle. Le jour de la performance, donc, le 22 février 2011, à la galerie Kapelica de Ljubljana, en Slovénie, Marion Laval-Jeantet se fait injecter le sang préparé par Benoït Mangin.

S’emparer de la robotique humanoïde, ou comment une approche genre permet de penser le robot

Les robots humanoïdes se veulent comme une imitation de l’être humain, les chercheurs créant leurs robots à partir d’une approche dite « bio-inspirée ». Cette approche cherche à reproduire dans la machine des capacités propres à l’être vivant, à l’être humain en particulier. En cela elle sous-entend l’existence d’une certaine vision de l’humain qui, nous le verrons, est loin de prendre en compte l’humain dans sa diversité et sa multiplicité. Les chercheurs en robotique, souvent des hommes, se posant rarement la question du genre, nous verrons que le robot est rarement pensé autrement que comme masculin, excepté lorsqu’il s’agit de réaliser des tâches de soin ou de faire de l’accueil au public. Alors que le robot pourrait être un moyen de redéfinir notre ontologie et de développer de nouveaux imaginaires, il apparaît dans la recherche en robotique actuelle comme une pâle copie d’une certaine vision de l’être humain. Il est temps pour la critique féministe de s’emparer de cet objet-sujet.

L’éthique de la robotique, l’interaction « homme-machine

1 « L'efficacité opératoire des mathématiques browniennes, alliée à l'informatique, a permis d'automatiser de nombreuses opérations. Elle a facilité cette évolution qui a accéléré les transactions financières au point de les rendre impossibles à appréhender par l'homme. L'illusion brownienne est en phase de transformer les humains en machines… La titrisation à grande échelle, facilitée par les progrès techniques a estompé la dimension de responsabilité humaine du métier de banquier: se sent-on responsable d'un crédit dont le risque a été distribué sur une longue chaîne d'acteurs, au point où l'on ne sait même plus qui couvre quoi? La financiarisation générale de l'économie tend à créer de toutes pièces des marchés de plus en plus artificiels. Tous ces effets sont aggravés par une représentation dans laquelle les acteurs humains, assimilés à des automates rationnels, perdent leur substance. Cela a des conséquences majeures pour la réflexion éthique, réactualisée par la crise. Un automate est-il responsable? Peut-il être soumis à des interdits? » (Ch. Walter, M. de Pracontal, Le virus B. Crise financière et mathématiques, Paris, Seuil, 2009, pp.114-115).

LA POSTMODERNITÉ ET LA POST-VÉRITÉ COMME MENACES AU PROGRÈS DE L'HUMANITÉ

Cet article vise à aborder la postmodernité qui a émergé après la chute du mur de Berlin (1989), l'effondrement de l'Union soviétique (1991) et la crise des idéologies dans les sociétés occidentales à la fin du XXe siècle afin de déconstruire la Modernité et les Lumières qui a surgi au XVIIIe siècle, ainsi que la post-vérité qui a surgi à l'époque contemporaine dans le but d'inverser le sens des choses et de rendre le mensonge vrai. Le monde d'aujourd'hui se caractérise par la menace pour la rationalité critique prônée par les Lumières et la Modernité avec l'avènement de la postmodernité et de la post-vérité qui représentent un recul pour le progrès de l'humanité. C'est un énorme défi pour l'humanité de vaincre la sinistre influence politique et idéologique de la postmodernité et de la post-vérité.

Robots de combat et morale : anticiper la responsabilité

Penser les ailes françaises, n° 29. p. 28-40., 2013

La technique est désormais omniprésente sur les théâtres d’opérations comme elle l’est dans le quotidien de chacun. Un premier constat essentiel s’impose : la course en avant de la technique, qu’elle soit considérée comme positive ou non, est irréversible. La question de savoir si les outils à notre disposition sont moraux ou immoraux est vaine ; en revanche, il est plus pertinent de s’interroger sur les conséquences à long terme de l’évolution et de l’emploi des techniques.

Le gene et la machine. Humain, transhumain, posthumain dans les fictions de Richard Powers

Qu’est-ce que la conscience? Les machines peuvent-elles penser? Avons-nous besoin d’un corps pour penser? Le corps et l’esprit sont-ils une seule et même chose? L’homme est-il programmable génétiquement? Sommes-nous déterminés par la culture ou par notre biochimie? Ces questions sont quelques-unes de celles que pose Richard Powers dans deux de ses romans — Galatea 2.2 et Générosité — qui interrogent les frontières de l’humain à partir de deux figures majeures de l’imaginaire posthumain : le gène et la machine. Figures-frontières, la machine qui pense et l’organisme programmé génétiquement permettent à Powers de retravailler les dualismes fondateurs de l’humanisme traditionnel — corps-esprit, organisme-machine, humain-non-humain, inné-acquis, science-littérature — pour montrer comment ils continuent de travailler de manière souterraine le discours posthumaniste. Il offre ainsi une réflexion critique sur le posthumain, dont il problématise les limites et les présupposés dans la perspective d’un humanisme élargi. C'est ce que cette étude cherche à montrer grâce à une lecture parallèle des deux romans.