Le notaire et la vieillesse dans le Valais des XIVe et XVe siècles (original) (raw)
À la recherche des élites rurales du début du VIIIe siècle : le « notaire » alsacien
). Recueil d’études d’histoire du Moyen Âge en l’honneur de Bernard Delmaire, Revue du Nord, , 2004
L'histoire des élites rurales constitue un champ de recherche fécond que les historiens médiévistes ne peuvent ignorer puisque les sociétés qu'ils étudient sont des sociétés agraires dominées par des élites qui cumulent le pouvoir politique et religieux, la possession de la terre et le contrôle des échanges, le prestige et la reconnaissance sociale. Cependant, le concept d'élites rurales demande à être explicité. La notion d'élites, définie par les sociologues, suppose la reconnaissance d'une supériorité liée à l'excellence dans un groupe. Les élites rurales vivent à la campagne et les critères qui définissent sa supériorité n'ont guère changé du haut Moyen Âge à l'époque moderne : l'exercice de charges locales, une certaine richesse, un investissement culturel, un rôle d'intermédiaire entre le centre et le local, le tout déterminant la reconnaissance sociale. Cependant, dans la société des VIIe-VIIIe siècles, caractérisée par le primat absolu de la campagne, presque tous les membres de l'élite, à l'exception des évêques qui résident dans les cités, peuvent être considérés comme des élites rurales. On prendra donc le parti de laisser de côté les comtes et les abbés, pour s'intéresser à un groupe moins connu, mais plus proche des préoccupations de celui auquel on rend hommage, le groupe des notaires ruraux, qui pourrait répondre aux critères retenus. Le notaire est en principe pourvu d'une charge, celle de rédiger et d'authentifier les actes, pour laquelle il a reçu une formation intellectuelle passant non seulement par l'apprentissage de l'écrit mais aussi des outils juridiques, il devrait être en relation avec l'autorité qui l'a instituée et jouer un rôle d'intermédiaire entre les parties qui s'adressent à lui. En dehors de l'Italie, conservatoire des traditions romaines et creuset des nouvelles expériences, le milieu des écrivains professionnels n'a guère suscité l'intérêt des historiens du haut Moyen Âge qui considèrent volontiers que dans le nord et l'est du royaume franc, les rédacteurs d'actes privés n'étaient que de simples scripteurs, sans prestige. Néanmoins, la loi ripuaire, promulguée sous le roi Dagobert, au début du VIIe siècle pour le duché rhénan, faisait obligation aux vendeurs et aux donateurs de passer leurs contrats écrits les plus importants in mallo, publice, devant un cancellarius, en qui on peut voir un notaire reconnu par l'autorité publique i. Plus tard, le capitulaire de 805 a obligé les évêques, les abbés et les comtes du royaume franc à avoir un notaire auprès d'eux ii , sans que l'on puisse dire si la loi a été appliquée partout. La documentation alsacienne, particulièrement riche pour le VIIIe