Bandes juvéniles, cité ghetto et régulation des turbulences (original) (raw)

Bandes de jeunes et "embrouilles de cité

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2008

n ce début de XXI e siècle, les bandes de jeunes redeviennent un objet d'inquiétude sociale, se frayant une place singulière dans les différentes thématiques qui forment le magma des préoccupations sécuritaires. On peut être surpris par l'écho médiatique récemment donné (août-septembre 2007) aux bagarres opposant à Paris, divers groupes de jeunes stationnant habituellement à La Défense et à la Gare du Nord. À la même époque, plusieurs arrestations eurent lieu dans le Val-de-Marne suite à un homicide lié à des « embrouilles » entre des jeunes de Valenton et de Villeneuve-Saint-Georges. De même qu'au centre commercial Belle-Épine de Thiais (Val-de-Marne), deux autres jeunes étaient sérieusement blessés par des tirs de fusil à canon scié. La réactivité médiatique diffère apparemment selon que ces conflits se situent dans le Paris gentrifié ou dans l'anonymat grisaillant de la périphérie. Inégal et cyclique, le traitement médiatique des bagarres entre bandes est particulièrement redondant. La confusion est fréquente entre les règlements de compte mercantiles et les bagarres d'honneur, ou entre les bandes de jeunes et les associations criminelles. Comme souvent pour les faits divers, la source policière est incontournable. Les Renseignements Généraux se sont arrogés depuis 1990, le monopole de l'expertise et du comptage des affrontements entre bandes considérés comme des « violences urbaines ». Des évaluations chiffrées apparaissent régulièrement dans des extraits de rapports ou de notes diffusés dans la presse. Les méthodes de comptage et les définitions retenues par les RG restent à étudier. Concernant l'analyse, le ministère de l'Intérieur reconnaissait récemment que le devoir d'interprétation de chaque fait de violence urbaine pour le classer dans l'échelle (des violences urbaines) donnait au système une trop grande part à la subjectivité 2. Méthode obscure et non vérifiable, interprétation subjective, la quantification des affrontements entre bandes est loin d'être satisfaisante, aucune comparaison dans le temps n'est sérieusement envisageable. Ces « embrouilles de cité » ont une longue histoire 3 , elles font l'objet d'une structuration développée. Par « embrouilles de cité », nous faisons référence aux menaces, intimidations, et aux échanges de violence alimentant une conflictualité permanente entre individus et groupes de jeunes affiliés à différents réseaux et territoires de sociabilité. Il s'agira dans ce texte de saisir la mécanique et les significations de cette conflictualité particulière. Comment démarre une « embrouille » ? Les affrontements physiques sont généralement précédés de préliminaires verbaux (« coups de pression », ragots, rumeurs, défis). Ils peuvent aussi être spontanés, produits d'une rencontre imprévue. Ils prennent la forme de duels (tête-à-tête), de bagarres en petits groupes, d'expéditions plus ou moins préparées. Contrairement à une idée répandue et largement médiatisée, les mouvements spectaculaires et massifs similaires à ceux de La Défense en 2000 (entre les jeunes de Chanteloup-les-Vignes et de Mantes-la-Jolie) sont rares. Les types Bandes de jeunes et « embrouilles de cité » XXI.

Jeunes turbulents et intervenants sociaux. Production et régulation des violences juvéniles dans une cité populaire

2010

Ce texte expose des donnees extraites d’une recherche portant sur les confrontations violentes entre des « jeunes rebelles » incarnant des « figures de desordre » et des acteurs sociaux charges de reguler les turbulences urbaines au sein d’une cite populaire traumatisee par les emeutes de l’automne 2005. Nous decrivons l’experience sociale de jeunes residants d’une cite d’habitat social qui fait peur et les interactions frictionnelles qu’ils entretiennent avec les acteurs institues et emergents d’encadrement des classes populaires. Plus precisement, d’une part, cet article depeint les nouvelles epreuves de la domination de jeunes d’une cite (la Cite des enfants perdus) en voie de ghettoisation vivant une routinisation de processus de stigmatisation et d’autre part, les reactions et strategies mises en œuvre par des acteurs sociaux de la « police des villes » contraints de developper une forme de sur-engagement pour sauver leur peau et sortir d’un processus de « reification reciproqu...

Turbulences, contrôle et régulation sociale

Déviance et Société, 2003

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Violence de banlieue et politisation juvénile

Cultures & conflits, 1995

Relativement récent dans la société française, le thème de la violence urbaine, associé aux jeunes et au malaise des banlieues, est balisé par deux dates charnières : l'été 1981, avec les rodéos des Minguettes ; l'automne 1990 et l'émeute de Vaulx-en-Velin. Entre ces deux dates, presque une décennie de politiques de la ville, les années 80 ayant vu se multiplier les dispositifs de prise en charge des populations les plus démunies et des quartiers les plus défavorisés 1. En ce qui concerne l'école, ce fut l'implantation de « zones d'éducation prioritaires », au cours du premier septennat Mitterrand ; puis, au début des années 90, une mise en chantier générale, par un ensemble de réformes, allant de la maternelle jusqu'à la formation des maîtres, en vue fondamentalement d'accueillir dans des conditions meilleures les nouveaux contingents de jeunes appelés à accomplir une scolarité longue. Les résultats de cet ensemble d'initiatives ont été mitigés. Vaulx-en-Velin, puis, juste après, avec la grande grève nationale des lycéens, tout une série de casses et de violences, ont relancé le débat. Des événements particulièrement dramatiques et fortement médiatisés s'ensuivirent-comme ceux de Mantes-la-Jolie, en 1991, où une gardienne de la paix a été tuée par le conducteur d'une voiture volée, juste après le décès d'un jeune beur dans un commissariat de police. Depuis, on assiste à une banalisation de la violence. Des attaques contre des commissariats et des supermarchés, des incendies de voitures, des incidents touchant les transports en commun, ainsi que diverses formes de violence dans les écoles se sont incorporés au quotidien des banlieues. Ces événements ne sont guère rapportés sinon de façon très éclatée par la presse locale. Ce n'est que lorsque mort s'ensuit qu'ils arrivent à faire une percée nationale. Significations de la violence juvénile On a pu dire, suite à la grande mutation qui a marqué l'infléchissement de la société industrielle et du monde ouvrier, que la scène urbaine était désorganisée et vide. Aujourd'hui, malgré une grande absence de travaux de terrain susceptibles de rendre compte de la diversité des significations de la violence juvénile 2 , il serait difficile de continuer à soutenir une telle affirmation. La scène urbaine n'est pas vide : elle est remplie d'un mélange inextricable de révolte et de Violence de banlieue et politisation juvénile

Jeunes turbulents et intervenants sociaux

Sociétés et Jeunesses en Difficulté, 2010

This text presents data extracted from a research on violent confrontations between "young rebels" embodying "figures of disorder" and the social actors responsible for regulating urban turbulence in a popular city traumatized by the riots Fall 2005. We describe the social experience of young residents of a city housing projects to Fear and frictional interaction they have with the established players and emerging leadership of the popular classes. More precisely, first, this article depicts the retesting of the dominance of youth in a city (City of Lost Children) in the process of ghettoization living a process of routinization of stigma and secondly, the reactions and strategies implemented by social actors "police Cities" forced to develop a form of over-commitment to save their skin and emerge from a process of "mutual objectification" in a context of growing complexity of local social control.

Le risque de ghetto dans la ville de demain: le paradoxe du labyrinthe

2011

Il n'est pas sûr qu'il faille réfléchir a la ville de demain en termes de risque de ghetto. Il paraît plus utile d'y réfléchir en termes de maîtrise : quel urbanisme pouvons-nous concevoir qui donne à l'ensemble des acteurs le sentiment d'une maîtrise partagée du milieu dans lequel chacun essaye de réaliser ses projets ou de satisfaire ses besoins et aspirations ? La lutte contre le risque de ghetto semble ainsi passer par l'élargissement et le partage de cette capacité de maîtrise et d'intervention : loin de laisser cette capacité seulement au libre jeu du marche, aux visions démiurgiques des urbanistes ou à la légitimité de l'autorité publique, il s'agit sans doute de (re)donner aux habitants le sentiment de leur capacité à maîtriser leur milieu de vie. Sinon, ils risquent de préférer le substitut de maîtrise que leur procure l'enfermement dans un ghetto...

Quand la revitalisation urbaine dévitalise la marge sociale juvénile

Recherche, 2020

Compte tenu des enjeux entourant la revitalisation urbaine des centres-villes, nous formulons l’hypothèse selon laquelle les dispositifs de contrôle associés au contexte de revitalisation du centre-ville-est de Montréal précariseraient davantage le processus de sortie de la rue chez les jeunes qui désirent fuir la menace d’enfermement de la rue. Le discours économique valorisant le développement d’activités et de décors projetant des apparences de prospérité encourage la dispersion et l’évacuation des jeunes de la rue, ces derniers diffusant par leur simple présence des prégnances de décadence urbaine. La répression systématique de la marge sociale juvénile contribuerait à restreindre les possibilités pour ces jeunes d’éprouver pleinement l’expérience de l’autonomie sociale et, conséquemment, d’élaborer un projet de sortie.

L’évacuation de bidonvilles roms, Circulaires et cycles médiatiques

L'agitation politique et médiatique de l'été 2012 autour des évacuations de bidonvilles roms a laissé derrière elle une circulaire à destination des préfets qui en modifie le cadre. À travers l'analyse du texte et de son application en Seine-Saint-Denis, Grégoire Cousin montre que l'action préfectorale n'a pas substantiellement changé, mais que le texte est mobilisé comme ressource argumentative par d'autres acteurs.

Conflits patrimoniaux et régulation urbaine

Le patrimoine apparaît souvent comme une notion consensuelle instituant, à partir d’un rapport partagé à l’histoire et à la mémoire, un nouveau type de bien commun. C’est une valeur qui semble aujourd’hui présente dans toute la société. Cet article propose de considérer l’intérêt de l’étude des conflits pour l’analyse des processus de patrimonialisation.