Religion et pouvoir. Citoyenneté, ordre social et discipline morale dans les villes de l'espace suisse (XIVe-XVIIIe siècles), Neuchâtel, Alphil, 2014 (original) (raw)

Des religions dans la ville. Ressorts et stratégies de coexistence dans l’Europe des XVIe-XVIIIe siècles

À l’époque moderne, les conflits violents ne sont pas l’unique réponse à la division religieuse. Si la ville, carrefour économique, intellectuel et social, est un lieu de production et d’inscription des différences, un lieu de frictions, elle est également le terrain de pratiques et d’arrangements quotidiens de ses populations. Cet ouvrage analyse la polysémie de cette coexistence, de Vilnius à Malaga, d’Amsterdam à Livourne et montre que le modèle de la confessionnalisation y révèle à la fois ses limites et son intérêt. En complément, quatre mises au point thématiques situent l’étude dans les débats historiographiques actuels.

« Pour la commodité publique » : les ordres religieux, acteurs de la composition de la ville moderne. Le cas de Lyon (XVIIe – XVIIIe siècle)

137e Congrès des sociétés historiques et scientifiques, Tours, 2012 - Composition(s) urbaine(s), 2012

Les multiples interactions entre fait urbain et fait religieux n’ont retenu que récemment l’attention des historiens. Dans l’optique de profond renouvellement des problématiques et de l’historiographie de ces deux champs, je me propose d’explorer et de questionner le rôle, bien souvent méconnu, des ordres religieux en tant que véritables acteurs de la composition de l’espace urbain à l’époque moderne. L’analyse que j’entends développer s’appuie sur des études de cas lyonnaises, permettant une confrontation des points de vue et des sources produites et conservées par les ordres religieux ainsi que par l’administration consulaire. Il s’agira en premier lieu d’exposer les caractéristiques des ordres participant à cette (re)composition urbaine, tout comme la chronologie de ce phénomène et les espaces qui en sont les objets. Les différents types de projets proposés par les religieux aux autorités urbaines seront décryptés et une attention particulière sera également portée aux motivations - invoquées ou non – conduisant les religieux à participer à la fabrique de la ville moderne, à l’image des Révérends Pères Augustins « ayant represente au consulat qu’estoit necessaire pour la commodite publique de ladicte ville de fere une rue a travers leurs fonds ». Enfin, cette étude posera plus largement la question des liens qui s’établissent entre les autorités urbaines et ces acteurs particuliers de la composition des cités modernes. Lyon paraît être un cadre d’étude particulièrement adéquat puisque, durant l’époque moderne jusqu’aux grandes opérations de la fin du XVIIIe siècle, la ville ne connaît pas de transformations majeures de son cadre alors que se produit une recomposition constante du tissu urbain, permettant l’identification de nouveaux acteurs participant à la composition urbaine.

David Do Paço, Mathilde Monge et Laurent Tatarenko, dir., Des religions dans la ville : ressorts et stratégies de coexistence dans l’Europe des XVI-XVIII siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010. 222 pages

Cahiers d'histoire, 2012

Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Compte rendu Ouvrage recensé : David Do Paço, Mathilde Monge et Laurent Tatarenko, dir., Des religions dans la ville : ressorts et stratégies de coexistence dans l'Europe des XVI e -XVIII e siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010. 222 pages par Bernard Ducharme Cahiers d'histoire, vol. 31, n° 2, 2012, p. 221-224. Pour citer ce compte rendu, utiliser l'adresse suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/1019293ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir.

Les enjeux religieux de l’instruction morale et civique au 19e siècle en Suisse romande

Résumé/Abstract Le mélange des populations de confessions ou religions différentes en Suisse prend son essor au moment même où se construit l’école publique et obligatoire. La potentielle présence d’élèves d’origine catholique et protestante dans les mêmes classes a un impact considérable sur la construction de l’école au 19e siècle. Cette mixité doit en effet être prise en compte dans les législations comme dans les pratiques scolaires. Quel est son impact sur l’instruction morale et civique qui se met en place partout à partir de 1848 ? Comment s’organisent le catéchisme et l’instruction religieuse ? Cet article examine ces différentes problématiques en se posant la question du rapport entre morale, instruction civique et transmission religieuse dans les systèmes scolaires de Suisse romande. Il montre entre autres que le catéchisme chrétien continue au 20e siècle à jouer un rôle essentiel dans la formation morale des futur·e·s citoyen·ne·s. ENGLISH: The mixture of populations of different denominations or religions in Switzerland began to take off at the very time when compulsory state schooling was taking shape. The potential presence of pupils of Catholic and Protestant origin in the same classes had a considerable impact on the construction of the school system in the 19th century. This diversity had to be taken into account both in legislations and in school practices. What impact did it have on the moral and civic instruction that was set up everywhere from 1848? How were catechism classes and religious instruction organised? This article examines these various problematics by addressing the question of the relationship between moral and civic instruction and the transmission of religion in the school systems of French-speaking Switzerland. It moreover shows that Christian catechism, in the 19th century, still played a major role in the moral education of future citizens.

Éduquer l’individu pour la collectivité. La place du religieux dans l’avènement d’une morale civique libérale dans le canton de Vaud (1820-1834),in S. Scholl, Ch. Grosse et J.-P. Bastien (éd.), Les fractures protestantes en Suisse romande au XIXe siècle, Genève, Labor & Fides, 2021, p. 173-192.

Dès les années 1820, les libéraux vaudois qui parviendront au pouvoir en 1830-31 (et dont font partie nombre de partisans du Réveil) font particulièrement la promotion de l’éducation civique, supposée enseigner à chacun ses droits et devoirs, les institutions, mais aussi pléthore de connaissances jugées utiles – et ce alors que les droits politiques demeurent de facto réservés à une frange minoritaire de la population. Pourtant, à la fois dans les discours des libéraux et dans les supports d’éducation populaire qui connaissent un essor remarquable à cette période, la part belle est laissée aux récits moraux et religieux qui prennent le pas sur la matière politique. L’historiographie récente sur les rapports entre les champs politique et religieux au XIXe siècle s’est attachée à revoir la vision traditionnelle d’une sécularisation unilatérale (où le religieux serait unilatéralement disparu de l’espace public et des institutions), à la faveur de l’analyse des reconfigurations et de redéfinitions des rapports entre Eglise et Etat. Rarement étudiée, la période qui sera analysée ici – celle de la fin de la Restauration et des premières années de la Régénération, et qui précède donc la fracture religieuse vaudoise – est pourtant particulièrement riche, puisqu’elle est marquée par des expérimentations, des débats et un moment de crise identitaire touchant en premier chef la question de la liberté religieuse qui est au cœur de la problématique des fractures tout au long du XIXe siècle. Pour cette période, l’éducation à la citoyenneté, parce qu’elle constitue une «nouvelle» matière qui traite du rapport entre l’Etat et le chrétien-citoyen (en passant par les institutions, y compris l’école et l’Eglise) semble une entrée particulièrement fructueuse pour analyser les liens et les possibles tensions entre les champs politique et religieux sous un angle d’histoire culturelle. Là où l’appartenance (culturelle et sociale) à la communauté n’est plus seulement réglée par la religion, mais aussi par la citoyenneté, et où les libertés individuelles prennent de plus en plus de place, quelles sont les références mobilisées pour promouvoir la morale ? Quelle place est réservée aux éléments religieux ? A l’aune de manuels scolaires, de débats politiques, d’essais pédagogiques, de sources de la Société vaudoise d’utilité publique et de la presse libérale, cette contribution interroge d’abord la place du clergé vaudois dans l’éducation civique, puis les héritages du modèle catéchétique, et enfin le rapport entre individualisme et bien public – afin de postuler l’avènement d’une nouvelle morale civique libérale au début du XIXe siècle, qui n’évacue pas le religieux pour autant.

L' usure dans une ville sainte. Dynamique d'un discours entre religion, politique et conscience communale (Cologne, XVe siècle), in: Jean-Louis Gaulin, Giacomo, Todeschini (Ed.), Male ablata. La restitution des biens mal acquis (XIIe-XVe siècle) Rome 2019, S. 225-241

2019

Mon objectif est de démontrer que les débats intensifs menés autour du prêt à intérêt illicite à Cologne au xve siècle dévelop-pèrent une nouvelle conception de la commune sans qu'elle ait été préméditée. Elle incorporait, bien sûr, la sphère religieuse, et la considérait comme une partie intégrante de l'identité urbaine. Cette conception alla bien plus loin que la simple idée largement diffusée depuis le haut Moyen Âge d'une commune fondée sur la religion, que l'on retrouve dans la recherche sous le concept de « communauté sacrée» ( « Sakralgemeinschaft » ). Ce concept signifie à l'origine la coopération entre le clergé et la bourgeoisie -malgré des dissensions -principalement lors des processions et des fêtes ecclésiastiques. Le discours sur l'usure renvoie plutôt à une perception de soi, irâce à laquelle la ville s'octroya peu à peu pendant le bas Moyen Age la « responsabilité de décider quel est le meilleur chemin vers la salvation » (la« Verantwortung fur die rechte Gestaltung des Heilswegs») formulée par Bernd Moller en 1962. Cependant, cette nouvelle conception de la commune, selon laquelle les autorités communales étaient, bien évidemment, pensées comme des autorités religieuses responsables, aussi bien du bon comportement éthique et moral des habitants que de l'organisa-tion de la vie religieuse, ne parvint à maturité qu'au XVI° siècle au cours de la Réforme. Pourquoi la question de l'usure - si tant est que la thèse sur le développement d'une nouvelle identité communale au xve siècle est juste -pourquoi, donc, le débat sur l'usure devrait-il jouer un rôle central? On peut sûrement penser à d'autres aspects comme, par exemple, les processions qui se développèrent depuis le XIVe siècle sous la férule de la commune5• Le discours sur l'usure, c'est ma seconde hypothèse, gagne cependant une dynamique particu-lière, une dynamique qui découle justement des deux aspects déjà cités: d'une part, la motivation politique en se défondant contre l'intervention de l'archevêque, et d'autre part, la motivation reli-gieuse par le souci d'une ville libérée des péchés.

Edification spirituelle, ordre social et prestige municipal. La prédication dans le bourg de Lugano (fin XVIIe-début XIXe siècle) 2014

Abstract (English) This paper focuses on the conditions of the preaching in Lugano between the end of the 17th and the beginning of the 19th centuries. In this subject town, there was preaching throughout the year, but especially during Advent and Lent. During these two important events of the liturgical year, the organization of preaching was the responsibility of the civil authorities, who recruited and paid the preachers. Preaching has, of course, first and foremost, a moral purpose, but to this practice were grafted also important economic inte- rests, as well as issues of prestige for the urban centres, and political legitimacy both for the local authorities and the sovereign. Résumé (français) Cette étude se focalise sur les conditions de la prédication à Lugano entre la fin du xviie et le début du xixe siècle. Dans ce bourg sujet, on prêche tout au long de l’année mais surtout pendant l’Avent et le Carême. Lors de ces deux moments forts du calendrier liturgique, l’organisation de la prédication est du ressort des autorités civiles, qui recrutent et payent le prédicateur. La prédication a certes avant tout un but moral, mais autour de cette pratique se greffent aussi des intérêts économiques importants ainsi que des questions de prestige, pour les centres urbains, et de légitimation politique, aussi bien pour les autorités locales que pour le souverain.