Louis XIV et les conclaves : réseaux et stratégies diplomatiques (1644, 1655, 1667) (original) (raw)
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2015
Les diplomates de l’epoque louis-quatorzienne etudies par Indravati FELICITE s’interessent a leur tour a la traduction dans les langues europeennes des œuvres orientales, et correspondent avec les autres membres de la Republique des Lettres, parmi lesquels Leibniz qui « transmet aux savants europeens des savoirs venus de l’Extreme-Orient car il correspond avec les jesuites francais en mission en Chine ». Si on peut en conclure que, certes « les diplomates apparaissent… comme des transmetteurs et des createurs d’information… et occupent de ce fait une place de choix dans les transferts de tous ordres entre differentes cultures… », ils n’en restent pas moins, de par leur profession, « des professionnels de l’alterite qui ont besoin des differences entre Etats et entre territoires pour faire valoir leurs competences cosmopolites ». L’auteure decele ici une « contradiction entre les aspirations theoriques, la realite de l’action diplomatique et la carriere des negociateurs ». « Le diplo...
La Maison du roi sous Louis XIV, une troupe d'élite (2): étude tactique
Louis XIV sentit quelle influence énorme aurait dans les évènements militaires un corps d'élite qui servirait comme une réserve de la fortune, et ne devrait donner que dans les grandes occasions où il serait besoin d'un effort extraordinaire » 1 . Le roi décida en 1671 que les compagnies des Gardes du corps, des Gendarmes de la garde, des Mousquetaires, et des Chevau-légers formeraient désormais en guerre un corps séparé, qui fut appelé la Maison du roi 2 . Cette troupe fut dès lors regardée comme la plus prestigieuse de la monarchie. Mais l'on sait bien, ainsi que le montre l'exemple des cavaliers de la garde du « roi-sergent » 3 , que le prestige n'implique pas systématiquement l'efficacité militaire. Une des questions essentielles qui se pose au sujet de ce corps est donc de savoir si il joua un rôle effectif à la guerre, à la manière d'une véritable troupe d'élite, ou bien s'il se contenta d'habiller la gloire militaire du « roi de guerre » et d'en assumer la représentation. La question est également pertinente dans le cadre plus général de la « Révolution militaire », synonyme pour certains auteurs d'un déclin qualitatif et quantitatif de l'arme équestre 4 . Nous avions envisagé dans un précédent article la Maison du roi d'un point de vue organique, recherchant les facteurs essentiels sans lesquels une troupe de cavalerie ne peut prétendre être efficace à la guerre : l'armement, l'instruction, la discipline. Cette étude avait notamment souligné le haut niveau d'exigence du roi et son implication dans l'exercice de sa Maison. Il nous appartient à présent de vérifier que tous ces éléments se combinaient effectivement pour assurer à ce corps une nette supériorité au combat. Celle-ci doit pouvoir se mesurer sur des critères tactiques pertinents. Nous pouvons notamment en distinguer deux, les qualités manoeuvrières et les techniques de charge (armes et vitesse). Nous tenterons également, en étudiant plusieurs batailles et combats, de déterminer si la place donnée à la Maison dans le schéma tactique de l'armée permet de dégager une doctrine d'emploi de cette troupe. Le roi, qui avait « créé » ce corps, lui donnant sa forme institutionnelle,
Revue d’Histoire diplomatique (Paris), 2013, n° 3, p. 239-258., 2013
Diplomatic correspondences are often regarded as banks of evidence that historians may use at their discretion, in their studies in international relations or in other kinds of topics. But it is unusual to be interested in these documents for themselves, and to criticize them as carefully as other sources. This study is devoted to such experience in a very specific case, which is offered by the letters exchanged between two British diplomats, at the eve of the War of Holland. The one, Sir Joseph Williamson, an experimented administrator, played the part of a patron, whereas the other, William Blathwayt, was a young recruit and his client. This example reveals that the understanding of a diplomatic correspondence may drastically change, depending to what extent it has been investigated and criticized. Therefore, its value as historical evidence needs to be treated with caution.
RHD, 2012_LA CONVERSION ET LES CONVERTIS DANS LES RELATIONS DIPLOMATIQUES AU TEMPS DE LOUIS XIV
Indravati FÉLICITÉ Le XVII e siècle a été présenté comme étant « par excellence le siècle de la conversion et des convertis » 1 ; le changement de confession, ou encore l'adoption d'un mode de vie radicalement différent, mais aussi l'intérêt pour la « vraie foi » semblent prendre à cette époque une dimension individuelle, libre et réfléchie qui tranche avec les conflits et le caractère collectif et violent des conversions des siècles précédents, conversions forcées des juifs au catholicisme dans la Péninsule Ibérique, guerres de Religion en France ou dans le Saint Empire, pour ne citer que quelques exemples. Le problème de la conversion comme démarche individuelle a également été présent dans les relations internationales au XVI e siècle, les princes choisissant parfois de changer de religion pour des raisons politiques. La question de la confession joua-t-elle encore un rôle dans les pratiques diplomatiques de la fin du XVII e siècle et du début du XVIII e siècle ? Interroger la relation qui existe entre la conversion et la diplomatie au siècle de Louis XIV amène à poser la question du lien unissant, d'une part, un acte relevant de la conviction personnelle, et, d'autre part, une activité en voie de professionnalisation et de « modernisation », celle de négociateur. Nombreux sont les points communs entre la conversion et l'action diplomatique. On peut citer dans un premier temps le parcours accompli par le futur converti et par le négociateur : tous deux sont confrontés à des choix – choix confessionnel, choix professionnel, choix politique – qui les amènent à quitter la communauté dont ils sont originaires pour entrer dans un monde étranger. Les convertis abandonnent la religion de leurs ancêtres, tandis que les diplomates doivent quitter le pays où ils sont nés, sans être assurés de pouvoir y revenir un jour. Passeurs de frontières, ces personnages se trouvent au coeur des transferts culturels dans l'Europe moderne ; ils en sont même des vecteurs particulièrement féconds.
Revue d'Histoire Diplomatique, 2021
Publié dans la Revue d'Histoire Diplomatique, 2021 (3), p. 257-272. En 1744, en pleine guerre de Succession d’Autriche, Jean-Baptiste Louis Fournier, négociant en tabac, est envoyé en mission secrète en Angleterre par le marquis d’Argenson, secrétaire d’État aux Affaires Etrangères, afin de tenter de négocier une paix avec le gouvernement anglais. Sous couvert de son commerce, il transmet à la France toutes les informations qu’il peut rassembler sur le conflit en cours, tout en essayant de rencontrer les ministres britanniques. Mais ces derniers, particulièrement indécis, font languir l’envoyé français dans ses tentatives pacifistes. L’arrivée en Écosse du Prétendant Charles-Édouard Stuart, auparavant hébergé en France, sonne le glas de pourparlers déjà fortement compromis, à la fois par les soupçons qui pèsent sur Fournier et par les fréquentations de ce dernier. Ce portrait souligne l’emploi du négociant, figure nouvelle de la diplomatie de la seconde modernité, dans l’action politique internationale.
2019
Entre France et Espagne, le duché alpin de Piémont-Savoie a souvent recours à une diplomatie alternant les alliances pour passer d'un camp à l'autre au gré des circonstances. En juin 1690, Victor-Amédée II rejoint la Ligue d'Augsbourg et entre en guerre contre son oncle Louis XIV qui a établi un protectorat dans ses États depuis un demi-siècle. Le Roi-Soleil dénonce alors ce revirement d'alliances dans un discours manichéen ici analysé à partir d'archives diplomatiques et militaires : il se présente en bon souverain victime de la trahison de son méchant neveu. Ce dernier répond à ces accusations par des arguments à la fois similaires et opposés à ceux de son oncle. Between France and Spain, the alpine duchy of Piedmont-Savoy often uses a diplomacy alternating alliances to pass from one camp to another according to the circumstances. In June 1690, Victor Amadeus II joins the League of Augsburg and enters the war against his uncle Louis XIV who dominates his states for half a century. The Sun King denounces this flipping alliances in a Manichean discourse analyzed here from diplomatic and military archives: he presents himself as a good sovereign victim of the betrayal of his wicked nephew. The latter responds to these accusations by arguments at once similar and opposed to those of his uncle. Tra Francia e Spagna, il ducato alpino di Piemonte-Savoia ha spesso ricorrere a una diplomazia alternando le alleanze per spostarsi da una parte all'altra secondo le circostanze. Nel giugno del 1690, Vittorio Amedeo II si uni alla Lega di Augusta ed entra in guerra contro suo zio Luigi XIV che ha stabilito un protectorate nel suo stato per mezzo secolo. Il Re Sole denuncia questa alleanza in un discorso manicheo qui analizzato da archivi diplomatici e militari : si presenta in buon sovrano vittimo del tradimento del suo cattivo nipote. Quest'ultimo risponde a queste accuse con argomenti allo stesso tempo simili e opposti a quelli di suo zio.