L'internationalisation d’un championnat national (original) (raw)

Introduction historique « La Hongrie, nation sportive. » Ce slogan, à la sonorité très officielle, correspond tout de même à une certaine réalité. Si tous les Hongrois ne sont pas des sportifs, loin de là, les résultats obtenus dans les compétitions internationales, ont placé le pays, et ce depuis la création des Jeux Olympiques modernes, parmi les dix-quinze nations les plus sportives de la planète. C'est un grand exploit si l'on tient compte de sa faible population (moins de dix millions d'âmes actuellement, la pointe se situant en 1980, avec 10,7 millions) et de ses ressources financières. Si les grandes tendances du sport hongrois (natation, escrime, tir, lutte...) se sont profilées dès le début du XX e siècle, l'athlétisme et le water-polo s'y sont ajoutés pendant l'entre-deux-guerres. Déjà domaine à succès, le sport hongrois a connu un véritable changement de régime au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Fidèle à l'esprit soviétique et soucieux d'encadrer la jeunesse, l'État a exercé un contrôle pratiquement sans faille sur le sport. Parallèlement, on a entrepris une profonde modernisation du système de sélection des athlètes, en intervenant directement dans le programme d'éducation physique au collège et au lycée et en créant des classes spécialisées dans l'enseignement secondaire. C'est aussi la période de construction des infrastructures nécessaires, comme le Stade du Peuple (Stade Puskás depuis 2002) à Budapest, capable de recevoir jusqu'à 80 000 supporters (avant la fin des années 1970) 1 , et le centre d'entraînement de Tata, dans le nord-ouest de la Transdanubie. Cependant, les performances de la sélection nationale de football, les Onze d'or, ont retenu le plus l'attention du public contemporain et postérieur. Si le football hongrois avait déjà encaissé de très beaux succès, marqués par exemple par une deuxième place à la Coupe du Monde de 1938, en France, derrière une Italie trop brillante, la qualité du jeu de l'équipe des années 1950 demeurait incomparable, alors que sur le plan des symboles, elle incarnait, dans une époque d'internationalisme forcé, le génie hongrois de ces enfants du peuple. Cette construction identitaire, avec tous ses sous-entendus, a été largement exploité 1 Le Stade Puskás, du fait de sa vétusté et de la cherté de son utilisation, a cessé progressivement de donner lieu aux rencontres de la première division. D'ailleurs, au début des années 2000, sa licence UEFA ne permettait plus d'accueillir que 35 100 spectateurs à l'occasion d'un match international, alors que sa capacité officielle pour d'autres manifestations restait encore de 56 000 âmes. Démoli en 2016, il a été remplacé en 2019 par la toute neuve Puskás Aréna (67 215 places), inaugurée le 15 novembre 2019.