Durand Jean-Louis, Sacrifier en Grèce et ailleurs. De l'anthropologue et du terrain, Dominique Jaillard et Cléo Carastro (éds), Grenoble, Jérôme Millon, Collection "Horos", 2022 (original) (raw)

L’ouvrage rassemble l’intégralité des textes publiés par Jean-Louis Durand (1939-2016), à l’exception du livre Sacrifice et labour, paru en 1986. Il répond à un projet ancien, longtemps remis, visant moins à recueillir des publications anciennes qu’à donner à entendre une démarche et un cheminement, cette « altération profonde de soi par où s’initie le travail anthropologique ». Jean-Louis Durand en a fixé le titre, la structure, les titres des différentes sections. La mort l’a empêché d’en préparer l’introduction et de réaliser la série d’entretiens qui l’eût complété, son enseignement – qui a profondément marqué plusieurs générations de chercheurs – étant resté très largement oral. Le livre n’en permet pas moins de prendre la mesure de l’œuvre, une des toute premières pour l’anthropologie francophone, la pratique comparatiste, la compréhension des sociétés à dieux multiples (celles de l’Antiquité grecque notamment) qu’il renouvelle à partir de la rupture épistémologique qu’ont induit son immersion dans une culture polythéiste et sacrifiante vivante (les Winyé du Burkina Faso) et sa familiarité avec des cultures liées à des formes rituelles de possession. Proche de Jean-Pierre Vernant « qu’il n’a jamais cessé de reconnaître comme son maître malgré les distances théoriques induites par son propre parcours » ou de Marcel Detienne dont il a partagé toutes les aventures comparatistes, il est, avec Charles Malamoud, Michel Cartry ou John Scheid un des acteurs majeurs d’un tournant ritualiste en anthropologie. Ses réflexions sur le rite comme système de gestes (également dans l’image) et sur les dispositifs rituels l’ont conduit à formuler des propositions que tout anthropologue, historien des religions ou praticien des Ritual Studies se doit de considérer. « L’anthropologie n’est pas à ses yeux un domaine comme un autre des activités intellectuelles, mais une véritable expérience intérieure, une autre façon de vivre et de penser, où le chercheur est investi de l’intérieur par l’objet même de sa recherche ». Un livre fondamental qui retiendra tout lecteur soucieux de se construire sur le monde un regard libéré.

S. Huber – J.-Ch. Moretti (coord.), Sacrifices et hécatombes à Délos

L’objectif de la première journée d’étude organisée dans le cadre du programme commun EfA-EfR « Pour une archéologie du culte dans les sanctuaires du monde méditerranéen » est de réunir en une réflexion collective des chercheurs travaillant sur divers dossiers sacrificiels à Délos, relatifs à des installations sacrificielles et à la pratique des sacrifices, parmi lesquels les hécatombes, rite lourd de conséquence non seulement sur les habitudes cultuelles à Délos, mais aussi sur la vie des Déliens. Des découvertes récentes apportent de nouvelles lumières à notre connaissance des pratiques sacrificielles des Déliens – non seulement à l’autel et dans le sanctuaire, mais également dans leurs incidences sur la vie des Déliens et dans leur emprise sur la ville. Diverses structures sont examinées sous l’angle de leur usage – des autels, mais aussi le Pythion, si proche des fondations de l’« autel de cornes » consacré à Apollon Délien. À propos de la difficile question des hécatombes, on s’interroge sur diverses aspects : leur mise en oeuvre et la topographie du sanctuaire d’Apollon (l'encombrement des offrandes, la proximité du Pythion, etc.), la procession, la question des accès au sanctuaire, l’impact économique de sacrifices de masse sur une ville comme Délos – gestion des viandes et des autres ingrédients fournis par l’abattage massif de bovins, mais aussi gestion des matières premières nécessaires à leur bon déroulement (charbon, etc.), les personnels nécessaires à la mise en place des hécatombes, etc.

Sandrine Huber – Patrice Méniel, « Pratiques sacrificielles et de commensalité à Érétrie, cité grecque de Méditerranée au VIIIe siècle avant notre ère »

2015

Alongside the ceramic vessels, largely predominant in the discourse on the practices of the banquet in Mediterranean worlds and in Celtic Europe, as well as in the Western Greek colonization, faunal remains and paleo-environmental evidence is a primary source to re-establish the food served at community meals. In ancient Greek society, all meat (except game) was derived from domestic animals sacrificed, usually found, in the sacred spaces, as assignable waste from burnt offering to the god on the altar and from beefing sequences. In Eretria, in the Eighth century BC, animal remains discovered near shrines reflect these two aspects of animal sacrifice, in the form of carbonized remains and cut bones. Only the joint study of these remains and of ceramic vessels allow a progress in the issue of the Greek banquet, as it was practiced by Euboeans at home and in the regions where they settled, especially in the Bay of Naples. Résumé Aux côtés de la vaisselle, largement prédominante dans le discours sur la pratique du banquet dans les mondes méditerranéens et en Europe celtique, mais aussi dans celui sur la colonisation grecque en Occident, les restes fauniques et paléo-environnementaux constituent une source documentaire primordiale pour restituer les nourritures servies lors des repas communautaires. Dans la société grecque antique, toute viande (gibier excepté) était issue de sacrifices d’animaux domestiques dont on retrouve généralement, dans les espaces sacrés, les déchets assignables à la part brûlée en offrande au dieu sur l’autel et aux séquences bouchères. À Érétrie, au VIIIe siècle avant J.-C., les restes d’animaux découverts aux abords des sanctuaires témoignent de ces deux aspects du sacrifice animal, sous la forme de restes calcinés et d’ossements découpés. Seule l’étude conjointe de ces restes et de la vaisselle est susceptible de progrès dans la problématique du banquet grec, tel qu’il était pratiqué par les Eubéens sur place, puis dans les contrées dans lesquelles ils se sont installés, en particulier dans la baie de Naples.

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Lydie Bodiou, Véronique Mehl, Jacques Oulhen, Francis Prost et Jérôme Wilgaux (dir.) Chemin faisant. Mythes, cultes et société en Grèce ancienne. Mélanges en l’honneur de Pierre Brulé. Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, coll. « Histoire ancienne », 314 p

Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2012

Nicole Belayche, Philippe Borgeaud, Jan Nicolaas Bremmer, Anne-Françoise Jaccottet, Francesco Massa, Vinciane Pirenne-Delforge, Les « mystères ». Questionner une catégorie, Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens. Paris-Athènes, Éditions de l’EHESS/Daedalus, 2016, 132 p

Archives Des Sciences Sociales Des Religions, 2017

Bernard Holtzmann, L’Acropole d’Athènes. Monuments, cultes et histoire du sanctuaire d’Athéna Polias, Paris, Picard, 2003, in-4o, 303 p., XXXII fig. en couleurs, 223 fig. noir et blanc dans le texte

Histoire urbaine, 2005