Attitudes stigmatisantes envers les personnes vivant avec le VIH : développement et validation d’un instrument de mesure intégrant un dispositif participatif (original) (raw)
Attitudes stigmatisantes envers les personnes vivant avec le VIH : Développement et validation d'un instrument de mesure intégrant un dispositif participatif par Marianne Beaulieu Département de médecine sociale et préventive École de santé publique Thèse présentée à la Faculté des études supérieures en vue de l'obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D) en Santé publique option Promotion de la santé Mai 2014 © Marianne Beaulieu, 2014 i Résumé Contexte : De manière générale, on considère que le processus de validation d'un instrument de mesure porte sur la validité et la fiabilité. Or, la nature dynamique et évolutive de certaines problématiques, comme la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH (PVVIH), laisse croire qu'il est particulièrement important de réinvestir rapidement dans la pratique, les résultats produits par les mesures ainsi validées. Objectifs : La présente thèse vise à développer et valider une échelle de mesure des attitudes stigmatisantes envers les PVVIH en intégrant un dispositif participatif. La thèse utilise en partie les données d'une enquête de surveillance des attitudes envers les PVVIH au Québec, elle comporte trois études qui répondent aux trois objectifs spécifiques suivants : (1) valider la version révisée d'un instrument de mesure des attitudes favorables à la stigmatisation dans la population générale du Québec envers les PVVIH; (2) analyser la relation entre la mesure des attitudes favorables à la stigmatisation et le recours au dépistage du VIH dans la population générale du Québec; (3) décrire et analyser les processus de circulation et d'utilisation des connaissances produites par l'instrument de mesure dans les réseaux professionnels des membres d'un comité consultatif. Méthodes : Un comité consultatif réunissant plusieurs partenaires issus de différents milieux a été constitué dès l'obtention de la subvention. Il a été consulté et informé avant, pendant et après l'enquête téléphonique populationnelle (n=1500) ayant permis de colliger les données. L'Échelle des Attitudes Stigmatisantes envers les Personnes Vivant avec le VIH (EASE-PVVIH) a été validée au moyen de plusieurs analyses psychométriques : analyses factorielles exploratoires et confirmatives, corrélations, régression linéaire multiple, test-t, ii tests d'hypothèses d'invariance de la structure factorielle et alphas de Cronbach (objectif 1). L'association entre les attitudes favorables à la stigmatisation et le recours au dépistage du VIH a été testée à l'aide de régressions logistiques hiérarchiques (objectif 2). Quant aux processus de circulation et d'utilisation des connaissances dans les réseaux professionnels, ils ont été analysés au moyen d'une étude de cas rétrospective (objectif 3). Résultats : Les analyses ont révélé trois résultats importants. Premièrement, d'un point de vue psychométrique, l'EASE-PVVIH est un outil fiable et valide pour mesurer les attitudes stigmatisantes envers les personnes vivant avec le VIH. Deuxièmement, sous une certaine forme caractérisée par l'inquiétude éprouvée lors de rencontres occasionnelles, les attitudes stigmatisantes par rapport aux personnes vivant avec le VIH semblent nuire au recours au test de dépistage dans la population générale au Québec. Troisièmement, un dispositif participatif en particulier, soit un comité consultatif, semble être un moyen pour favoriser le réinvestissement rapide et étendre la portée des résultats produits par la recherche dans des actions concrètes de santé publique. Conclusion : Ces résultats mettent en lumière la portée d'un dispositif participatif pour la validation d'instrument de mesure. L'arrimage entre les préoccupations scientifiques et pratiques apparaît être une avenue prometteuse pour améliorer la qualité et la pertinence sociale des données produites par les mesures.