Rémi Lefevre et Emmanuel Taïeb (dir.), Séries politiques : le pouvoir entre fiction et vérité, Bruxelles, De Boeck Supérieur, 2020, 192 pages (original) (raw)
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La figure de l’auctorialité satirique face au pouvoir des autorités politiques
Presses Universitaires de Bordeaux eBooks, 2019
Dans le prolongement de mon analyse déjà ancienne de l'énonciation dans la presse satirique (Rabatel, 2004), je rappelle brièvement les concepts opératoires pour l'analyse du complexe pluri-sémiotique des textes et des dessins. À la suite de Ducrot (1984), je considère que le locuteur (à la source de l'acte physique de production des énoncés) concerne une instance distincte de l'énonciateur, que je définis comme l'instance d'actualisation des points de vue, source de leur référenciation et de leur prise en charge (Rabatel, 2008-2009). Et je définis le PDV comme le fait que tout contenu propositionnel, actualisé, autrement dit, toute prédication 4 , rapportée à une situation de communication spécifique, ne fait pas que dénoter les objets du discours de façon objectivante, mais renseigne aussi sur le PDV de l'énonciateur sur l'objet, à travers ses choix de référenciation, indépendamment du fait qu'il exprime explicitement (ou non) une opinion sur l'objet. Posture, figure de l'auteur, fonction-auteur et figure de l'auctorialité L'essentiel de mon propos portera ici sur la figure de l'auteur qui émerge notamment de stratégies discursives ironiques ou humoristiques. Je ne reprendrai pas ici, comme le fait l'appel à communication, la notion de posture, que je réserve aux postures énonciatives de co-, sur-ou sous-énonciation, dans la co-construction des PDV, au niveau des énoncés, et donc est bien différente de la conception de Meizoz (2007), qui englobe le texte, les péri-et paratextes, voire des interactions avec d'autres auteurs ou instances du champ littéraire (Rabatel, 2015). Je ne reprendrai pas non plus la notion d'archi-énonciateur, utilisée dans Rabatel (2004 : 37), à la suite de Maingueneau (1990 : 141-142) qui l'avait lui-même empruntée à Issacharoff (1985). L'archi-énonciateur vise à rendre compte du PDV de l'écrivain auteur de textes dans lesquels il ne parle pas en son nom propre, dès lors qu'il n'y a pas de discours primaire, comme dans les
« Biopouvoir. Les sources historiennes d’une fiction politique »
Revue d’histoire moderne et contemporaine, 60-4/4bis, oct-déc. 2013, p. 49-75, 2013
Paltrinieri Luca, « Biopouvoir, les sources historiennes d'une fiction politique », Revue d'histoire moderne et contemporaine, 2013/4 n° 60-4/4 bis, Distribution électronique Cairn.info pour Belin. © Belin. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Document téléchargé depuis www.cairn.info -Biblio SHS --193.54.110.35 -17/06/2014 11h16. © Belin Document téléchargé depuis www.cairn.info -Biblio SHS --193.54.110.35 -17/06/2014 11h16. © Belin Foucault historien ?
une succession linéaire de trois grandes périodes : la première période archéologique, les années 1960, caractérisée uniquement par la question des conditions de possibilité de la connaissance, la deuxième période généalogique, les années 1970, marquée par la politisation de l'archéologie, c'est-à-dire la « découverte » et la description des situations de domination, et la troisième période, éthique, marqué par la réapparition d'une question que Foucault semblait avoir évincée des ses analyses précédentes, le sujet, sous la forme notamment d'une investigation des « problématisations de soi » dans l'antiquité. Cette tripartition, qui date au moins du livre de Dreyfus et Rabinow publié la même année de la mort de Foucault, ne me semble pas seulement abstraite, mais carrément contredite par la publication des Cours au Collège de France, qui ont complexifié énormément cet esquisse, en faisant apparaître, par exemple, la question de l'histoire de la vérité, ou encore de notions comme celle de gouvernement ou de parrhesia. De plus le choix des éditeurs de publier les cours non pas dans l'ordre chronologique mais dans un ordre dispersée, si elle pourrait être contestables du point de vue philologique, elle a crée des effets de lecture interessants. C'est bien un de ces effets de lecture que je voudrais ici décrire en lisant les trois derniers cours publiés, à savoir, dans l'ordre, Les leçons sur la volonté de savoir , Le gouvernement de la vérité (2012), La société punitive (2013). Evidemment, je ne vais pas décrire l'ensemble des ces trois cours, mais juste me concentrer sur une mutation presque méthodologique: la façon dont Foucault conçoit, décrit et écrit, son histoire de la vérité. I. La volonté de savoir. Une des distinctions qui structurent la réflexion de Foucault dans les années 1960 et encoure jusqu'au cours de 1970 sur La volonté de savoir est l'opposition entre savoir est connaissance. Dans MC Le savoir est composé, dans une société donnée, par « les connaissances profanes, les idées philosophiques, les opinions de tous les jours, mais aussi les institutions, les pratiques commerciales et policières, les moeurs». Le domaine du savoir occupe donc une position intermédiaire entre le sens commun et les disciplines scientifiques formalisables : c'est l'espace des conditions de possibilité au sein duquel s'organisent les discours « bien formés » de la citadelle scientifique. Le savoir est le système anonyme et collectif des régularités discursives qui précèdent la connaissance scientifique et la rendent possible.
Une « démocratie magique » : politique et littérature dans les romans de Vladimir Nabokov
2018
Ecrite d’abord en russe puis en anglo-americain, l’œuvre romanesque de Vladimir Nabokov (1899-1977), ecrivain americain d’origine russe, fascine ses lecteurs, mais leur participation a l’achevement de cette œuvre artistique a ete singulierement restreinte par sa reception. La publication de Lolita (1955) le transforme en precurseur du postmodernisme americain. Aboutissement de la quete moderne de l’autonomie de l’art et triomphe de l’autotelisme artistique, sa creation se trouve alors interpretee en poetique « tyrannique » sur laquelle regne l’auteur en « dictateur absolu ». Vladimir Nabokov, pourtant, n’a cesse d’identifier dans l’Histoire et de combattre dans son œuvre deux questions politiques du vingtieme siecle : celle de la soumission de l’art a l’ideologie (quelle qu’en soit le nom) et celle de la tyrannie (actualisee par les regimes politiques nazi et sovietique). Des l’origine, sa creation de langue russe, puis anglo-americaine, est synchronisee avec les consequences, tant ...