Sénèque le Tragique en France (xvie-xviie siècles). Imitation, traduction, adaptation - Introduction (original) (raw)
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Florence de Caigny, Sénèque le Tragique en France (XVIe-XVIIe siècle)
Cahiers De Recherches Medievales Et Humanistes Journal of Medieval and Humanistic Studies, 2012
La fin de la Renaissance, l'âge baroque et l'âge classique sont des époques de l'imitation. Pour la tragédie, le modèle sénéquien est essentiel, et l'ouvrage de Florence de Caigny, Sénèque le Tragique en France (XVI e-XVII e siècles), nous offre enfin la synthèse attendue. Que les oeuvres du dramaturge romain aient été traduites intégralement à trois reprises au XVII e siècle et donné lieu à trente-trois imitations différentes pendant la période étudiée suffit à suggérer l'ampleur de leur réception.
L’œuvre tragique de Sénèque au XVIIIème siècle : lectures, relectures et controverses
2018
Dénommé ainsi par opposition avec Sénèque le Rhéteur d'une part et avec Sénèque le Philosophe d'autre part. Il a fallu près de deux siècles, de la redécouverte par les Humanistes comme Pétrarque jusqu'au Syntagma de Delrio en 1593, pour que les identités et productions littéraires de chacun soient clairement posées. Pour une synthèse des lignes de partage sur la question de l'attribution des oeuvres des deux voire trois Sénèque, de Pétrarque au consensus moderne, voir J. Machielsen. Martin Delrio: demonology and scholarship in the Counter-Reformation, Oxford University Press, 2015, p. 385. 2 C'est l'autre façon courante de désigner celui que nous savons être aujourd'hui Sénèque le Fils, auteur tragique, philosophe, satiriste et naturaliste. 3 Sur le contraste entre la dette avouée de Racine envers Sénèque et la réalité de ses emprunts, voir notamment J. C. Lapp, « Racine est-il sénéquien ? » [1964] dans Une fenêtre ouverte sur la création. Essais sur la littérature française. Études publiées in memoriam John C. Lapp par Cynthia B. Kerr, Tübingen, Gunter Narr Verlag / Paris, Jean-Michel Place, 1983, p. 42 : « Racine s'est toujours montré à l'égard de son emploi de Sénèque d'une discrétion, pour ne pas dire d'une négligence extrême ». Lapp évoque aussi « le laconisme [de Racine] qui semble parfois frôler l'aversion […] » (op. cit., p. 43). 4 Voir par exemple les vers de Jean Loret, dans La Muse historique, lettre du 4 mars 1662 à propos de la création de Sertorius de Thomas Corneille : « Il fait mieux, dit-on, qu'Euripide, Buveur de l'onde Aganipide, Mieux que Sénèque le Romain, Prisé de tout le genre humain […] ». […] car, comme dit Sénèque : « Nous sommes de telle nature, qu'il n'y a rien au monde qui se fasse tant admirer qu'un homme qui sait être malheureux avec courage. Ita affecti sumus, ut nihil aeque magnam apud nos admirationem occupet, quam homo fortiter miser. » 5 Toute la liberté que j'ai prise, ç'a été d'adoucir un peu la férocité de Pyrrhus, que Sénèque, dans sa Troade, et Virgile, dans le second livre de l'Énéide, ont poussée beaucoup plus loin que je n'ai cru le devoir faire. 6 Cette Junie était jeune, belle et, comme dit Sénèque, festivissima omnium puellarum. 7 J'ai choisi Burrhus pour opposer un honnête homme à cette peste de cour ; et je l'ai choisi plutôt que Sénèque. En voici la raison : ils étaient tous deux gouverneurs de la jeunesse de Néron, l'un pour les armes, et l'autre pour les lettres. Et ils étaient fameux, Burrhus pour son expérience dans les armes et pour la sévérité de ses moeurs, militaribus curis et severitate morum ; Sénèque pour son éloquence et le tour agréable de son esprit, Seneca proeceptis eloquentioe et comitate honesta. Burrhus, après sa mort, fut extrêmement regretté à cause de sa vertu : Civitati grande desiderium ejus mansit per memoriam virtutis. 8 N'oubliez jamais, en rapportant les traits ingénieux de tous ces livres, de marquer ceux qui sont à peu près semblables chez les autres peuples, ou dans nos anciens auteurs. On nous donne peu de pensées que l'on ne trouve dans Sénèque, dans Lucien, dans Montaigne, dans Bacon, dans le Spectateur anglais. Les comparer ensemble (et c'est en quoi le goût consiste), c'est exciter les auteurs à dire, s'il se peut, des choses nouvelles ; c'est entretenir l'émulation, qui est la mère des arts. 9 Cependant, beaucoup plus souvent qu'il n'est un simple exemple, Sénèque est au coeur de prises de position et enjeu de débats littéraires. Il est intéressant de voir que Racine se prononce pour l'inauthenticité de la Thébaïdeque nous appelons les Phéniciennes aujourd'huien se fondant sur la mauvaise qualité de cette pièce : Car pour la Thébaïde qui est dans Sénèque, je suis un peu de l'opinion d'Heinsius, et je tiens, comme lui, que non seulement ce n'est point une tragédie de Sénèque, mais que c'est plutôt l'ouvrage d'un déclamateur qui ne savait ce que c'était que tragédie. 10 C'est dire que selon lui, Sénèque savait, inversement, « ce qu'était que tragédie ». On cite encore l'auteur latin pour commenter sa dramaturgie, ses sujets, ses personnages. Il est rare qu'il soit admiré pour sa composition, mais Corneille, dans son Discours des trois unités, note
Au cours de ces dernières années, un nombre impressionnant d'ouvrages a été consacré aux théâtres romains, marquant ainsi un regain d'intérêt pour cette architecture spectaculaire omniprésente au coeur des villes du Haut-Empire 1. Ces études montrent à quel point les édifices théâtraux sont indissociables du développement urbanistique qui s'y opère au début de l'ère impériale. On assiste en effet, dès l'avènement d'Auguste, à une véritable « monumentalisation » de ces villes, en Gaule comme dans les autres provinces occidentales de l'Empire 2 , dont les théâtres sont, à l'image des fora et temples nouvellement construits, les figures de proue d'une culture romaine exaltée, porteurs d'une astucieuse propagande impériale 3. Nous retracerons l'histoire de l'architecture théâtrale en Gaule romaine durant les premières décennies du Principat, avant de porter notre intérêt sur un monument tout aussi caractéristique qu'unique : le théâtre augustéen d'Arles. Nous évoquerons finalement les liens qui unissaient cette architecture spectaculaire à la tragédie romaine du i er siècle après J.-C. 1 Une bibliographie exhaustive de l'architecture théâtrale du début de l'ère impériale a été établie par l'auteur de la présente communication dans sa thèse de doctorat : Christophe Coulot, Citharam iam poscit Apollo victor. Architektur und Bauornamentik der Scaenae frons des augusteischen Theaters von Arles, TAF n o 30, Rahden, VML, p. 267-281. Il conviendra d'y ajouter le récent ouvrage de Hans Peter Isler :
De la royauté chez Sénèque le philosophe et le tragédien
S. GASTALDI, J.-F. PRADEAU (eds.), Le philosophe, le roi, le tyran. Études sur les figures royale et tyrannique dans la pensée politique grecque et sa postérité, «Collegium politicum. Contributions to Classical Political Thought, 3», Sankt Augustin 2009, pp. 71-83, 2009
Il existe bien chez Sénèque une place pour la dimension proprement politique de l’activité philosophique, qui n’est pas simplement réductible à l’éthique générale. La politique demeure pourtant pour ainsi dire un sous-ensemble de l’éthique, un milieu particulier où la morale doit se confronter aux catégories de la politique. Parmi ces catégories, celle de la royauté joue un rôle de premier plan, même si Sénèque a montré une certaine sympathie pour la république, notamment au commencement de sa carrière politique. Il n’est pas possible de reconstruire une vision unitaire de la royauté chez Sénèque, parce que ses idées à ce sujet (comme sur beaucoup d’autres, de caractère politique ou non) ont subi de profonds bouleversements au cours du temps. Les difficultés de datation de certains ouvrages (particulièrement les tragédies) compliquent de surcroît la tâche du chercheur. Dans le spectre des positions de Sénèque sur la royauté, nous nous sommes arrêtés sur deux pôles opposés : le côté «optimiste» du De clementia (et en partie aussi de l’Hercules furens), fondé sur l’opposition entre le bon roi et le tyran, et visant à maintenir un rapport très étroit entre politique et morale, entre bon roi et sage. À l’autre extrême, on trouve le Thyestes et les Lettres, dont le message désespéré est celui du caractère inconciliable de la philosophie et du pouvoir, du sage et du palais : chaque roi est un tyran. Même le cadre optimiste du De clementia révèle pourtant un échec, celui du théoricien de la politique qui aurait voulu fonder une « méta-éthique » de la royauté sur la vertu extraordinaire de la clementia, mais qui finit par retourner aux sources du stoïcisme et au paradoxe traditionnel selon lequel seul le sage est roi.
Anthropologie tragique et création poétique de l’Antiquité au xviie siècle français
2020
Anthropologie tragique et création poétique de l'Antiquité au XVII siècle français Type de publication: Collectif Directrices d'ouvrage: Baby (Hélène), Assaël (Jacqueline) Postfacier: Mazouer (Charles) Résumé: Ce volume rassemble les actes d'un colloque qui a posé la question du compagnonnage entre ontologie et esthétique dramatique dans la tragédie. Son ambition diachronique a permis de redessiner l'histoire du personnage tragique depuis les tragédies de Sophocle jusqu'à celles de Racine. Nombre de pages: 513
2019
Je remercie d'abord, bien entendu, les directrices et le directeur qui ont guidé mon travail : Mme Eva Kuťáková et Mme Perrine Galand qui ont été à mes côtés dès le début de mon doctorat, pendant toutes ces années ; Mme Virginie Leroux et M. Martin Bažil qui ont accepté de prendre le relais pour la dernière ligne droite. Leurs conseils et encouragements m'ont été d'une grande utilité et m'ont permis de mener cette tâche à bien. Je tiens à remercier ensuite M. Jean-Frédéric Chevalier pour les discussions enrichissantes que nous avons eues lors des colloques où nous nous sommes rencontrés, ainsi que pour la générosité avec laquelle il m'a fourni ses articles. Je n'aurais jamais pensé à réaliser ce projet sans l'équipe de la collection « Theatrum neolatinum » : mes remerciements s'addressent donc également à Alena Bočková, Kateřina Bobková-Valentová et Magdaléna Jacková qui ont répondu patiemment à toutes mes questions et m'ont encouragée à poursuivre le travail. De même, je n'aurais jamais pu faire cette thèse sans l'aide de mes amis parisiens : Cécile Gauthier, Jana Strnadová et Olivier Bonami. Je leur suis reconnaissante pour tout le soutien qu'ils m'ont apporté, ainsi que pour l'hospitalité qu'ils m'ont offerte pendant mes séjours parisiens. Sans eux, ce travail n'aurait jamais abouti. Enfin, je remercie ma famille, en particulier mon mari, pour la patience avec laquelle ils ont supporté mon stress continuel et mes absences.
Dramaturgie de l'aparté dans les Tragédies de Sénèque
2015
Les releves proposes par J.-P. Aygon dans la contribution precedente, dressant le catalogue des apartes retenus comme tels dans les tragedies de Seneque, constituent notre base de travail. Il s'agira ici de proposer diverses descriptions de ces passages, prealablement a leur interpretation. Comment Seneque travaille-t-il le procede ? Montre-t-il un vrai souci de dramaturge dans l'ecriture scenique de ces scenes ? Y at -il quelque necessite dans l'usage des apartes ou fonctionnent-ils comme de faciles et simples ficelles, usant et abusant de la convention ? Le recours a cette forme d'expression est-il lie, et dans quelle mesure, a ce theâtre des passions qui offre une plongee dans l'âme des personnages ? Telles sont les questions que nous nous sommes posees afin de proposer une etude dramaturgique de l'aparte dans ces tragedies. Pour tenter d'apporter quelques pistes de reflexion, nous mesurerons d'abord la place des apartes dans le theâtre de Seneque,...