« Le bras droit des armées » : le rôle de la cavalerie dans les dernières guerres de Louis XIV (original) (raw)
2017, Les dernières guerres de Louis XIV
À l'opposé de cette évolution, la cavalerie marque l'imaginaire guerrier du temps en incarnant une certaine forme d'héroïsme, un héritage des valeurs chevaleresques, à travers par exemple des représentations picturales de combats et de charges épiques, comme les met en scène la peinture de bataille tumultueuse 3. Cette arme équestre est-elle encore adaptée à la nouvelle façon de concevoir et de mener la guerre ? N'est-elle pas condamnée à ne jouer qu'un second rôle sur le théâtre des opérations, celui d'une arme socialement prestigieuse mais militairement dépassée ? Pour répondre à cette question, il paraît pertinent de déterminer d'abord la nature des missions confiées à la cavalerie, en dehors des seules batailles. Nous pourrons ensuite nous demander si la cavalerie, considérée d'un point de vue organique, technique mais aussi culturel, est apte à les remplir, avant, en dernier lieu, de tenter de mesurer en quoi ces missions pouvaient lui permettre de peser réellement sur le cours de la guerre. Les missions de la cavalerie Tout d'abord, la cavalerie doit « prendre langue », c'est-à-dire obtenir le plus d'informations possible sur la position, la marche, la force de l'ennemi. C'est, selon Birac, l'une des plus nécessaires et des plus importantes fonctions d'un capitaine de cavalerie 4. On peut « prendre langue » par de simples reconnaissances, des missions d'observation. Mais il est également possible, voire nécessaire, d'organiser pour cela des embuscades et des surprises de postes, qui permettent d'obtenir des prisonniers et des informations. Ces deux types d'opérations sont les plus classiques de la petite guerre. Les embuscades sont des attaques de l'ennemi en marche, par surprise, après l'avoir attendu dissimulé dans les terrains couverts bordant une route. On dresse généralement des guets-apens entre deux quartiers des ennemis ou entre un camp et une place proche, ou enfin entre deux armées campées à proximité l'une de l'autre. Bien entendu, les embuscades sont aussi organisées pour capturer un convoi, attaquer des fourrages ou simplement détruire une troupe ennemie. Les cavaliers sont généralement séparés en plusieurs corps. Dans le cas d'une attaque de convoi, « les plus gros chargeront l'escorte ; les petits détachements dételleront promptement, prendront les devants dans la retraite, et tout le reste de la cavalerie se rejoindra, pour assurer le butin et le ramener en sécurité 5 ». 3. Jérome Delaplanche, « Peindre le choc. La cavalerie dans la peinture des xvii e et xviii e siècles », dans Frédéric Chauviré et Bertrand Fonck (dir.), L'âge d'or de la cavalerie, Paris, Gallimard-ministère de la Défense, 2015. 4. Sieur de Birac, Les fonctions du capitaine de cavalerie, et les principales de ses officiers subalternes, avec un abrégé des ordonnances et réglemens du roi et l'