Des images aux archives visuelles : de nouvelles sources pour penser le genre au travail (original) (raw)

La visibilité du genre dans des revues de sociologie du travail

Cahiers du Genre, 2013

Le travail a constitué un objet privilégié des premières recherches académiques sur les rapports sociaux de sexe en France et les 'études genre' y sont restées marquées par cet héritage. Peut-on affirmer pour autant que les dimensions sexuées du travail sont désormais intégrées au coeur de la sociologie du travail et que les spécialistes du genre y sont reconnu•e•s à part entière ? Pour répondre à ces questions, nous proposons une analyse comparative de l'évolution du nombre d'articles consacrés au 'genre du travail' dans deux revues de sociologie du travail en France et en Grande-Bretagne. Nous montrons que la part de recherches portant sur les dimensions sexuées du travail à trouver place dans ces revues est beaucoup plus réduite en France qu'outre-Manche, et ceci tout au long de la période étudiée. La 'cécité au genre' qui perdure au sein de la sociologie du travail en France n'occulte pas seulement la réalité laborieuse des femmes de ce pays, elle invisibilise et marginalise également les (femmes) spécialistes du genre au sein de ce champ académique. 1 1 L'analyse des résultats présentés ici s'est effectuée en partie au sein de l'IP6 du Pôle de recherche national (PRN) LIVES « Surmonter la vulnérabilité. Perspective du parcours de vie », financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS). Nous remercions le Comité de lecture et les expert•e•s anonymes des Cahiers du genre pour leurs commentaires éclairés sur une version précédente de ce texte.

Atlas: pour une histoire des images au travail

Perspective. La Revue de l'INHA , 2013

Les publications examinées ici contribuent, de façon différente, à faire avancer un chantier de recherche très particulier, à la croisée de l’histoire des sciences, de l’art et des images, mais aussi de l’histoire du livre et des mises en scène du savoir. Il s’agit d’interroger la notion même d’atlas comme forme spécifiquement visuelle du savoir.

Images du travail et « visual sociology ». Enjeux et perspectives

L'article interroge les apports potentiels de la « visual sociology » à la sociologie française, en même temps que ses limites. La reconnaissance de la culture visuelle et de la capacité de jugement des usagers constitue un enjeu épistémologique important. Un exemple concret de construction collective d'un savoir sociologique sur le travail, le cas de l'histoire industrielle de la Lorraine, permet de le vérifier. L'observation de la transmission de la mémoire du travail salarié au sein de la population ouvrière du Pays-Haut Lorrain confirme en effet la contribution respective des cinéastes, des sociologues et des familles de la localité à la construction et à la promotion d'images du travail sidérurgique ayant une valeur tout à la fois documentaire et patrimoniale.

Juliette Rennes, Femmes en métiers d'hommes (cartes postales, 1890-1930). Une histoire visuelle du travail et du genre [Etudes photographiques, n° 32, 2015]

1 Juliette RENNES, FEMMES EN METIERS D'HOMMES (CARTES POSTALES, 1890-1930. UNE HISTOIRE VISUELLE DU TRAVAIL ET DU GENRE, Saint-Pourçain-sur-Sioule, Bleu Autour, 2013, 225 p., 23 cm, ill. coul. et NB, 29 €. Publié à l'automne 2013 avec une préface de Michelle Perrot, ce bel ouvrage, richement illustré et finement argumenté, apporte un éclairage tout à fait passionnant sur la culture visuelle de la Belle Epoque, et en particulier sur l'histoire des représentations des « femmes en métiers d'hommes ». Davantage accessible au grand public sans nullement perdre en rigueur, ce second livre complète, en en affirmant un tournant résolument visuel, les recherches de Juliette Rennes qui a premièrement publié sa thèse sur l'accès des femmes aux professions de prestige sous la Troisième République 1 .

« Travailleuse, travailleur » : une lecture du code du travail au prisme du genre

The Labour Code contains a number of gender-specific provisions. It therefore provides an ideal field of observation to grasp the workings of gendered legal drafting. The aim of the study is to show the way in which differentiation between masculine and feminine is conceived in the Labour Code. On the basis of the legal wording and references to the gender of the subject of the law, we begin by putting the notion of gender-specific rules to the test. We then seek to highlight the gender stereotypes attributed by labour law to women and men at work. Finally, the analysis focuses on the objective of these references to the gender of the subject of the law in the Labour Code. The variety of gender stereotypes referred to by the norm corresponds to a number of different legal programmes and policies relating to protection, equality and family life. Le code du travail comporte de nombreuses dispositions sexo-spécifiques. Il offre ainsi un terrain d’observation privilégié pour saisir les ressorts d’une écriture juridique genrée. L’étude entend montrer la manière dont la différenciation entre le masculin et le féminin est conçue dans le code du travail. En partant des énoncés juridiques et de la référence au sexe du sujet de droit, il s’est d’abord agi de mettre à l’épreuve la notion de règles sexo-spécifiques. L’étude a ensuite tâché de faire ressortir les stéréotypes de genre que le droit du travail assigne aux femmes et aux hommes au travail. Enfin, l’analyse s’est centrée sur le but de la référence au sexe du sujet de droit dans le code du travail. À la diversité des stéréotypes de genre convoqués par la norme, correspondent des programmes et des politiques juridiques hétérogènes, relatifs à la protection, l’égalité et la vie familiale.

Le genre au travail. Recherches féministes et luttes de femmes

Syllepse, 2021

L'enjeu de cet ouvrage est de faire dialoguer la recherche sur le genre au travail et les mouvements revendicatifs de femmes, notamment féministes et syndicalistes. La décennie 2010 a été celle du renouveau des luttes sociales et écologistes, où les femmes ont fait entendre leurs voix. Au sein des « printemps arabes », des « Gilets jaunes », contre les fermetures d'usines, qu'elles travaillent dans les services publics ou privés (maisons de retraite, hôpitaux, écoles, commerce, nettoyage), toutes se sont mobilisées pour dénoncer leurs conditions de travail, de salaire et d'emploi ou la réforme des retraites. Ici, chercheuses et militantes reviennent sur ces luttes et interrogent les effets des politiques d'égalité professionnelle, les enjeux genrés de l'espace numérique ou encore les conséquences professionnelles des violences conjugales. Interrompues par la crise sanitaire et le confinement, les mobilisations n'ont pas pour autant quitté le terrain médiatique. Au contraire, ce fut l'occasion inattendue de rendre visibles la présence des femmes dans les métiers essentiels, la pénibilité et le manque de valorisation de leurs emplois.

La visibilité du genre dans des revues de sociologie du travail. Comparaisons France et Grande-Bretagne (1987-2012)

Le travail a constitué un objet privilégié des premières recherches académiques sur les rapports sociaux de sexe en France et les 'études genre' y sont restées marquées par cet héritage. Peut-on affirmer pour autant que les dimensions sexuées du travail sont désormais intégrées au coeur de la sociologie du travail et que les spécialistes du genre y sont reconnu·e·s à part entière ? Pour répondre à ces questions, nous proposons une analyse comparative de l'évolution du nombre d'articles consacrés au 'genre du travail' dans deux revues de sociologie du travail en France et en Grande-Bretagne. Nous montrons que la part de recherches portant sur les dimensions sexuées du travail à trouver place dans ces revues est beaucoup plus réduite en France qu'outre-Manche, et ceci tout au long de la période étudiée. La 'cécité au genre' qui perdure au sein de la sociologie du travail en France n'occulte pas seulement la réalité laborieuse des femmes de ce pays, elle invisibilise et marginalise également les (femmes) spécialistes du genre au sein de ce champ académique.