Keynes et les synthèses néoclassico-keynésiennes (original) (raw)

2013, Idées économiques et sociales

Membre permanent du Certop (Centre d'étude et de recherche Travail, Organisation, Pouvoir, UMR 5044) 1. Théorie de la valeur, théorie de la monnaie et postulat de la monnaie Comme le souligne Segura [8], une lecture rapide de la Théorie générale laisse penser que Keynes n'a pas traité de façon séparé la théorie des prix et la théorie de la valeur. D'après Barrère [6], cette absence de séparation n'est finalement le signe que d'une absence de théorie de la valeur. Or, deux passages tirés de la Théorie générale semblent indiquer l'inverse. En parlant de la théorie de la valeur et de la monnaie, Keynes affirme qu' « un des buts des chapitres précédents a été de nous libérer de cette double existence et de rétablir une étroite connexité entre la théorie des Prix dans leur ensemble et celle de la Valeur. La division de l'Economie entre Théorie de la Valeur et de la Distribution d'une part et en Théorie de la Monnaie d'autre part nous paraît erronée » [1, p. 293-294]. Par ailleurs, il précise que « si le volume de production est pris comme une donnée, […] il n'y a rien à objecter à l'analyse de cette école [classique 1 ] concernant la manière dont l'intérêt individuel détermine le choix des richesses produites, les proportions dans lesquelles les facteurs de production sont associés pour les produire et la répartition entre ces facteurs de la valeur de la production obtenue » [1, p. 297]. Keynes semble donc ici à la fois vouloir intégrer la théorie de la monnaie à la théorie de la valeur, mais aussi accepter les enseignements de l'école néoclassique en matière d'allocation des ressources (donc la théorie de la valeur utilité-rareté). Cependant, l'auteur de la Théorie générale sème la confusion en prétendant que « nos préférences vont […] à la doctrine pré-classique selon laquelle c'est le travail qui produit toute chose […]. Il est préférable de considérer le travail […] comme le seul facteur de production » [1, p. 221]. Ici, Keynes semble adhérer à l'approche ricardo-marxienne de la valeur travail. Or, la théorie de la valeur néoclassique comme celle de la valeur travail posent un problème jusquelà non résolu de compatibilité avec la théorie de la monnaie.