Zupančič, Metka (sous la dir. de). La Mythocritique contemporaine au féminin . Dialogue entre théorie et pratique. Paris : Karthala, 2016. ISBN : 9782811116033. 180 pp (original) (raw)
2016, Amaltea: Revista de Mitocrítica
Le sous-titre du dernier livre publié par Metka Zupancic annonce la structure du livre, composée de dix textes, tous écrits par des femmes : en effet, cinq études théoriques côtoient deux textes de création et trois autres textes analysent les pratiques et expériences vitales des mythes au féminin. La lecture en est souvent passionnante, et l'écriture toujours passionnée. Qu'il s'agisse des mythes classiques d'Ariane, d'Eurydice, d'Antigone, des Érinyes, voire même du mythe littéraire de la Kahina, la passion, pour un être en particulier ou pour toute une société, est en effet toujours à l'oeuvre. Ainsi, le dialogue qui s'établit est une polyphonie harmonieuse qui traite en même temps la passion des mythes et les mythes de la passion. La question de la définition du mythe est plutôt peu développée dans le recueil. L'analyse est davantage tournée vers la mythanalyse et la pratique de la mythocritique: chaque auteure met en question soit l'imaginaire féminin et son «ouverture poétique», évoquant une «féminité insoumise» (selon Louise Dupré, p.52), soit «les principes mêmes de la nature humaine» (écrit Metka Zupancic, p.28), en remontant aux «origines maternelles», trajectoire que plusieurs auteures du recueil, à la suite de Metka Zupancic, nomment un «remembrement». Ce terme contribue à mettre en valeur les différentes actualisations de mythes que le lecteur peut découvrir dans ce que Cheryl Toman appelle «le laboratoire» des écrivaines. On retrouve ainsi, avec de nouvelles perspectives et des références originales, tant l'effet que Pierre Brunel constatait : «le mythe irradie le texte» (rappelé, ici, par Joëlle Cauville, p.67), que tout le potentiel accordé au roman par Kundera lorsqu'il soutient qu'il rend «à la vie son épaisseur» (ce à quoi Colette Nys-Mazure souscrit pleinement dans son article, p.81). Dans son introduction, Metka Zupancic, spécialiste reconnue des mythes dans les littératures féminines, présente les interlocutrices qu'elle a choisies. Comme elle les connaît toutes personnellement (ce qu'elle explique dans la première partie de son texte la «naissance du livre»), sa présentation nous fait part de la sensibilité de chacune, nous aidant ainsi à percevoir l'ampleur et la portée de leurs écrits. Cependant, cette Pénélope du «canevas commun» (p.11) qu'elle contribue à tisser apporte aussi des éléments de théorie pour étudier le thème de «l'écriture des femmes» qu'elle conçoit (en accord avec Louise Dupré) comme «une recherche de l'intime [qui s'achemine] vers une vérité subjective» insoupçonnée (p.18). Et, en brought to you by CORE View metadata, citation and similar papers at core.ac.uk provided by Portal de Revistas Científicas Complutenses