De l'interaction entre structure informationnelle et syntaxe: quelques réflexions sur la double négation en français (original) (raw)

Négation, syntaxe, détermination. Un bilan et des questions

Neophilologica 2019, 2021

The present paper retraces some results of my own investigations, among other authors, on such questions as negation, levels of analysis of sentences, and internal structure of NPs, after years of research in the field. It suggests some possible paths of further investigations, among others: thus, negation needs a multi-levels of analysis, including an enunciative component; syntax requires an adequate description of informative value of items, and the internal composition of determiners in French remains an open question.

Relations entre structuration informationnelle et structuration syntaxique en latin : les prémices du français

Communication présentée à l’Atelier sur la « Structure Informationnelle et la typologie des langues : marquage du focus, constructions détachées, hiérarchie des enchaînements thématiques », à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, 21-22 novembre 2008 ., 2008

Le latin, qui a donné naissance au français pour une grande part, est une source d'investigation intéressante pour deux points essentiels dans l'essai typologique de la Structure Informationnelle (SI). On observe déjà en latin des processus énonciatifs et cognitifs qui sous-tendent la construction du sens. Il existe aussi en latin des marques d'oralité nombreuses, qui correspondent entre autres aux Particules Énonciatives. La conception de la SI adopté ici s'appuiera sur une réflexion sur la charge informative des constituants de l'énoncé. Tout en considérant le Thème comme le centre organisateur de l'énoncé, « ce dont on parle », nous prendrons également en considération une réflexion sur le statut référentiel des éléments thématiques, rhématiques et mnémématiques de l'énoncé. Le 3 ème constituant énonciatif, le Mnémème, qui est le rappel d'une connaissance supposée partagée », pourrait expliquer l'ordre étonnant d'éléments de la proposition. Notre étude sera de nature discursive : elle permet ainsi d'étudier l'agencement des blocs thématiques et rhématiques au niveau phrastique et inter-phrastique. En général, la SI non marquée implique une organisation allant de gauche à droite. Le thème, dénotant des éléments d'information considérés comme « donnés » ou « connus » figure à gauche avant le rhème. Le Rhème, apportant un complément d'information sur les éléments présentés comme Thème, figure à droite. L'organisation de la proposition suit ainsi un ordre de valeur d'information croissante. De fait, le latin, dont on dit généralement que l'ordre est libre, a tendance à tirer les éléments importants vers la droite de la proposition dans les textes à « l'oral simulé ». L'importance du Détachement à droite ou à gauche n'est pas encore mesurée en latin mais nous tenterons de monter qu'il serait bon de considérer que les adverbes en latin peuvent eux aussi dans certains contextes de thématisation ou de focalisation être disloqués dans la périphérie gauche ou droite de la phrase. L'ordre non marqué des éléments est en SOV en latin. Parfois, le locuteur choisit une autre configuration syntaxique. C'est ainsi que la structure informationnelle est organisée différemment, à l'aide de ressources linguistiques, morphosyntaxiques et peut-être prosodiques. Le placement des adverbes permet souvent au locuteur de manipuler l'ordre des constituants de l'énoncé et donc de signaler une certaine interprétation sur le plan informationnel.

La négation : le « côté obscur» de la référence, effets pragmatiques et conséquences grammaticales

Res per Nomen V: Négation et référence, 2016

La négation comme ensemble d'opérations mentales marquées dans l'énoncé Il faut distinguer la négation en tant qu'opération mentale, ou ensemble d'opérations mentales, de ses diverses marques dans les énoncés. Beaucoup de langues, la plupart certainement, ont des marqueurs multiples de négation (français non, ne, pas, nullement, plus marginalement loin de dans Marie est loin d'être laide ou tout sauf dans Il est tout sauf patient) sans parler des mots négatifs (les indéfinis comme rien, personne, la préposition sans, le connecteur ni, des adverbes comme rarement). La variation des formes peut tenir à l'objet nié, les négations de mots ayant des formes intégrées (préfixes en français comme in-, a-, dé-), les négations sans verbe utilisant plutôt non et les négations verbales un marqueur discontinu ne pas. L'opération-ou les opérations mentales-produisant la négation est plus difficile à cerner. Elle met en jeu l'ensemble de ce qu'on peut appeler le « vouloir-dire » du locuteur, ses intentions, sa perception de ce qui est adéquat ou non, attendu ou pas. La négation matérialisée n'a pas le sens ordinaire d'un prédicat, comme cela a souvent été remarqué : « au signe  rien ne répond dans la réalité » (Wittgenstein, 1961 : §4.0621). La négation matérialisée ne se montre pas non plus dans les opérations de tri, lexical, prédicatif, qui forment les perceptions du monde qui nous entoure, même si on peut admettre, comme le dit Spinoza dans une lettre de 1674 : « Determinatio est negatio ». L'énoncé affirmatif produit ne montre pas de trace de ces processus d'auto-assertion qui forment la vision du monde des locuteurs, sauf lorsque l'élucidation du réel est progressive, comme dans : (1) Je ne vois pas bien, c'est un arbre, non, une forme humaine, non, finalement c'est un épouvantail. ou lorsque la négation est utilisée à des fins de classification, comme un marqueur sur un prédicat pour suppléer à une insuffisance lexicale : (2) Les rasés d'un côté, les pas rasés de l'autre ! C'est plus couramment le cas lorsque la négation est lexicalisée dans un morphème comme dans inexact, déboussolé, amoral. Ce sont des formes qui relèvent d'un emploi « descriptif » de la négation (en suivant Ducrot, 1984) : la négation contribue à la construction prédicative, notamment dans les constructions intensives pour lesquelles elle produit un effet d'abaissement qui permet des valeurs intermédiaires : pas mal entre bien et passable, par exemple. La combinaison a du sens, alors que la négation d'un prédicat comme blanc ne donne pas une interprétation allant plus loin que la constatation d'une non blancheur. Il n'est même pas sûr qu'il s'agisse de couleur : l'adjectif « sale » peut justifier la négation de « blanc ». La négation prototypique n'est pas descriptive : elle est de fait un opérateur de second degré et se manifeste la plupart du temps comme une réaction à une formulation déjà langagière, présupposé ambiant, état attendu ou énoncé prononcé, tels que confrontés à une situation qui

La disparition du schéma V2 en français : le rôle de l'opposition 'marqué' / 'non marqué' dans le domaine syntaxique

2011

L'objectif de cet article est d'illustrer la notion de « disparition » dans le domaine syntaxique, et, plus precisement, dans la syntaxe de position. Nous prendrons comme exemple un cas particulier, etape importante de l'evolution du francais : la disparition du schema a verbe second (V2) au profit de schemas de type (X) S(X) V(X) O (X), changement relativement long, qui s'etend sur la periode du moyen francais et du francais preclassique. A partir de cette etude, nous essayerons de determiner la specificite de la « disparition » d'une structure syntaxique, en insistant sur deux points qui semblent particulierement importants : la nature et le role du concept de « marque » lorsqu'il s'agit de schemas de phrase ; la pertinence, dans ce meme domaine, de la notion de grammaticalisation.

La grammaticalisation des constructions de négation dans une perspective onomasiologique, ou: la déconstruction d’une illusion d’optique

2003

La grammaticalisation des constructions de négation dans une perspective onomasiologique, ou: la déconstruction d'une illusion d'optique Dans son acception la plus stricte, le terme de grammaticalisation se réfère aux changements linguistiques au cours desquels un élément lexical autonome se transforme en élément grammatical. Cette définition qui remonte à Meillet (1948 [1912]: 131) a été modifiée par Lehmann (1995: 9) qui propose d'appeler grammaticalisation chaque processus au cours duquel un élément donné, qu'il soit d'ordre lexical ou grammatical, acquiert un statut plus grammatical. La grammaticalisation est un type de processus graduel et unidirectionnel qui affecte des signes linguistiques individuels ainsi que des constructions entières, et dont la progression peut se mesurer à l'aide de paramètres structuraux (Lehmann : 122-171, 1985. Cette approche, centrée sur l'évolution structurale des constructions grammaticales, est de nature essentiellement sémasiologique. Le présent travail se propose d'adopter un point de vue strictement onomasiologique et d'analyser un cas concret de grammaticalisation, à savoir celui des constructions de négation du français. Nous verrons que ce changement de perspective non seulement met en évidence des incohérences considérables du modèle de Lehmann, mais permet de mieux comprendre comment et pourquoi les processus de grammaticalistion se produisent.

Les interfaces de la syntaxe dans l'analyse de la construction des noms nus coordonnés

SHS Web of Conferences 5 L'idée de la nécessité d'un article (ou d'un autre élément en fonction de D) pour transformer des noms en SNs référentiels se reflète dans de nombreuses théories, de la syntaxe générativiste (Longobardi 1994, jusqu'à la grammaire des constructions (Langacker 1996 etc.). 6 La recherche des données a été effectuée manuellement dans Beeching et Elicop (liste de tous les CoordBNs); semiautomatiquement pour avec un deuxième nom prédéfini dans le corpus pfc, Frantext siècle XX et googlebooks siècle XX et XXI. 7 Il existe une variation du nombre de déterminants qui échappe à la règle de concordance du déterminant (au pluriel) avec les noms (au singulier ou pluriel) coordonnés, comme Ma mère, frères et soeurs ont été surpris. (Benetti 2008: 95, de lettres soldats). Grevisse juge cette déviation de la règle en tant qu'usage ancien: «On observe cependant

La négation dans les énoncés simples et complexes en kar (Senufo) (2006)

2006

En kar, langue Senufo du Burkina Faso, la négation est marquée au moyen de deux morphèmes, l'un en position post sujet, l'autre en fin d'énoncé. Le mor-phème en position post sujet est s ´ ˜ I dans les énoncés verbaux du mode indica-tif et dans certains énoncés non verbaux. D'autres énoncés non verbaux sont formés au moyen d'une copule négative, wéé, forme supplétive de la copule affirmative. má est l'auxiliaire de l'impératif négatif. Dans les énoncés complexes le morphème en position post sujet a la fonction d'indiquer le scopus de la négation. La marque de négation finale yŹ e est invariable, provenant probablement de la réponse négative à une question, éyŹ e 'non'. Le yŹ e final la fonction d'un déclaratif négatif 'je dis/j'ordonne que non'. De plus, dans des constructions complexes, le morphème yŹ e souligne le degré d'intégration des propositions. Ainsi, les subordonnées négatives précédant une principale sont closes par le yŹ e final et donc séparées d'elle. Il s'agit des propositions à caractère des to-piques. Par contre, des subordonnées à caractère plus focal comme par exemple des complétives suivent la principale. Lorsque celle-ci est négative, les deux propositions ne sont pas séparées par le morphème de négation, celui-ci figu-rant en fin absolue de l'énoncé.

Théorie syntaxique et théorie du parsage : quelques réflexions

Revue québécoise de linguistique, 1985

Ainsi, Marcus, dans sa thèse, terminée en 1977 mais publiée en 1980, fait référence à plusieurs concepts de la théorie standard étendue, entre autres, celui de trace. De plus, il tente de fournir une explication opératoire * J'ai choisi d'employer sans ambages le terme «parsage» pour «analyse syntaxique (sémantique) automatique». On ne peut guère m'y reprocher un anglicisme puisqu'il s'agit d'un latinisme en anglais même («parse» < «pars orationis»). Je me suis donc permis cet emprunt au latin. D'ailleurs, pourquoi ne pas voir dans ce terme bien pratique, à suffixe très québécois, une résurgence de l'ancien français parsuir «développer, défaire» (qui donnerait quelque chose comme «parsuissage», il est vrai). Je tiens à remercier les participants au séminaire de «Linguistique informatique» et au cours de «Grammaires formelles et applications» de l'Université de Montréal au printemps 1984, Eric Wehrli, de UCLA, qui, le premier, m'a fait entrevoir l'intérêt du problème du parsage pour la théorie syntaxique, ainsi que Jacques Labelle, rédacteur de la Revue québécoise de linguistique, dont la patience a été mise à dure épreuve par mes atermoiements. Inutile d'insister sur le fait que je suis seul responsable de toutes les erreurs qui ont pu se glisser ici ainsi que du ton, parfois un peu trop didactique, de ces réflexions. Je demande l'indulgence du lecteur là-dessus. On présupposera une connaissance, au moins sommaire, de la théorie de la grammaire syntagmatique généralisée (GSG). Cf. Gazdar (1982), Gazdar-Pullum (1982) et Morin (1984) pour une présentation d'ensemble de la théorie, de même que Evans & Gazdar (1984) pour la description détaillée d'un environnement informatique pour GSG basé sur Prolog, dans le contexte du système multilangages POPLOG. Cette recherche a été subventionnée par le CRSH dans le cadre du projet «Modèle formel d'acquisition de la syntaxe» (subvention CRSH-410-82-0801).