Temporalités de l'être: le zen, la modernité, le contemporain {"Being Time," French trans.} (original) (raw)

Être et Temps ou la théologie judéo-chrétienne de l'Histoire

2024

Depuis l'aube de l'humanité, la dualité fondamentale est la dualité de l'Etre et du Temps. Elle l'est aussi pour la philosophie qui, dès le début, oppose le divin éternel (l'Être) et les choses périssables du monde sublunaire. Pour les anciens, le Temps et l'Histoire sont sans valeurs et ne peuvent aboutir qu'à la catastrophe qui nécessite une renaissance et une régénération par un retour à l'Origine (Eternel retour). Pour l'humain occidental progressiste, c'est le contraire et si, pour lui, l'Être divin est mort, le Temps et l'Histoire sont ce qui lui importe le plus et on sait qu'il croit qu'il se crée lui-même en faisant l'Histoire comme le lui disent tous les philosophes de Hegel à Sartre. Les primitifs refusent d'entrer dans l'Histoire tout comme ils refusent l'instauration de l'Etat (cf. La société contre l'Etat de Pierre Clastres) sachant que l'entrée dans l'Histoire commence avec cette organisation étatique, l'invention de l'écriture et les premières sciences mathématiques et astronomiques. De ce fait, l'opposition entre l'être et le temps recoupe chez un Mircea Eliade l'opposition entre le mytho-religieux et le discours rationnel tandis que chez Jung c'est l'opposition entre l'âme inconsciente et le moi conscient. En terme lacanien, c'est l'opposition entre le "dit" et le "dire" mais contrairement à Lacan qui prend le parti du "dire" sachant que, pour lui, le "dit", l'être et le métaphorique ne sont que des illusions, Eliade propose un retour à l'Être et un "mépris" pour l'historicisme. De notre coté, concernant l'Être et le Temps, nous refusons toute unilatéralité qui nie son antagoniste et si nous rejetons aussi l'historicisme athée moderne, celui de "l'humain qui se crée en faisant l'Histoire", ce n'est pas pour revenir à un mytho-religieux archaïque, forcément sacrificiel mais pour concevoir une théologie de l'Histoire, celle d'un Dieu engagé dans l'Histoire sachant que c'est le judéo-christianisme qui est cette théologie de l'Histoire.

Temporalité et transcendance chez Jacques Ellul

Cet article a pour objectif d’expliciter les liens entre la pensée théologique, sociologique et politique de Jacques Ellul à travers l’étude de sa conception de l’histoire. A partir de son commentaire de l’Ecclésiaste nous montrerons que la pensée ellulienne distingue trois temporalités : celle de l’Homme, celle de la Nature et celle de Dieu. Ellul rejette toute idée de progrès intrinsèque de l’homme et de son histoire pour accorder à la transcendance l’origine et la finalité de l’Histoire. Dès lors c’est dans son rapport à la transcendance que l’homme peut ou non s’inscrire dans le sens de cette Histoire. Ceci implique une valorisation du présent ainsi qu’une radicalisation de l’action politique. En ôtant à l’homme toute responsabilité historique dernière, Ellul appelle à se rapprocher de l’anarchie comme doctrine politique luttant radicalement contre tout pouvoir et toute domination.

"Temporalité de la genèse chez Maurice Blondel et Pierre Teilhard de Chardin. Esquisse d’un rapprochement" [Temporal character of becoming in Blondel and Teilhard de Chardin: Attempting an encounter]

Teilhard has never given up on permanence behind change, whereas Blondel, although interested by permanence, presents a very keen consciousness of irreversibility. Blondel attempts to construct an ontology that integrates this fact of change or becoming. Would this have satisfied Teilhard? Blondel develops a "logic of moral life" insisting on the initial option right to the end of our destiny. Teilhard develops a consciousness of time with a direct hold on a world apprehended first by the senses, whereas Blondel is suspicious of the sometimes misleading testimony of the senses. We thus see a Blondelian attempt to see where the will reach its limits from this only standpoint, while Teilhard admits the influence of a mystical vision. We thus find in both thinkers a primacy of eternal light and truths, strongly affirmed by Blondel, although present in Teilhard; a specificity of evolution, and the necessity of a complement to prevent thought to close itself off. Both thinkers agree on the idea that "Everything holds from above." They recognize that our humanity represents only a sketch, that it is infra-substantial.

L'héritage kantien de la conception deleuzienne du temps. Remarques sur le transcendantal et le sublime

Philosophique, 2019

À la fin du deuxième tome de Cinéma, Deleuze affirme que « l’image-temps […] est “transcendantale“ au sens que Kant donne à ce mot ». Cette référence à l’idée kantienne de transcendantal est étrange dans la mesure où elle n’apparaît pas auparavant, et semble entrer en contradiction avec l’approche bergsonienne qui guide conceptuellement les analyses que Deleuze mène dans cet ouvrage. Notre objectif est d’élucider cette référence au transcendantal kantien concernant le concept d’image-temps dans Cinéma ; nous montrons que Deleuze joue le Kant de la Critique de la faculté de juger contre celui de la Critique de la raison pure en s’appuyant sur la singularité de l’expérience du sublime. En effet, avec le sublime il est question d’une expérience de ce qui ne peut être représenté et qui consiste en une affection particulière : non pas l’affection d’une matière, d’un donné, mais de la forme même de l’esprit. Or, la lecture que Deleuze propose de Kant consiste à mettre en évidence que cette forme de l’esprit est le temps lui-même. En ce sens, l’expérience du sublime serait l’expérience de la forme du temps et l’image-temps du cinéma serait à même de nous la procurer. De cette lecture deleuzienne, nous déduisons une remarque générale concernant la modification du sens du transcendantal qui ne désigne alors plus une structure mais une limite : l’expérience sublime de cette limite implique la découverte par le sujet de nouvelles possibilités, et révèle la limite comme une force transformatrice.

Temps et individuation : le sens du transcendantal dans la philosophie de Kant et de Husserl : métaphysique, ontologie, phénoménologie

2015

La notion d’individu fait l’objet d’une intuition triviale. Notre experience nous la livre si naturellement qu’elle semble constituer le socle elementaire de toute ontologie naive. Mais en philosophie, le probleme de l’individuation ouvre un vaste champ de problemes metaphysiques traites dans la posterite scolastique d’Aristote. Denoncee et re-elaboree dans l’ontologie fondamentale de Heidegger comme metaphysique du Dasein a la faveur d’une critique de Kant, prolongee et depassee dans la phenomenologie de la donation, la metaphysique semblerait evacuee de la pensee moderne post-kantienne, a fortiori de la phenomenologie, si Husserl ne lui restituait pas un probleme evince par l’ensemble des phenomenologies du sujet : l’individuation. Faisant de l’individuation le probleme de « la constitution de l’etre individuel (donc “factuel”) en general et d’apres ses formes fondamentales essentielles » accompagne de « la resolution de la problematique transcendantale la plus profonde », Husserl...