Aristocraties méridionales. Toulousain et Quercy (XIe-XIIe siècles), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010, 460 pages. (original) (raw)

L’Aristocratie laïque au miroir des récits hagiographiques des pays d’Olt et de Dordogne (Xe XIe siècles), thèse dactylographiée de doctorat d’histoire médiévale, sous la direction de Dominique Barthélemy, Université Paris IV Sorbonne, 2011

"La présente étude s'inscrit dans le débat à propos d'une éventuelle " mutation féodale " autour de l'an mil. Il s'agit d'étudier l'aristocratie laïque durant les Xe et XIe siècles, en prêtant une égale attention aux ressorts matériels et idéologiques de sa domination sociale. La signification des transformations que connaît alors l'écriture diplomatique étant au cœur de la controverse, le choix a été fait de partir des sources hagiographiques originaires des abbayes d'Aurillac, Conques et Figeac. Mais le discours hagiographique présente ses propres biais. Afin de s'en prémunir au mieux, on a confronté autant que possible les affirmations des sources hagiographiques aux informations disponibles grâce à d'autres types de documents. La démonstration procède en deux étapes. En recourant aux méthodes de l'hagiologie, la première partie permet de contextualiser la production hagiographique et de s'interroger sur les conditions de sa réception : on s'aperçoit que si les textes latins sont d'abord destinés à être lus par des clercs, de multiples canaux de diffusion orale permettaient aux hagiographes de s'adresser également aux laïcs, en particulier à l'aristocratie. La seconde partie étudie l'évolution de la domination aristocratique à travers ce que permet d'en percevoir l'hagiographie. Elle montre qu'un certain nombre de transformations ont eu lieu dès le début du Xe siècle et permettent de parler d'une " mutation de l'an 900 " : l'émergence de la chevalerie, la mise en place de la féodalité, la montée en puissance des sires, l'importance des châteaux et des milites sont autant de phénomènes qui datent de cette époque. Toutefois, l'an mil connaît deux ajustements non négligeables : le redéploiement de l'identité aristocratique autour des châteaux et le passage d'une conception cognatique de la parenté noble à une autre d'avantage agnatique. The present study falls within the scope of the debate about a possible "feudal mutation" around the year 1000. It is concerned with the study of lay aristocracy during the 10th and 11th centuries, by giving equal attention to ideological and material aspects of its social domination. Because the meaning of the transformations that affect diplomatic writing then is in the heart of the matter, we make the choice to work from the hagiographic narratives from the abbeys of Aurillac, Conques and Figeac. But there are also biases in the hagiographic discourse. In order to counterbalance their influence, we have compared as much as possible the data from hagiographic texts with the information available thanks to other types of documents. The demonstration is organized in two steps. Using the methods of hagiology, the first part contextualizes hagiographic production and questions the conditions of its reception: we are led to realize that, if the Latin texts are primaraly intented to be read by clerics, multiple oral channels allowed hagiographers to address also the laity, especially the aristocracy. The second part examines the evolution of aristocratic domination through what can be perceived in the hagiography. It shows that some transformations took place as early as the beginning of the 10th century and that we can therefore speak of "a mutation of the year 900": the ermergence of chivalry, the establishment of feudalism, the rise of the lords, the importance of castles and milites are phenomena which date from this time. Howewer, there are two significant adjustments around the year 1000: aristocratic identity refocuses on castles and the the noble kinship moves from a cognatic conception to another more agnatic."

« Les origines des lignages royaux et nobiliaires (Castille, XIIIe-XVe siècle) »

Cet ouvrage portant sur l'Espagne médiévale et moderne interroge la notion d'idée reçue sur laquelle pèse un discrédit, et questionne les stéréotypes, sorte de figures figées de l'altérité. Diverses modalités d'expression des idées reçues sont ainsi mises à jour, ce qui permet aux auteurs d'analyser leur statut et leur fonction dans la littérature, dans les arts et les sciences. L'idée reçue, au-delà de sa valeur d'opinion assimilée, héritée et donc « pré-jugée » par la force de la convention, de la tradition ou de l'autorité, conditionne le consensus culturel et social et la représentation cohésive du groupe, tant elle infiltre le langage et même le savoir ; défaire les vérités admises réclame le courage de heurter les fausses autorités et un principe de consentement général. Si pour le Moyen Âge il s'agit de faire du neuf avec du vieux tout en respectant, ou en contournant par des stratégies adaptées, des schémas de pensée et des procédés d'écriture communs, pour l'époque classique, au contraire, l'idée reçue est souvent débattue – en fonction des circonstances culturelles, philosophiques et politiques –, voire renversée, favorisant ainsi l'apparition de nouveaux modes de pensée. Ghislaine Fournès est professeure des Universités à l'Université Bordeaux Montaigne où elle dispense des cours de littérature, de civilisation et d'iconologie portant sur la Castille médiévale. Auteure de nombreux articles sur le règne d'Alphonse X le Sage, elle a également publié un ouvrage sur l'univers de la chevalerie à la fin du Moyen Âge et au début des Temps Modernes et a coordonné plusieurs ouvrages, notamment Images du pouvoir. Pouvoir des Images dans l'Espagne médiévale (XI e-XV e siècle) en 2006, ainsi que Le Miroir du Prince. Écriture, transmission et réception en Espagne (XIII e-XVI e siècle) en 2009.

Ariane Boltanski, Alain Hugon, Les noblesses normandes (XVIe-XIXe siècles), actes du colloque international (Cerisy-la-Salle, 10-14 septembre 2008), Rennes, P.U.R., 2011, 391 p.

Ariane Boltanski, Alain Hugon, Les noblesses normandes (XVIe-XIXe siècles), actes du colloque international (Cerisy-la-Salle, 10-14 septembre 2008), Rennes, P.U.R., 2011, 391 p. http://www.pur-editions.fr

L'Ordre teutonique et la noblesse sicilienne, du XIIe au XVe siècle

De par sa position stratégique en Méditerranée et sa légendaire capacité de production céréalière, la Sicile fut convoitée par les grandes puissances depuis la lointaine Antiquité. Son histoire, tout au long du Moyen Âge, ne dérogea pas de cette prémisse et l’île passa successivement entre les mains des Byzantins, des Arabes, des Normands, des empereurs germaniques, des Angevins et, enfin, des Aragonais. Au coeur de cette histoire mouvementée, l’Ordre teutonique, nouvellement créé et en passe de devenir aussi un ordre militaire, vint s’implanter dans l’île en 1197 par l’action de l’empereur Henry VI. Dans le cadre du présent article, nous tenterons de définir les relations entre la noblesse sicilienne et l’Ordre teutonique, de la création du baillage en 1197 à sa perte en 1492. Notre présentation sera notamment basée sur une source éditée dans le cadre de la thèse doctorale de K. Toomaspoeg: un contrat de confrère, passé entre messire Riccardo de Sancto Philippo et l’Ordre Teutonique à Agrigente en date du 24 janvier 1326. Nous dresserons d’abord une brève histoire de l’implantation de l’Ordre en Sicile et de son adaptation aux multiples tribulations dynastiques. Nous observerons ensuite les différents types de relations qui s’établirent entre les familles nobiliaires siciliennes et l’Ordre teutonique, puis nous plongerons notre regard au cœur du XIVe siècle par l’étude du document précité. Finalement, nous terminerons cette présentation par un bilan des connaissances apportées par notre source dans ce cadre particulier. This article focuses on the relationships established between the Sicilian nobility and the Teutonic order, from the creation of the bailiwick in 1197 to his loss in 1492. During its history, the Sicilian bailiwick of the Ordre (la Magione) ensured its survival through the multiple dynastic tribulations by associating himself occasionally with the great baronial families (Chiaramonte, Ventimiglia), often with the local gentry. Another important and concomitant strategy was to develop its brotherhood, as well as an extensive network of clients in the cities where it was implanted (Palermo, Agrigento, etc.). At the end of the period, the importance of the Bailiwick was such that only the heritages of the churches of Palermo and Monreale exceeded its economic power in western Sicily.

‘Quelques considérations sur l’attitude des nobles comtois entre 1477 et 1500’, in Publications du Centre Européen d’Études Bourguignonnes, 42 (2002), 164-184.

En septembre 1956, il y a quasiment un demi-siècle, la communauté histo rique a perdu un des esprits les plus originaux. Ce personnage nous a laissé une oeuvre impressionnante. Déjà les titres de ses chefs-d'oeuvre, comme par exemple La terre et l 'évolution humaine ou La Religion de Rabelais, nous révèlent sa curiosité intellectuelle et sa grande érudition1. Vous le devinez déjà, je fais allusion à Lucien Febvre. Fernand Braudel considérait Febvre comme un de ses maîtres. D 'après son témoignage écrit, c 'était Lucien Febvre qui à un moment critique l'avait sorti de ses doutes et de ses hésitations et qui l'avait incité ainsi à pour suivre sa propre carrière historique. La qualification de Fernand Braudel en dési gnant Lucien Febvre comme " le plus grand historien de langue française de son époque " ne surprend alors guère2.

« La noblesse à la conquête de la ville : l’exemple des seigneurs de Roubaix à Lille au XVe siècle », dans T. Dutour (ed.), Les nobles et la ville dans l’espace francophone (XIIe-XVIe siècle), PUPS, 2010, p. 147-160.

Chaque année, le deuxième dimanche qui suit la Pentecôte, la ville de Lille est en liesse. La grande procession Notre-Dame rassemble toute la communauté dans un ordre strict où chacun affiche symboliquement la notoriété de son statut et de son rang. En tête du défilé, en signe d'expiation, le Chevalier Rouge, alias le seigneur de Cysoing, rappelle les exactions de son lointain ancêtre qui, en 1276, avait violé l'enceinte sacrée du cloître de l'église Saint-Pierre, pour molester puis pendre un clerc, nommé Adam Blauwet 1. Cette image peu flatteuse réservée à l'un des membres de la noblesse locale dans le cadre de cette festivité lilloise majeure peut surprendre par le caractère pour le moins agressif caractérisant cette humiliation publique profondément ancrée dans la mémoire collective de la ville. Pourtant, l'épisode correspond assez fidèlement à l'image que l'historiographie a longtemps réservée à ce couple jugé peu probable associant le monde urbain à l'une des élites les plus saillantes de la société médiévale. Difficile a priori de concilier en effet un espace dominé par des bourgeois toujours en quête de franchises et de libertés avec un groupe d'individus incarnant l'attachement crispé aux privilèges issus de la hiérarchie féodale. Nuances et critiques ont été apportées depuis à ce débat d'arrière-garde, sans que de véritables études soient venues étayer ce revirement historiographique 2. Dans les anciens Pays-Bas bourguignons, les investigations se heurtent, il est vrai, à deux difficultés d'ordre à la fois qualitatif et quantitatif. La première, classique, pose la délicate question de la définition. Qui est noble ? Puis, à la suite des réponses multiples avancées : de quelle noblesse parle-ton ? Paul de Win, pour l'espace et l'époque qui nous occupent, à savoir les anciens Pays-Bas bourguignons au XV e siècle, insiste sur l'extrême mobilité de ce groupe social, dont les familles, de distinctions honorifiques en disgrâces parfois définitives, fluctuent sur une échelle nobiliaire dont l'assise s'appuie sur la foule des petits bourgeois récompensés par un titre pour leur dévouement au prince et dont le sommet culmine au ciel des chevaliers de la Toison d'Or 3. À Lille, bonne ville de la Flandre gallicante figurant parmi les capitales de la principauté, l'installation de la chambre des comptes par Philippe le Hardi en 1386 et la présence régulière de la cour nourrissent ce renouvellement des classes et font se côtoyer un Lothard Fremault qui