Jeunesse, violence et territoires au Brésil et en France (original) (raw)

Jeunesses, violences et l’Etat : jeunes des territoires munis du programme « unités de police pacificatrice » à Rio de Janeiro

2014

Cet article relate une recherche effectuee a partir d’une etude de groupes de contacts avec des jeunes (15 - 29 ans) a la fin de l’annee 2011 dans les favelas des Unites de police pacificatrices (Unidades de Policia Pacificadora -UPPs), recemment implantees a Rio de Janeiro. Il debat de la relation difficile qu’entretient la jeunesse pauvre, noire, et stigmatisee par une serie de prejuges sociaux, avec l’Etat. Ceci, en prenant en consideration le fait que ce programme leur parvient par le truchement d’un appareil de la securite publique, historiquement repressive : la police. Nous defendons ici le fait qu’il faille mieux connaitre et comprendre, partant des jeunes, leurs discours et leurs pratiques, et ainsi s’eloigner des codifications sociales afin de voir au-dela des violences et des « illegalites » qui leur sont imputees.

Brésil : les nouvelles faces de la violence

Cultures & conflits, 1992

La généralisation de la violence comme problème La question de la violence n'est certes pas nouvelle au Brésil. Mais sa montée en force, les formes étonnantes qu'elle prend en ce début de décennie, semblent plus en rupture qu'en continuité avec un passé récent. Elle devient, au sens propre, un mode de régulation des interactions humaines et cela est nouveau. A Touraine, il n'y a pas longtemps, avait parlé d'un clivage, central selon lui pour l'ensemble du continent latino-américain, entre le monde de la parole, le monde de la modernité, et le monde du sang, celui des laissés-pour-compte 1. Aujourd'hui il n'y a plus de monde de la parole. Le monde des in était un monde régulé, soumis à des normes. Des dérégulations partielles, bien sûr, ont toujours existé. Mais aujourd'hui, il n'y a plus de règles. En vrac, quelques indications. La première dérégulation, et la plus importante sans doute, est celle qui renvoie au brouillage, à une échelle jamais vue auparavant, des frontières entre le public et le privé. Autrefois on dénonçait la corruption pratiquée à de hauts échelons de l'administration publique, comme une transgression. Aujourd'hui la corruption s'exerce verticalement à tous les échelons de l'administration, depuis les plus hauts, jusqu'aux plus bas et les plus démunis de ressources.

Brésil. La jeunesse rurale et le «Statut de la Jeunesse»

LA UNE AFRIQUE AMÉRIQUES ASIE AUDIO DÉBATS ECOLOGIE ECONOMIE EUROPE MOYEN ORIENT SOCIÉTÉ SUISSE VIDEOS Brésil. La jeunesse rurale et le «Statut de la Jeunesse» Publié par Alencontre le 2 3 -m ars -2 01 3 Par Maciel Cov er et Sérgio Barcellos Après av oir été approuv é par la Chambre des Députés, sur la base du rapport présenté par la jeune députée Manuela d'Áv ila (Parti Communiste du Brésil/Rio Grande do Sul), le Statut de la Jeunesse est maintenant en discussion au Sénat Fédéral de l'Etat du Brésil, au sein de la Commission des Affaires Sociales, présidée par le Sénateur Paulo Paim (Parti des Trav ailleurs de Rio Grande do Sul). Après être passé par quelques commissions du Sénat, le tex te passera en plénière et, s'il est approuv é, il retournera v ers la Chambre des Députés, où il pourra à nouv eau se balader à trav ers quelques commissions.

La violence dans l'univers des jeunes

Depuis quelques années, voire depuis quelques décennies, la violence dans l'univers des jeunes est devenue une source considérable d'inquiétude. Certes, cette inquiétude semble prendre racine dans les tristes événements qui se sont déroulés dans plusieurs écoles nord-américaines depuis décembre 1989; par ailleurs, il appert que les conséquences de l'immersion de la violence dans l'univers des jeunes prend des formes diverses qui ne se limitent pas aux fusillades dans les écoles -on peut penser ici aux gangs de rues, aux intrusions de domicile, aux crimes sexuels et au phénomène de taxage dans les écoles, pour ne nommer que quelques exemples. De plus, la croyance généralisée voulant que ces comportements violents des jeunes soient dus à leur exposition à la violence dans les médias de masse, bien que répandue, peut sembler quelque peu simpliste. La violence dans les médias a des effets indéniables, mais une recherche plus approfondie saurait sans doute exposer des causes plus implicites et des liens plus complexes entre l'univers violent des jeunes et leur comportement parfois troublant. De plus, la violence dans les médias ne se veut que la réverbération d'une société cherchant toujours des sensations plus fortes. Après tout, la culture n'est-elle pas le reflet de la société?

L'adolescence mutilée. Grammaires de la souffrance au Chili et en France

Depuis la fin du XXe siècle, les pratiques d’automutilation (grattages, coupures et brûlures sur le tissu corporel) chez les adolescents sont devenues un problème important pour les institutions et les professionnels de santé mentale. Les « automutilateurs », ayant acquis une visibilité sociale, sont devenus l’une des figures contemporaines du sujet souffrant. De nombreuses études psycho-médicales ont fourni une analyse du pourquoi de cette pratique et des problèmes qui y sont associés (impulsivité, dépression, comportement suicidaire, etc.). Néanmoins, peu d’importance a été attachée à l’expérience vécue et à la vie ordinaire des adolescents, au langage qu’ils utilisent pour décrire leur souffrance, ainsi qu’aux représentations des soignants et leurs pratiques de soin. Cette thèse a pour objet l’étude des dimensions subjectives et socioculturelles des pratiques d’automutilation à l’adolescence. Quels sont les principaux changements dans les taxonomies et les explications étiologiques de l’automutilation ? Quelle est sa signification pour les adolescents et comment est-elle vécue dans leur vie quotidienne ? Quelles sont les représentations, les attitudes et les pratiques des professionnels de la santé mentale concernant ces phénomènes ? Pour répondre à ces questions, cette thèse est fondée sur une analyse de littérature secondaire et sur une enquête ethnographique, menée par observations et entretiens, dans des institutions de santé mentale à Santiago (Chili) et à Paris (France), auprès d’adolescents âgés de 12 à 19 ans (n=40) et de professionnels de la santé (n=51). Les différents niveaux d’analyse permettent de mettre en lumière la façon dont le « corte » [coupure] ou la « scarification » est devenue une pratique envisageable pour les adolescents, ses usages sociaux et la tonalité émotionnelle particulière qui lui est associé dans chaque société (« rabia » [colère] au Chili et « angoisse » en France). Si l’automutilation représente une forme de régulation émotionnelle, les récits des adolescents montrent qu’elle est simultanément une forme de régulation sociale, une stratégie paradoxale d’auto-soin qui permet de rendre continuité à la vie ordinaire face à des moments où l’individu se voit confronté au sentiment de perte de contrôle et à une expérience de crise de la capacité à agir. La thèse montre également les différences d’accent entre une perspective familialiste qui conçoit ce comportement comme le symptôme d’une « famille dysfonctionnelle » (Chili) et une perspective qui le conçoit comme une forme de « passage à l’acte » qui reflète les débordements des « états limites » (France). À partir d’une description des pratiques de soin, elle analyse les logiques culturelles des rituels thérapeutiques et les principales difficultés pour la gestion institutionnelle de l’automutilation. Sur la base d’une perspective comparative de singularisation par contraste, la thèse met en évidence les liens entre les systèmes de représentations collectives, de valeurs et de croyances, et une grammaire de la souffrance qui règle la manière dont les émotions et les diverses formes du mal-être sont exprimées, qualifiées et traitées dans deux sociétés individualistes. Mots-clés : Automutilation, Adolescence, Souffrance, Émotions, Sociologie de la santé et maladie mentale.