A. Vlamos Compte-rendu : M. Dana, I. Savalli--Lestrade (dir.), La cité interconnectée dans le monde gréco- romain (ive siècle a.C.–ive siècle p.C.): Transferts et réseaux institutionnels, religieux et culturels aux époques hellénistique et impériale (Scripta Antiqua 118), Bordeaux, Ausonius (2019) (original) (raw)
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La perspective radiale d'un monde grec, avec un centre égéen et une périphérie principalement coloniale, a été définitivement remise en question par la théorie des réseaux, qui ne cesse de se renouveler 1 . Tout d'abord, il convient de remarquer que la périphérie elle-même se décline en degrés, dans un jeu de miroirs proche/lointain largement influencé par le discours, mais aussi, de manière plus objective, par les contacts multiples 2 . En second lieu, si elle n'apporte pas de réponse à toutes les questions concernant les identités grecques, l'approche en termes de réseaux des rapports entre cités permet néanmoins d'envisager la construction d'une identité à travers le partage des pratiques. L'un des aspects de ces rapports est la mobilité des individus, mais l'on peut également s'interroger sur la façon dont cette mobilité individuelle participe à la création des liens entre cités. Je m'intéresserai précisément à la manière dont les réseaux s'articulent non pas en fonction de grandes lignes partant d'un centre vers les extrémités d'un cercle hypothétique, mais bien autour des destins individuels et de leur croisement avec des événements historiques notables. Par conséquent, je traiterai non pas de déplacements (des populations ou des colons), mais de la circulation des individus, pour des voyages d'études ou pour l'exercice d'un métier. Je proposerai ainsi une clé de lecture de l'histoire méditerranéenne à travers la mobilité de ses acteurs, en l'occurrence de quelques figures intellectuelles du Pont-Euxin : les "spécialistes de l'intelligence", comme les appelle H.-I. Marrou 3 , et les élites éduquées 4 . Entre Athènes, Alexandrie et Rome, centres politiques et centres culturels 5 , s'écrit également l'histoire du Pont.
Le gouvernement pontifical et l'Italie des villes au temps de la théocratie (fin XIIe-mi-XIVe siècle) , 2010
Résumé : La riche histoire de l’interventionnisme des papes théocrates, au spirituel comme au temporel, dans la vie des cités-États italiennes entre la fin du XIIe et le milieu du XIVe siècle est ici abordée par les sources. Quatre dossiers thématiques — « Lutte contre l’Empire et politique italienne », « Papauté, communes urbaines et églises locales », « La papauté et les villes des États pontificaux », enfin « Théocratie, hérésie, Inquisition » — regroupent chacun une sélection de textes latins avec en regard leurs traductions intégrales, précédée d’une introduction et d’une bibliographie spécialisée. Une ample matière historique et linguistique, qui comprend certains textes majeurs pourtant jamais traduits en français, telles les célèbres bulles Vergentis in senium ou Ad extirpanda, est ainsi mise à disposition de la communauté scientifique. Histoire politique et histoire religieuse sont ici indissociables. Conditionnements doctrinaux ou juridiques du pouvoir et techniques de gouvernement apparaissent dans leurs relations avec les pratiques et les sensibilités religieuses, qu’elles soient orthodoxes ou rebelles à la « plénitude de puissance » revendiquée par les pontifes romains.
2019
Le hasard nous a conduit à étudier la céramique d’époque hellénistique de deux cités que rien ne lie : d’abord Érétrie dans le cadre d’une thèse de doctorat sous la direction de Karl Reber et de Susan I. Rotroff, puis Argos en vue de la publication des fouilles conduites par l’École française d’Athènes sur la colline de l’Aspis sous la direction de Gilles Touchais et de Sylvian Fachard. À Érétrie, notre projet consiste en l’établissement d’une nouvelle typologie de la céramique entre le dernier quart du IVe et le milieu du Ier siècle en prenant en compte l’ensemble du mobilier issu de nombreux secteurs de la ville antique fouillés durant plus de cinquante an- nées par l’École suisse d’archéologie en Grèce. À Argos, la céramique mise au jour sur l’Aspis correspond pour l’essentiel à une phase d’occupation de courte durée entre le dernier tiers, voire le dernier quart du IVe siècle et les premières années du IIIe siècle. La présente étude est donc limitée chronologiquement pour les deux villes au début de l’époque hellénistique, soit au dernier quart du IVe et au premier quart du IIIe siècle. Du point de vue de la culture matérielle, l’un des principaux intérêts présenté par Argos et Érétrie est leur rôle, que l’on pourrait qualifier de secondaire, dans la production de céramique : les potiers de ces deux cités répondent en effet à l’essentiel de la demande locale et de fait leurs productions ne connaissent qu’une diffusion limitée à une échelle régionale (l’Eubée centrale pour les ateliers érétriens et la partie orientale du Péloponnèse pour les argiens). Argos et Érétrie tiennent de même une place marginale par rapport a` Athènes et Corinthe, qui sont toutes deux des centres de production importants et des cités dont le mobilier céramique a fait l’objet de nombreux travaux qui leur confèrent un statut de référence pour l’étude de la céramique d’é- poque hellénistique. C’est pour ces raisons que nous qualifions ici Argos et Érétrie de cités de la «périphérie». Ni les Argiens, ni les Érétriens ne considéraient bien entendu que leurs villes te- naient une place d’une quelconque manière «périphérique» par rapport à leurs voisines. Avec nos connaissances acquises à Érétrie, nous pensions retrouver à Argos un répertoire comparable, d’autant que les deux cités sont relativement proches l’une de l’autre : moins de 200 km les séparent par la route ou environ 230 km par voie maritime, soit une très courte distance à l’échelle du bassin méditerranéen et des conquêtes d’Alexandre le Grand. De manière peut-être un peu naïve, nous nous attendions donc à une forme de koiné de la culture matérielle à l’échelle de la Grèce centrale, et ce d’autant plus pour le début de l’époque hellénistique. En effet, de nombreux points communs peuvent être relevés entre les ensembles de céramique des deux cités, notamment dans certaines formes et types de vases communs à Argos et à Érétrie, dans la prédominance des céramiques fines à vernis noir ou encore dans l’adoption de la technique décorative dite West Slope. Les points communs restent cependant plus ténus que les divergences entre leurs répertoires respectifs. En menant une analyse comparative de leurs assemblages de céramique, on s’aperçoit en effet que les potiers ou indirectement les populations des deux villes ont préféré des formes ou des types de vases différents, tant pour la consommation des boissons que pour le service de la nourriture ou la préparation des aliments. Certaines céramiques largement représentées à Argos sont ainsi quasiment absentes à Érétrie à la même période et inversement. La comparaison des deux répertoires conduit ainsi à relever des traits régionaux argiens et érétriens ou plus largement péloponnésiens et eubéens. D’autre part, quelques formes et types de vases sont parfois produits sur une plus longue période dans l’une ou l’autre cité, ce qui trahit une forme de traditionalisme ou de conservatisme, ou du moins un refus des nouveautés apparues sur le marché des cités voisines. Pour mener à bien cet exercice de comparaison entre Argos et Érétrie, nous évaluerons dans un premier temps la part d’importations attiques et corinthiennes pour chaque site et leur impact sur la production locale. Les différences notables entre les répertoires argien et érétrien seront ensuite relevées en regard des assemblages d’Athènes et de Corinthe. Les formes ou les types de vases qui trahissent des phénomènes de régionalisme et/ou de conservatisme seront finalement mis en lumière. Faute de place, toutes les formes et tous les types de vases ne pourront pas être présentés pour chaque cité et nous limiterons donc notre propos aux exemples les plus caractéristiques.