Le Tombeau d’Œdipe. Pour une tragédie sans tragique (original) (raw)

Pour une tragédie proprement « tragique »

TRÁGICA: Estudos de Filosofia da Imanência

Pour une tragédie sans tragique, Éd. de Minuit, 2012. Nous renvoyons la plupart du temps à la pagination de cette édition directement dans le texte. 2 Marx, op.cit., p. 62 et 83. Je souligne.

L’Œdipe de Lacan

Figures de la psychanalyse, 2015

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A l’ombre de quel Tombeau écrire ?

Sens public, 2008

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"Œdipe. La connaissance de soi, incertaine et inutile", publié dans le livret d'accompagnement de l'opéra de George Enesco, sur un livret d'Edmond Fleg. Opéra de Paris, septembre 2021

2021

OEdipe, ou l'incertaine et inutile connaissance de soi L'opéra de Georges Enesco, sur un livret d'Edmond Fleg, reprend les principaux éléments de mythe d'OEdipe ; il est pour l'essentiel fidèle à ce qu'en dit Sophocle dans les deux pièces qu'il consacre à la légende (OEdipe Roi et OEdipe à Colone), même s'il s'en écarte en quelques menus points, sauf l'un sur lequel nous reviendrons. Rares sont les histoires qui ont marqué autant notre civilisation. Son ancienneté n'épuise en rien son pouvoir de fascination, qui s'est accru, au contraire, à l'époque moderne, comme en témoignent les multiples reprises, transpositions, interprétations dont elle a fait l'objet : outre la lecture freudienne dans l'Interprétation des rêves qui inaugure le XXe siècle, les décennies qui suivirent comptent de nombreuses adaptations pour la scène lyrique, par Cocteau et Stravinsky, par Thierry Maulnier et Honegger, par Hölderlin et Carl Off, sans oublier les versions de Gide, de Pasolini et d'Anouilh pour le théâtre. Le drame lyrique conçu par Enesco et Fleg s'inscrit dans cette tradition de fidèles réinventions qui s'inspirent du grand tragique grec. Le personnage d'OEdipe fascine moins par ce qu'il accomplit-parricide et inceste-que par le long processus par lequel il se découvre l'auteur de ces crimes. Voilà quelqu'un qui commet en toute lucidité des actions dont il ne saisit la portée attentatoire aux fondements même de l'ordre social que bien des années plus tard. L'histoire est essentiellement celle de cette découverte : l'intrigue ne combine guère des événements nouveaux-tout est déjà principalement joué-mais relie en revanche les étapes d'une double reconnaissance, celle de ce qu'OEdipe a fait et celle de ce qu'il est. Or cette reconnaissance coïncide avec le malheur : elle accable OEdipe, le soustrait au monde et à sa vue. Loin de le libérer, elle l'enferme en l'identifiant à ce qu'il honnit le plus. Toutefois, et c'est ce qui fait l'intérêt de l'histoire, il n'y a pas de dévoilement soudain de ce qui serait demeuré jusqu'alors intégralement caché : Oedipe savait déjà ce qu'il apprend maintenant. Il avait une connaissance partielle, oblique, équivoque sans doute, tant de ses origines que de son destin. Entre temps, les actions et les événements qui se sont produits ont interprété les oracles et fixé le sens des prédictions. L'anamnèse qu'opère OEdipe tout le long du drame est une actualisation du souvenir à la lumière de ce qui s'est écoulé depuis son enfance. OEdipe savait deux choses à son propre sujet, sans vraiment les savoir. D'abord, qu'il n'est pas le fils de ses parents officiels ; c'est ce que, chez Sophocle, lui apprit perfidement un membre de la cour de Corinthe lors d'un banquet; en dépit des dénégations de ses parents d'adoption, son inquiétude le conduisit à interroger l'oracle de Delphes, qui refusa de le recevoir, mais lui fit dire qu'il tuera son père et couchera avec sa mère. Apollon s'est donc tu sur les origines d'OEdipe, ne confirmant ni n'infirmant la remarque venimeuse du courtisan, cependant qu'il s'est montré plus disert sur son avenir. Et ce second enseignement en vint à occulter partiellement le premier : obnubilé

Un mendiant pour les uns, un allié pour les autres. Mendicité, supplication et hospitalité dans l’Œdipe à Colone de Sophocle

E. Helmer, Mendiants et mendicité en Grèce ancienne, éd. Garnier, Kainon, Anthropologie de la pensée ancienne, 2020

Résumé : Le mendiant est un personnage omniprésent chez les poètes tragiques, en particulier chez Euripide qui l’introduit très tôt et avec beaucoup d’accessoires, de haillons et d’ustensiles dérisoires. A-t-il pour autant posé les normes de la représentation théâtrale de ce personnage ? Il n’en est rien, comme le montre le cas de Sophocle qui, dans l’Œdipe à Colone, son unique pièce à mendiant, renouvelle en profondeur les moyens de convoquer sur scène la mendicité : aux accessoires théâtraux, il substitue la parole poétique et la scénographie verbale. Mais d’Euripide à Sophocle, la représentation du mendiant ne fait-elle que changer de moyens, sans rien impliquer de neuf quant à la vision qui en est proposée ? Loin d’être seulement technique, la transformation que Sophocle fait subir à la représentation du mendiant engage le sens qu’il donne à ce personnage et à sa condition. La mendicité est désormais liée à l’hospitalité, thème central des tragédies de l’accueil. Pourtant, s’il politise le motif de l’errance, Sophocle n’exploite pas la contiguïté thématique entre le vocabulaire de la quête et celui de la supplication. Le motif de la mendicité a donc une autre fonction. Ces évocations de la vie clocharde d’Œdipe et Antigone sont toujours insérées dans des passages qui veulent susciter la pitié, et sont le plus souvent développées par leurs adversaires dans un but rhétorique précis. Au contraire, dans les propos de Thésée, Œdipe n’est jamais assimilé à un mendiant, mais au contraire à un hôte. Pourquoi quête et aumône sont-elles complètement évacuées du discours athénien ? Œdipe est soumis au principe de réciprocité qui, en échange de la dernière demeure qui lui est offerte sur le sol de Colone, donne le pouvoir propitiatoire de son pauvre « corps » (δέμας, 576) meurtri, un « cadeau qui n’est pas fier à voir » (δῶρον οὐ σπουδαῖον εἰς ὄψιν, 577) mais dont « le bénéfice est bien supérieur à une belle apparence » (κέρδη παρ’αὐτοῦ κρείσσον’ἢ μορφὴ καλή, 578). Celui qui n’était qu’un mendiant importun, devient pour Athènes un hôte bienfaiteur, dont les prodigalités ne sont réservées qu’à la cité qui accepte de l’accueillir.

L’errance d’Oedipe aujourd’hui

Filigrane: Écoutes psychothérapiques, 2010

Dans la clinique psychiatrique contemporaine, à l’ère du DSM IV et des guides de pratique, la référence à l’Oedipe et à l’étiologie psycho-sexuelle des symptômes névrotiques a été complètement abandonnée. Plusieurs courants psychanalytiques ont aussi perdu le tranchant de cette articulation centrale, essentielle à la démarcation entre névrose et psychose. À partir d’une relecture d’Oedipe à Colone, l’auteur tente ici un parallèle entre le destin malheureux des fils d’Oedipe dans la tragédie, Étéocle et Polynice, et celui de deux héritiers de Freud, Lacan et Reich, qui ont tous deux placé le sexuel au coeur de la science psychanalytique. Lacan a cerné le sexuel comme vecteur d’inscription du réel dans le processus de structuration symbolique du sujet ; il fut « excommunié » et encore maintenant sa contribution demeure largement incomprise et méconnue. Reich a prétendu que la résolution des symptômes névrotiques devait passer par le travail sur la cuirasse corporelle et même conduire ...

L’adolescence et l’échec d’Œdipe

Adolescence, 2016

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Petits riens sophocléens : Œdipe Roi

Je trouve sous la plume de l'ami P.J. Finglass, auteur d'un récent commentaire substantiel à l'OEdipe Roi (Cambridge 2018), cette phrase très frappante (p. 94) : « after more than two thousand years of scholarship the study of Sophocles' text is still in its infancy, and we may hope for more progress over the centuries to come ». L'apport des critiques des siècles à venir, si l'on peut porter aussi loin un regard divinateur, sera-t-il commensurable à la contribution colossale de tous leurs illustres prédécesseurs ? Je me risque à en douter. Il est à craindre que les antiquisants de demain aient encore moins d'appétence pour la critique verbale que ceux d'aujourd'hui. On peut même nourrir des appréhensions quant à leur connaissance du grec ancien, quand on voit (par exemple) qu'aujourd'hui Finglass croit devoir traduire chaque vers ou morceau de vers de l'OEdipe Roi avant de le commenter. Et nous sommes au Royaume-Uni, aux presses universitaires de Cambridge : que sera-ce sous des cieux moins propices à l'étude du « langage sonore aux douceurs souveraines, | le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines » (André Chénier) ? Je gage, pour ne rien dire des passages bien transmis mais d'exégèse délicate 1 , 1 Voir le premier passage étudié ci-dessous : c'est un cas d'école.