Une forêt de signes ou l’interspécificité de la narration chez les Kasua de Nouvelle-Guinée (original) (raw)

Les moyens anaphoriques du récit traditionnel : le cas du mwan

Beaucoup de langues africaines possèdent des registres spéciaux qui sont utilisés dans les récits traditionnels et qui utilisent des « constructions narratives » particulières. C'est typique pour les langues de l'Afrique de l'Ouest [Carlson 1992], pour les langues nilotiques [König 1993], afro-asiatiques [Jaggar 2006], et pour les langues bantou [Nurse 2008]. L'article traite d'une des particularités de récit traditionnel mwan (< Mande Sud < Mande < Niger-Congo) : les stratégies pour éliminer le conflit référentiel et les moyens d'y parvenir. Seront étudiés les moyens anaphoriques qui encodent le groupe nominal (GN) à références répétées selon les propriétés du référent dans le discours spécifique. L'ANAPHORE est l'un des moyens principaux servant à maintenir la référence dans le texte, elle marque l'identité (ou la non-identité) du référent donné à un autre référent mentionné précédemment [Kibrik 1988b, 1]. C'est le principal moyen de référence répétée dans une proposition séparée ou dans le texte entier. Je ne reviendrai pas sur l'anaphore syntaxique, qui est présente dans la situation où les pronoms anaphoriques sont obligatoires et sont strictement contrôlés par l'antécédent. Voici un exemple d'anaphore syntaxique en mwan : (1) {Nɛ̀ mū } i sɔ̄ ò i nɛ̄ ɛ̄ ni ̄. enfant Pl être.aimé.Hab 3.Pl mère Dat 'La mère aime ses enfants'. Je vais me concentrer uniquement sur les moyens de marquage anaphorique du GN qui est rementionné. La discussion portera sur les moyens de résoudre le conflit de référence ; sera ici postulé que la nomination anaphorique (non-syntaxique) est déterminée par le centre d'attention du locuteur [Wheeles et Grotz 1977]. Selon cette approche, à chaque point du discours l'attention du locuteur est dirigée vers plusieurs

La traversée des signes : roman africain et renouvellement du discours

Revue de l’Université de Moncton, 2006

Résumé La présente réflexion se propose d’interroger les différentes tendances et innovations qui s’observent dans le roman africain francophone, d’analyser leurs modes d’émergence ainsi que leurs stratégies de déploiement. Elle porte un regard à la fois diachronique et synchronique sur la forme et la langue des oeuvres, les rapports que celles-ci entretiennent aux lieux de production et aux instances de légitimation que sont les revues et les maisons d’édition. Ainsi, le paradigme de la traversée qui est au centre de l’analyse est un tout qui cumule des éléments physiques de la traversée géographique (le voyage des auteurs et la valeur symbolique de leurs expériences) et des éléments intertextuels de la traversée des imaginaires (lectures et différents contacts avec les milieux culturels de plus en plus variés).

Cas d’interférences et traces d’oralité dans « Contes et mythes du Sénégal »

This paper aims to investigate the features of the French language spoken in Senegal. In particular, the analysis focuses on the phenomenon of interference, which occurs when the language of the colonizer (the official language) is influenced by the African languages spoken in Senegal (national languages). Data are drawn from an anthology of 21 tales and 5 myths published in 2007 and transcribed from oral tradition. For this reason, attention will also be paid to the features of orality. The results of the analysis show that both these phenomena – interference and orality – can be identified in onomatopoeia and interjection, proverbs, opening and closing formulas and tense system.

Un récit venu d’ailleurs : comparaison entre la scène de messager des tragédies de Sénèque et l’ai-kyōgen des nō de Zeami

Mètis, 2022

Résumé: Le récit de messager et le récit de l’acteur kyôgen partagent plusieurs caractéristiques formelles. Dans les deux cas un personnage venu de l’extérieur répond aux demandes de personnages en scène en produisant un récit autonome sans musique. Malgré les différences de la fonction de ce récit – donner des explications dans le nô, faire progresser l’action dans la tragédie romaine – on retrouve des caractéristiques communes : ordre, détail, exhaustivité. Autre point commun : l’usage fréquent de ce scène comme transition entre un « avant » et un « après ». Le messager et l’acteur du kyôgen installent une logique opposée à celle du protagoniste : non masqués, non chantants, non dansants, ils jouent le rôle d’un anti-protagoniste, et constituent son complément nécessaire pour l’équilibre spectaculaire de la pièce. Abstract: The messenger scene in Seneca’s tragedies and the kyōgen scene in Zeami’s fantastic noh share important similarities. In both cases, a narrator coming from the outside answers the questions asked by someone on the stage and, without any musical accompaniment, utters an autonomous narrative. Despite of the difference of their theatrical function – the kyōgen scene is an additional explanation, the messenger scene is part of the plot – we find similarities: order, details, completeness. Furthermore, in both cases this narrative creates a transition in the play between a « before » and an « after ». The messenger and the actor of kyōgen are both the opposite of the protagonist: not singing, not dancing they are its necessary complement in the frame of the overall show.

Le contage de récits comme expérience socioculturelle

1997

Lebrun, M., Gagnon, M. (1997). Le contage de récits comme expérience socioculturelle. Dans M. Hardy, Y Bouchard et G. Fortier L'école et les changements sociaux. Actes du Colloque international de l'Association internationale des sociologues de langue française, Montréal, 20, 21 et 22 septembre 1994, Montréal: Logiques, pp 375-392. Monique Lebrun et Martin Gagnon, Université du Québec à Montréal

Le Duςa:ʔ comme genre discursif particulier : les caractéristiques formelles

Le duςa:ʔ est un genre discursif ancré dans la culture arabo-musulmane et caractérisé par de fortes contraintes formelles, sémantiques et pragmatiques. Il couvre les différents aspects de la vie des locuteurs et touche aux différents niveaux de langue, aussi bien l’arabe standard que les différents dialectes dans les pays arabes. Nous allons voir que ce genre discursif porte sa définition dans sa forme puisqu’il offre un « moule » qui structure la totalité de l’énoncé et assure la cohésion entre ses composantes. Les énoncés prototypiques du duςa:ʔ sont hérités du prophète Muħammad : il s’agit s’un discours où le locuteur s’adresse à Dieu, le glorifie et lui demande de réaliser un vœu (du bien pour soi ou pour les sien, du mal pour l’ennemi. Toute production discursive doit obligatoirement répondre à un certain nombre d’exigences formelles et thématiques, et de contraintes d’emplois. D’où le caractère relativement figé de ce genre discursif.

L’étrangeté narrative dans Autoportrait en vert et Kowli kenar-e Atash (La Gitane auprès du feu)

2019

Le but de cet article est d’explorer, a travers l’analyse de deux romans, Kowli kenar-e Atash (Le Gitan aupres du feu) de Monirou Ravanipour et Autoportrait en vert de Marie NDiaye, les differentes strategies narratives utilisees par les auteurs qui font naitre un sentiment inquietant et etrange chez le lecteur. Du point de vue theorique cet article s’inscrit dans un cadre de reflexion comparee en se basant sur la theorie de Tzvetan Todorov concernant le fantastique etrange, theorie qui nous permet de savoir dans la lecture d’un texte quel genre de structure narrative peut nous donner une impression d’etrangete et d’inquietude. Bien que Marie Ndiaye et Monirou Ravanipour s’expriment sous des formes creatrices et esthetiques specifiques nourries de leur propre culture un rapprochement de leurs ouvrages semble plausible: nous avons tente de montrer comment ces deux auteures, venant de differentes cultures, concoivent la place de l’etrangete dans l’ecriture de leur roman et quelle repr...

Rôles variés des récits dans la construction narrative de l’identité religieuse

2017

L’identite individuelle ou de groupe est narrative. Seul le recit peut etablir une continuite au-dela des discontinuites biographiques resultant de transformations de soi eprouvees subjectivement ou observees par les autres, telles des changements de statut social, d’apparence, etc. Le recit de soi joue donc un role central dans la construction identitaire. Pour ce faire, il peut s’appuyer sur divers types de recits a disposition dans l’environnement culturel. A la presentation de cette typologie s’ajoute une analyse des divers roles joues par ces recits. Les traditions religieuses constituent des reservoirs privilegies de recits vehiculant des reperes identitaires et des modeles auxquels s’identifier.

« Narrations d'Anima. Un récit non naturel ? »

Claire Badiou-Monferran et Laurence Denooz, éds, Langues d’Anima. Écriture et histoire contemporaine dans l’œuvre de Wajdi Mouawad, 2016

Cet article se présente à la fois comme une étude des modes de narration dans Anima inspirée par les travaux de la « narratologie non naturelle » contemporaine et comme une tentative pour réévaluer certains aspects de la narratologie non naturelle à la lumière de l'étude du roman de Mouawad. Elle se concentre sur le problème que peut poser la notion de naturalisation, entendue comme une modalité ou une stratégie de lecture, lorsqu'on entreprend de l'appliquer au roman de Mouawad. Après une introduction consacrée à une présentation d'ensemble de la narratologie non naturelle, la première section s'intéresse aux éléments non naturels ou considérés comme tels par les narratologues non naturels dans les trois premières parties d'Anima. J'y évoque successivement : les narrateurs, la situation de narration, la consistance épistémique et d'autres éléments non naturels aux niveaux macrotextuel et microtextuel. À la fin de cette section, je critique l'amalgame opéré par certains narratologues non naturels entre les éléments fictionnels à proprement parler et des éléments qui ne sont que la conséquence de l'emploi de certaines techniques narratives, voire de certaine habitudes de langage créées par la théorie. La deuxième section traite de la naturalisation fictionnelle qui s'opère dans la quatrième partie du roman, les trois premières parties se révélant être une faction (« [l]ivre de fiction qui raconte les faits »), écrite par le personnage principal du roman. Elle conduit à reconsidérer les trois premières parties et à réévaluer la façon dont elles ont été actualisées, réévaluation qui porte précisément sur les éléments non naturels précédemment listés, ou du moins sur certains d'entre eux : les narrateurs, la situation de narration, les récits ou les autres modes de présentation des pensées, les passages de dialogue. La troisième section s'interroge sur les conséquences de cette naturalisation fictionnelle sur la deuxième lecture qu'on peut faire du roman. Contre l'hypothèse selon laquelle il serait nécessaire de modifier la logique de la première lecture dans la deuxième lecture qu'on peut faire roman et de pratiquer d'emblée une lecture naturalisante des éléments non naturels présents dans les trois premières parties, je m'appuie sur des considérations d'ordre émotionnel pour affirmer la possibilité et peut-être même la nécessité d'une deuxième lecture non naturalisante des trois premières parties, c'est-à-dire une lecture opposée à celle qui est programmée par la quatrième partie du roman.